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6 juin 2013 4 06 /06 /juin /2013 12:40
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4 juin 2013 2 04 /06 /juin /2013 13:02

Alors que les socialistes seront consultés jeudi sur l'orientation européenne de leur parti, la sénatrice socialiste de Paris et animatrice de l’aile gauche du parti, Marie-Noëlle Lienemann, veut faire de cette consultation sur l’Europe un « rapport de forces culturel ».

lienemann-toulouseÀ quoi va servir, selon vous, 
ce rendez-vous sur l’Europe donné aux militants socialistes 
le 16 juin ?

Marie-Noëlle Lienemann. Cette convention a trois fonctions, la première, c’est de savoir si le PS français va pleinement jouer son rôle en Europe, après avoir gagné les élections sur un contenu, 
la réorientation de l’Europe. 
La deuxième, c’est la perspective 
des élections européennes pour laquelle les Français attendent autre chose qu’une politique des petits pas, d’une Europe rêvée qui n’arrive pas. Ils attendent une stratégie en actes, pas seulement que le chef de l’État explique que ce n’est pas la Commission qui décide en France. Enfin, d’ici ces élections, il reste un an, un an à haut risque pour l’Union européenne, entre pacte de stabilité, monnaie et négociations du traité transatlantique. On voit bien 
que les États-Unis et le Japon ont une stratégie monétaire qui fait que, si l’euro ne bouge pas, il sera le dindon de la farce. Il y a de petites fenêtres dans les traités européens qui permettent des marges de manœuvre monétaire, elles n’ont jamais été utilisées. Nous appelons donc les parlementaires européens à ne pas ratifier le budget européen qui, pour la première fois de l’histoire de l’Union européenne, est en baisse. La suspension du pacte de stabilité que nous demandons est une manière de rouvrir le débat sur le pilotage macroéconomique et sur un gouvernement économique européen, vieille demande socialiste, à condition de dire à quoi il sert.

On sent cette consultation 
des militants socialistes volontairement désincarnée, avec un seul texte
à prendre ou à laisser…

Marie-Noëlle Lienemann. Manifestement, tout est fait pour la banaliser 
car la direction du parti est lucide 
sur le décalage entre la base 
de gauche et leur position sur l’Europe. Davantage sur cette question que sur d’autres, 
l’aile gauche incarne, je pense, 
une attente large. Ce n’est pas
tant pour se compter que 
pour créer un rapport de 
forces culturel qu’il nous paraît important que les socialistes sortent de cette convention en phase avec leur électorat. L’Europe est historiquement au PS un marqueur prononcé entre militants et dirigeants.

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4 juin 2013 2 04 /06 /juin /2013 12:46

20minutes.fr - 03/06/2013 à 19h39

POLITIQUE – Le courant Maintenant la gauche a déposé quatre amendements…

article_maurel.JPGIl n’y a pas que les adhérents de l’UMP qui votent cette semaine. Jeudi, les militants du PS sont invités à voter pour ou contre un texte de leur parti sur l’Europe, «Notre Europe», qui doit servir de support à une Convention thématique sur le sujet le 16 juin.

Ce vote se prépare dans une indifférence générale. Pourtant, l’élaboration de ce pensum avait été marquée par des tensions entre le parti et le gouvernement qui jugeait les attaques contre l’Allemagne irrecevables. Du coup, les hiérarques du PS sont arrivés à un compromis qui ne satisfait pas la gauche du PS, un parti toujours divisé sur l’orientation de l’Union européenne (UE).

Hollande, socialiste ou social-démocrate ?

«Nous avions souhaité soumettre un texte alternatif mais la direction nous l’a refusé. Notre objectif est de politiser cette convention», explique Emmanuel Maurel dont le courant «Maintenant la gauche» a déposé 4 amendements: «la suspension du pacte de stabilité», la transformation de la BCE, le «refus du Traité transatlantique» et quelques lignes sur la coopération entre les pays européens.

La gauche du PS soupçonne à demi-mots la direction du PS, très silencieuse sur ce scrutin,  de redouter le vote-sanction de militants «inquiets, parfois désemparés» face à la politique de François Hollande. Alors qu’il s’est décrit comme «un président socialiste» lors de sa dernière conférence de presse, le 16 mai, le chef de l’Etat a ensuite prononcé un discours élogieux en Allemagne sur Gerhard Schröder, l’ancien chancelier social-démocrate très libéral, lors du grand raout de son parti, le 24 mai.

L’art de la diplomatie

De quoi déboussoler un peu plus les socialistes. «Notre époque n’a pas besoin de comptables mais d’hommes politiques visionnaires (…) Au niveau européen, François Hollande a commencé à mettre un pied dans la porte mais cela ne veut pas dire qu’elle est ouverte. Notre rôle est de l’aider à pousser», poursuit Emmanuel Maurel, candidat malheureux au poste de Premier secrétaire à l’automne.

«Le PS a la responsabilité de faire bouger la social-démocratie en Europe. Il est temps de sortir du dogme rémanent du pacte de stabilité», théorise Marie-Noëlle Lienemann qui estime que les événements donnent raison aux partisans d’une réorientation de l’Europe «prospère mais qui est devenue l’Europe austère». La sénatrice PS cite le gouvernement économique européen évoqué par Hollande ou encore les critiques du chef de l’Etat vis-à-vis de la commission.

Reste que l’Europe est toujours un sujet très épineux pour le PS qui s’était déchiré lors du référendum de 2005 . Le partisants de Nouveau monde, le courant de Benoît Hamon, ministre délégué à l'économie sociale et solidaire, ont déposé le même amendement que «Maintenant la gauche» sur le pacte de stabilité. Sauf que le mot «suspension» a été remplacé par le terme «adaptation». De l’art de la diplomatie d’un parti au pouvoir.

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4 juin 2013 2 04 /06 /juin /2013 11:00

Fanny_AG_28-05-2013.jpgUne cinquantaine de militants socialistes du Val d’Oise avait répondu présent mardi 28 mai à Taverny pour débattre autour du texte « Notre Europe » présenté par la direction du PS au vote des sections jeudi 6 juin, mais aussi des amendements déposés au niveau national qui seront également soumis au vote militant ce jeudi. Rachid Temal a présenté le processus de la convention nationale Europe et insisté sur l’idée que le texte qui en sera issu servira au PS pour les discussions au sein du PSE en vue d’un programme commun pour les élections européennes de 2014. La possibilité de déposer des amendements complémentaires en section qui seront le cas échéant aussi votés le 6 juin a été rappelée.

Leo_AG_28-05-2013.jpgAprès une présentation par Marie-France Fari, secrétaire fédérale à l’Europe, du texte et des amendements, c’est l’animateur fédéral du MJS 95, Léo Moreau, qui est revenu sur les grandes lignes de la résolution « Une nouvelle Europe pour de nouveaux combats » adoptée par les Jeunes socialistes pour contribuer à la réflexion collective de cette convention.

A noter également une contribution fédérale du PS 95 souhaitée par le premier secrétaire fédéral et préparée en commun par Sébastien Zriem, Marie-France Fari, Abdelkader Slifi et Adélaïde Piazzi pour Maintenant la gauche. Ce texte reprend surtout quelques positions politiques fortes comme la nécessité d’un budget de l’UE atteignant 5% du PIB européen, des euro-obligations ou encore la nécessité d’un Traité social incluant un SMIC européen.

La tonalité générale des interventions entrait en résonnance avec les défis immenses qui attendent les socialistes européens, plusieurs militants et responsables fédéraux de la motion 1 déplorant le manque d’ambition du texte qui acte souvent un constat juste sans donner en l’état de réelles perspectives concrètes au PS pour en tirer les conséquences politiques. Florence Augier est intervenue au nom de la motion 4 pour défendre notamment l’amendement 6 contre le dumping social dans l’UE.

Adelaide_AG_28-05-2013.jpgParmi de nombreuses prises de parole intéressantes et argumentées, les militants de la motion 3 se sont largement exprimés lors de cette Assemblée générale pour défendre les amendements déposés au niveau national par le courant seul ou avec Un monde d’avance. Fanny Boyer a pu dans ce cadre resituer les enjeux de la Convention "Notre Europe" et insister sur la nécessité de dépasser les imprécisions du texte de la direction du PS pour porter des orientations claires, avant le congrès du PSE et les élections européennes de juin 2014.

Seb_F_AG_28-05-2013.jpgAdélaïde Piazzi s’est exprimée en faveur de l’amendement 4 pour la suspension du pacte de stabilité qui n’est déjà plus respecté afin de le renégocier dans un sens qui fasse passer la priorité à l’emploi et à la croissance avant la sacro-sainte réduction des déficits. Sébastien Fontagneu a défendu l’amendement 8 pour une nouvelle politique de l’euro qui redonne aux instances démocratiques le contrôle de la politique monétaire menée par la BCE. Seb_L_AG_20-05-2013.jpgSébastien Lombard a pour sa part mis en avant l’amendement 10 qui porte la nécessité de refuser un accord de libre-échange déséquilibré avec les Etats-Unis pour privilégier d’autres voies de coopération. Enfin Jérôme Haine a insisté sur l’importance de l’amendement 13 récapitulatif pour faire correspondre aux paroles des socialistes appelant à réorienter l’Europe des actes politiques ambitieux.

Jerome_AG_28-05-2013.jpgLe jeudi 6 juin dans nos sections de 17h à 22h, pour un sursaut en Europe votons les amendements 4 – 8 – 10 – 13 !

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28 mai 2013 2 28 /05 /mai /2013 15:22

combat socialistearticle publié dans Combat Socialiste n°3 - mai 2013

Hervé Le Bras et Emmanuel Todd, Le Mystère français, Seuil, La République des idées, 2013

Plus de 30 ans après leur ouvrage commun, L’Invention de la France, Emmanuel Todd et Hervé Le Bras reviennent pour cosigner un livre visant à répondre aux interrogations suscitées par la situation paradoxale que présente la France d’aujourd’hui : décrite comme rongée par le pessimisme, en proie à de mauvais indicateurs économiques (croissance en berne, explosion du chômage), d’autres indicateurs montrent pourtant que le pays pourtant ne va pas si mal.

La population française bénéficie d’un haut niveau éducatif général, d’une forte espérance de vie, de l’un des taux de natalité les plus élevés en Europe (malgré la démocratisation des moyens de contraception), mais aussi un taux de suicide en baisse dans quasiment toutes les classes d’âges !

Todd et Le Bras se proposent de réaliser une approche matérialiste du territoire national en croisant des données peu souvent exploitées : pratiques religieuses, types d’habitat, traditions familiales, tout y passe ! Les 120 cartes et 14 tableaux abondamment commentés font l’analyse du changement social perçu depuis ces 30 dernières années sous l’effet de la mondialisation, et qui s’est manifesté par l’émancipation des femmes, les migrations, la crise industrielle…
Tout cela en lien avec des déterminants anthropologiques et religieux très anciens, que l’on croyait perdus mais en réalité toujours d’actualité.

On retrouve au final l’habituelle opposition entre la France de la Révolution de 1789 et une France périphérique dont on identifie les valeurs catholiques organisatrices en tant que puissance sociale, à défaut d’une pratique religieuse ; c’est ce qu’ils nomment le « catholicisme-zombie » ! Mais contrairement aux tendances observées depuis le XIXe siècle, c’est la France chrétienne qui s’en sort le mieux cette fois. Plus grande surprise encore, dans un pays qui se « droitise », cette France vote à gauche ! Et François Hollande a gagné l’élection présidentielle, notamment parce que les territoires historiquement catholiques ont voté pour lui en mai 2012.

La droitisation de la société est due, certes, à un vieillissement de la population, mais aussi à l’inversion de la pyramide éducative, qui se manifeste par une peur du déclin au sein de la tranche de la population moyennement éduquée.

axel_calvet.jpgAinsi, le Front national capte les voix contestataires d’une population attachée à l’égalité, et peu sensible aux vieilles antiennes sécuritaires et anti-immigration.

Mais le FN est coincé entre deux discours contradictoires, ce qui laisse à penser que Marine Le Pen a atteint un plafond de verre, les deux acteurs arguant que « le phénomène FN est navrant mais nullement terrifiant, puisque clairement limité dans sa capacité d’expansion ».

En conclusion et en écho à l’article de Rémy Hautin du mois dernier, Todd et Le Bras affirment que c’est finalement de la radicalisation de la droite classique qu’il faut le plus s’inquiéter.

Axel CALVET

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28 mai 2013 2 28 /05 /mai /2013 15:08

combat socialistecet article a été publié dans Combat Socialiste n°3 - mai 2013

En cas de crise, on a tendance à se replier sur soi-même. Depuis la crise financière de 2008, rares se font les élections en Europe où l’extrême droite ne fasse pas un score exceptionnellement élevé. La Grande-Bretagne n’échappe pas à la règle. Parallèlement, la crise a renforcé les indépendantistes. En mai 2011, le Scottish National Party gagne le contrôle du Parlement écossais, et organise pour mai 2014 un référendum concernant l’indépendance de l’Ecosse.

jerome haineLa stratégie Cameron

La montée du certes social-démocrate SNP est symptomatique d’une volonté de se détacher d’un grand ensemble pour se replier sur une plus petite identité.

En janvier 2013, David Cameron surprend en proposant un référendum sur le maintien de la Grande- Bretagne dans l’UE. Il se montre ainsi sensible aux préoccupations indépendantistes, tout en déplaçant le curseur sur d’autres enjeux. Mis en difficulté lors d’une élection interne du Conservative Party, Cameron lâche également du lest aux eurosceptiques. Il crée cependant un monstre qui lui échappe.

Il néglige l’UKIP car son score aux General Elections de 2010 a été très faible : 3,71%. La priorité de Cameron ce sont les Liberal Democrats. Ce parti, anciennement de centre-gauche, a fait un carton aux GE de 2010. Son score fut très élevé : 23 %, contre 29 % pour le Labour, 36% pour les Conservatives. Nick Clegg, chef des LibDem, annonce alors que lui et son parti participeront à une coalition dirigée par David Cameron. Il fait inscrire dans l’accord de coalition un engagement «fort et positif» envers l’Europe. Au fur et à mesure de la coalition, les LibDems sont obligés de revenir sur des promesses phares.

Des élections locales en signal d’alarme Le 3 mai dernier se sont tenues les élections locales, un système qui correspond à peu près à nos élections régionales. La percée de l’UKIP est incontestable. Le parti de droite radicale totalise 23% des voix (derrière les Conservatives avec 25% et le Labour avec 29%), et gagne des sièges dans des bastions conservateurs, comme le Kent et Norfolk. La ligne anti-européenne a séduit.

Pas tout à fait une défaite pour les Conservateurs. Car s’ils sortent fragilisés sur le plan national par une austérité budgétaire drastique, perdant certes des voix, les vrais perdants sont les LibDems.

Un exemple dans le South Shields, où le LibDem totalise... 1,41% des voix. Le Labour ne gagne pas de voix. Les électeurs LibDems se sont soit reportés sur le parti d’extrême-droite par recherche d’une alternative au combat Labour/Conservative, soit il s’agit d’un glissement de terrain, les LibDems votant Conservative, et certains Conservatives votant UKIP.

En France ?

Dans le rôle du président élu par la gauche qui doit encore concrétiser le changement : François Hollande. La tentation d’une alliance avec le centre renforcera l’extrême droite. La coalition a été présentée par Clegg comme une «union nationale face à la crise». Le Royaume-Uni nous montre que c’est une chimère. Il est indispensable de rassembler la gauche si nous souhaitons garder le pouvoir, au niveau national et local. L’UKIP n’est pas le FN mais les deux partis se rapprochent. La dédiabolisation du FN le rend compatible avec un parti qui se définit contre l’immigration mais antiraciste, leur anti-européanisme commun permet à Le Pen de saluer la victoire de l’UKIP et d’en parler comme d’un parti «ami».

La victoire de l’UKIP n’est qu’un signal d’alarme de plus. L’austérité-rigueur est le terreau de l’extrême droite. Ne décevons pas nos électeurs, appliquons la politique de gauche pour laquelle nous avons été élus. Ce terrain que nous leur cédons, nous ne le récupérerons pas rapidement.

Jérôme Haine

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27 mai 2013 1 27 /05 /mai /2013 07:52

PHO95a87728-c3ca-11e2-a03c-0cf843a57792-805x453.jpgLe «bras d'honneur» du président à l'aile gauche du PS

Le Figaro - 23 mai 2013 - Anne Rovan

François Hollande, en rendant hommage aux «réformes courageuses» de l'ex-chancelier allemand Gerhard Schröder, est accusé par l'aile gauche du PS, d'une dérive social-démocrate [social-libérale : NDB].

S'il avait voulu tendre un peu plus ses relations avec l'aile gauche du PS, François Hollande ne s'y serait pas pris autrement. En vantant, jeudi, les «choix courageux pour préserver l'emploi» de l'ex-chancelier allemand Gerhard Schröder, en martelant que «rien de solide ne se bâtit en ignorant le réel», le président a fait depuis Leipzig un beau «bras d'honneur» à toute une frange du PS, à quelques jours du vote des militants en vue de la convention du PS sur l'Europe.

Le président ne croyait pas si bien dire lorsqu'il a évoqué les «controverses» que «peuvent faire surgir» des réformes telles que celles menées par l'ancien chancelier allemand. Car ses positions ont mis en ébullition les membres de l'aile gauche du PS, l'aile la plus agitée de la Rue de Solferino. Et sans aucun doute aussi les ministres Arnaud Montebourg et Benoît Hamon.

Pour eux, les réformes allemandes sont un épouvantail qui ne peut en aucun cas être ou devenir un modèle pour la France. Certes, l'Allemagne a désormais des finances publiques saines, mais à quel prix, disent-ils. «Schröder, c'est l'explosion de la précarité, c'est la multiplication des mini-jobs sous-payés et ce sont des réformes qui n'ont pas été couronnées de succès d'un point de vue électoral», s'énerve le vice-président de la région Ile-de-France, Emmanuel Maurel, un des chefs de fil de l'aile gauche du PS. Il ajoute : «En faisant l'éloge des réformes allemandes, François Hollande fait un bras d'honneur à de nombreux socialistes. De mémoire, son discours du Bourget n'était pas une apologie du schröderisme. Il parlait alors d'un socialisme fidèle à ses valeurs. Là, on n'y est plus.» «J'ai bien vu les déclarations de l'ex-camarade Hollande. C'est consternant», réagit, entre colère et ironie, la sénatrice de Paris Marie-Noëlle Lienemann.

Alors que Hollande assure être «socialiste» et non social-démocrate, beaucoup pointent au contraire le changement de doctrine présidentielle. «À quoi joue-t-il ? Franchement, je ne sais pas bien. Je crois que son obsession aujourd'hui, c'est avant tout de rassurer les marchés et la Commission européenne», confie un élu. Pour Lienemann, Hollande veut avant tout «donner des gages de gestion au patronat».

Le président enterre surtout les années Jospin. À la fin des années 1990 et au début des années 2000, le premier secrétaire François Hollande n'avait de cesse de répéter que les socialistes français devaient trouver leur voie, être une alternative aux positions du Britannique Tony Blair et de l'Allemand Gerhard Schröder. Il était sur la même ligne que le premier ministre Lionel Jospin.

    « J'ai bien vu les déclarations de l'ex-camarade Hollande. C'est consternant »,
    La sénatrice de Paris Marie-Noëlle Lienemann

Du reste, les relations n'ont jamais été très chaleureuses entre Hollande et Schröder. Interrogé pour savoir s'il allait rencontrer François Hollande à l'occasion de son séjour parisien de décembre 2011, l'ex-chancelier allemand répondait alors au Figaro : «Non, et je n'ai pas prévu de le faire. En tant que premier secrétaire du Parti socialiste, François Hollande a travaillé très étroitement avec Oskar Lafontaine (rival de Gerhard Schröder au SPD, qu'il quittera en 2005 pour fonder Die Linke, un parti «antilibéral», NDLR). Pas avec moi. C'est pourquoi il n'existe pas de relation entre nous.» Dans cet entretien, Gerhard Schröder se montrait bien plus ouvert vis-à-vis de Nicolas Sarkozy. Manifestement, Hollande a passé l'éponge. Le voilà prêt à vanter la politique qu'il critiquait naguère, à faire l'éloge d'un Schröder de plus en plus critiqué au sein du SPD.

Rue de Solferino, on veille à ne pas donner trop d'importance à l'éloge de Schröder. «Discours offensif et résolument européen de François Hollande à Leipzig, salué par une standing ovation de nos camarades allemands !», écrit sur Twitter le premier secrétaire Harlem Désir, présent en Allemagne. Il fut pourtant très critique vis-à-vis de l'ex-chancelier. «Ce n'est pas vraiment un éloge sur Schröder, c'est un éloge sur la capacité à réformer et à mettre le pays au travail», tempère-t-on à la direction du parti. Décidément très optimiste, ce représentant de la direction ajoute : «Pour nous, les positions de Hollande sont un élément de cohésion du parti. Le cap est ferme et il y aura un effet centrifuge. Sans compter que cela va affaiblir la gauche du parti, notamment Hamon, qui ne pourra pas se positionner contre le président.» Il n'y a plus qu'à attendre.

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27 mai 2013 1 27 /05 /mai /2013 07:08

banquet-20-454x290.jpgQualifier une intervention de « forte et libre » comme le disait le premier fédéral Rachid Temal du discours de Michel Rocard à l’occasion du banquet républicain du PS95 signifie en général que le propos de l’orateur est assez décapant et décalé par rapport au cadre dans lequel il s’exprime.

Libre, le (long) exposé de l’ancien Premier ministre l’a assurément été, n’épargnant ni le Parti Socialiste ni le gouvernement quand il s’agit de pointer ce qui relève à ses yeux de l’aveuglement politique.

936906_10200790019886905_873468074_n.jpgIntéressant sur le plan intellectuel également puisque le remplaçant au pied levé de Michel Sapin qui était initialement annoncé a développé son analyse de la crise économique actuelle dans une perspective historique très large.

Après la traditionnelle mise en cause de François Mitterrand et de ses errements de 1981 sans laquelle il ne saurait être de bon discours de Michel Rocard, ce dernier s’est livré à une analyse du fonctionnement du système capitaliste. Sans trancher sur le fait de savoir s’il connait actuellement sa crise finale, il semble indéniable à ses yeux que ce système peut s’effondrer du fait de ses contradictions internes.

L’ancien dirigeant du PSU a comparé la croissance continue des "Trente Glorieuses" et les désastres engendrés par le libéralisme économique débridé des années Reagan-Thatcher. L’américain Milton Friedman qui en fut l’idéologue est pour lui un criminel contre l’humanité qui a agi en matière économique comme les créateurs de virus en informatique.

Reprenant plusieurs idées fortes du collectif Roosevelt 2012 qu’il avait contribué à fonder, Michel Rocard a considéré que le système bancaire mondial était depuis 2008 «en respiration artificielle» et dépendant des fonds publics pour sa survie. Il est revenu sur la nécessité d’une véritable séparation des activités bancaires, entre gestion des dépôts des épargnants et banque d’affaires.

Enfin, l’ambassadeur de France chargé des négociations internationales relatives aux pôles Arctique et Antarctique a livré un plaidoyer convaincu pour la réduction du temps de travail, considérant même qu’il était difficile d’atteindre un équilibre économique viable dans le temps au-delà de 30 heures de travail hebdomadaires

Rocard.jpgrocard2.jpgRappelant l’ouvrage de 1902 du socialiste Paul Lafargue sur Le droit à la paresse, il a conclu son propos sur la nécessité de retrouver un rythme de production moins frénétique dans une société qui ne retrouvera pas les taux de croissance élevés de l’après-1945 et doit s’adapter à cet état de fait.

Mêlant tout au long de son intervention son histoire politique personnelle, surtout l’aventure du PSU, et la nécessité pour les socialistes de s’emparer de problématiques laissées dans l’ombre comme la précarité, Michel Rocard n’a en tout cas pas laissé les militants socialistes du Val-d’Oise indifférents [et a enthousiasmé l'aile gauche du PS] !

pour Maintenant la Gauche Val-d'Oise
LM

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17 mai 2013 5 17 /05 /mai /2013 07:03

Par Elsa Freyssenet | 16/05 | 07:00

La récession en France prouve, selon les tenants de l'«autre politique», que l'Europe «va dans le mur».

Maurel_Lienemann_une_autre_Europe_est_possible.jpgLa sénatrice PS Marie-Noëlle Lienemann et le vice-président de la région Ile-de-France, Emmanuel Maurel. - Photo Denis Allard/REA

Comme l'ont souligné ses initiateurs, l'appel «vient à point nommé». Ce mercredi matin, peu après que l'Insee a confirmé l'entrée de la France en récession et quelques heures avant que François Hollande planche devant la Commission européenne, les représentants de l'aile gauche du PS ont présenté à la presse un appel contre l'austérité lancé en commun avec les élus les plus ancrés à gauche du SPD allemand. «Nous allons dans le mur, il est fondamental de ne pas poursuivre dans cette voie», a prévenu la sénatrice Marie-Noëlle Lienemann, entourée du député Jérôme Guedj et du vice-président de la région Ile-de-France, Emmanuel Maurel.

« Une Europe low cost »

L'appel, baptisé «Une autre Europe est possible !», a été lancé à l'initiative d'élus du SPD qui avait voté contre le traité européen de discipline budgétaire. «La crise qui touche l'Europe n'est pas venue par surprise. elle est le fruit d'une politique néolibérale reposant sur la concurrence entre les pays, la foi dans les marchés et sur une industrie financière en grande partie non réglementée. Placer les marchés au-dessus de tout s'avère être une erreur monumentale», est-il écrit dans le texte, qui regrette qu'en dépit «de la récession qui s'installe en Europe», «les dirigeants actuels de l'UE entendent durcir encore cette politique d'austérité et de régression sociale».

Le texte a été signé par cinq députés et quatre autres responsables du SPD, un élu du SPÖ autrichien ainsi que des parlementaires du petit parti de gauche italien SEL. En France, les tenants de l'aile gauche du PS ont été rejoints par le cofondateur des Economistes atterrés Benjamin Coriat, le porte-parole d'Attac Thomas Coutrot et l'économiste Jacques Rigaudiat, membre du PCF. La troupe n'est pas massive mais l'objectif est qu'elle grossisse via les réseaux altermondialistes d'ici le sommet européen des 27 et 28 juin. Plus prosaïquement, l'aile gauche du PS entend prouver qu'elle n'est ni isolée ni anti-européenne. «Ce que nous disons est partagé par d'autres forces en Europe. Il n'y a pas qu'une seule politique possible, ce n'est pas vrai car la politique c'est faire des choix et prendre des risques», a insisté Emmanuel Maurel dans un message implicite à François Hollande.

Histoire d'alerter sur l'enjeu du sommet européen et de tenter d'accroître la mobilisation, les intervenants ont contesté toute réorientation de la Commission, qui est prête à accorder des délais à la France et à l'Espagne pour réduire leurs déficits. Et de souligner que Bruxelles demande en compensation des réformes structurelles. «Ces réformes ne sont rien d'autre qu'un acte de vandalisme contre notre modèle social», a assuré Emmanuel Maurel. «Au moment même où la Commission est obligée de constater que le retour accéléré à zéro déficit public ne marche pas, elle veut renforcer les dispositions pour aller dans cette direction. C'est une Europe low cost qu'on est en train de fabriquer », a insisté Benjamin Coriat. Les auteurs alertent contre une initiative de la Commission pour le sommet de juin : «Une sorte de traité de compétitivité visant à donner à la Commission un droit de surveillance préventive sur les politiques des Etats membres qui ont un impact sur la compétitivité.» A savoir le marché du travail et la protection sociale.

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16 mai 2013 4 16 /05 /mai /2013 12:51

Mediapart.fr - 14 mai 2013 | Par Mathieu Magnaudeix

Mercredi à 13 heures, François Hollande rencontre à Bruxelles le président de la commission européenne, José Manuel Barroso. Il déjeunera ensuite avec les 27 commissaires européens. On ne sait pas ce qu'il y aura dans l'assiette. Mais on connaît déjà le menu : les contreparties que la commission demande à la France pour avoir récemment accepté de reculer de deux ans le retour du déficit public à 3%, de 2013 à 2015.

Ces exigences seront connues dans le détail le 29 mai. Le très orthodoxe commissaire aux affaires économiques, Olli Rehn, a toutefois révélé la semaine dernière la teneur des «réformes structurelles» qu'il souhaite voir mises en place : réforme des retraites, réforme du marché du travail, «plus grande ouverture à la concurrence des marchés, notamment ceux de l'électricité ou du transport ferroviaire, et de certaines professions comme celles d'avocat ou de vétérinaire». La France doit profiter du délai imparti pour « mener des réformes structurelles de grande ampleur, a-t-il insisté, mardi 7 mai, à Bruxelles. C'est important pour les Français, pour que la France puisse débloquer son potentiel de croissance pour créer des emplois».

De quoi déclencher un tollé à gauche, ou la politique d'austérité est de plus en plus contestée. Y compris au sein du parti socialiste. «On atteint un stade très inquiétant, dit Emmanuel Maurel, animateur de l'aile gauche du PS. La commission européenne propose ni plus ni moins de démanteler notre modèle social, et de préférence à grande vitesse. On s'attaque aux trois piliers du modèle français : la retraite par répartition, le code du travail, les services publics. C'est du vandalisme. Tout ça risque d'être explosif

Depuis Jacques Chirac en 1997, aucun chef d'État n'avait rencontré l'ensemble des commissaires européens. Fallait-il répondre à l'invitation alors que l'austérité prônée par la commission européenne, mise en œuvre très concrètement en Espagne, en Grèce ou au Portugal, est de plus en plus contestée ? Au risque de donner le sentiment d'obéir aux demandes très pressantes de la commission européenne, gardien du temple de l'orthodoxie économique en Europe ?

Dans l'entourage du chef de l'État, on refuse de parler d'«échange» après le délai accordé à la France pour réduire son déficit. «Le rendez-vous, à l'invitation de M. Barroso, est calé depuis des semaines. C'est une coïncidence», assure-t-on.

L'Élysée parle d'ailleurs d'une «manifestation de soutien et d'exigence» à la commission européenne «qui est parfois critiquée, à tort ou à raison, et dont le rôle n'est pas facile». Dans l'entourage du chef de l'État, on assume un travail patient de persuasion auprès de la commission pour desserrer progressivement l'étau de l'austérité – «dialogue utile», dit l'Élysée.

«Mercredi, le président expliquera aux commissaires la politique suivie en France : assainir les finances publiques, améliorer la compétitivité, tout en préservant la croissance, l'emploi et la préparation de l'avenir», explique un proche du chef de l'État.

Pas question donc de taper du poing sur la table, pas davantage de plaider pour une bifurcation de la politique européenne. À l'Élysée, on admet que la Commission européenne sait être «directive». Mais on refuse de parler d'«injonctions», pour ne pas fâcher. «Soit on est dans la confrontation, soit on influe de l'intérieur. Depuis des mois et des mois nous travaillons pour trouver en Europe le meilleur équilibre afin d'assainir les finances publiques sans créer d'effet récessif», plaide le Château.

À la droite du PS, le député Christophe Caresche se félicite même d'un «virage» de la politique européenne française. «Sarkozy mettait en scène de façon très médiatisée sa volonté de n'accepter aucun diktat, comme si la France emmerdait tout le monde. Mais cette stratégie du coup d'éclat permanent était stérile et ne faisait que rendre plus difficile la discussion avec nos partenaires. Désormais, la France s'inscrit dans une stratégie du compromis, une discussion et une négociation loyale et franche. C'est d'ailleurs cette attitude plus positive qui nous a permis d'obtenir un délai, sans que cela ne se fasse de manière heurtée et conflictuelle.» Même si ce «virage», qui est d'abord le fruit de tractations en coulisses, n'est «pas très visible», admet Caresche.

« Fourches Caudines »

2013-03-18T210910Z_1_APAE92H1MRC00_RTROPTP_3_OFRTP-UNION-HO.JPGFrançois Hollande et Angela Merkel à Berlin© Reuters

«François Hollande ne va pas à Bruxelles pour présenter des excuses. Il y a simplement des règles de discussion communes», plaide aussi le député Arnaud Leroy, proche d'Arnaud Montebourg. Des règles renforcées par le traité de stabilité budgétaire ratifié en octobre par le Parlement français (TSCG), sans avoir été modifié et qui accroît la surveillance des politiques économiques des États membres par la commission. Mais «la France n'est pas pieds et poings liés», assure Caresche, pour qui la commission aussi commence à s'apercevoir des méfaits de l'austérité.

L'entourage du chef de l'État assure d'ailleurs que les recommandations à venir de Bruxelles n'auront rien d'obligatoire. «On a un certain nombre de choses à guérir, mais on a aussi les médecins et la pharmacie», résume l'Élysée. Autrement dit, pas question de se laisser dicter les réformes : «Le cadre sera déterminé par le gouvernement, par le président de la République.» Paris reste d'ailleurs très flou sur les éventuelles mesures de libéralisation du secteur ferroviaire qui pourraient être décidées. Et ne juge pas du tout urgente une libéralisation de l'énergie ou des taxis...

Les réactions à gauche du PS contrastent en revanche avec la sérénité affichée à l'Élysée : c'est peu dire que ce rendez-vous avec le conclave des commissaires européens passe mal. Surtout auprès du Front de gauche, qui a organisé le 5 mai la marche citoyenne contre l'austérité et pour une VIème République. «C'est humiliant, commente Martine Billard, coprésidente du Parti de gauche. On a l'impression que la France devient un pays du tiers-monde qui passe sous les Fourches Caudines du FMI. Comme si le président devait rendre compte, convoqué pour s'entendre donner des leçons et dire “amen” à tout ce qui a été dit…»

Selon Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF, la visite est «la mise en œuvre directe du traité Merkozy». «Nous sommes dans les travaux pratiques du TSCG. Et l'on se rend compte que la faute politique, l'erreur fondamentale est d'avoir ratifié ce traité sans en avoir touché une virgule

«Ce ne sera pas une discussion de marchand de tapis, et François Hollande ne va pas non plus à Canossa», tempère Danielle Auroi, présidente (écolo) de la commission des affaires européennes de l'Assemblée nationale. «Qu'il se déplace me paraît plutôt positif, explique d'ailleurs le secrétaire national d'EELV, Pascal Durand. Ces derniers mois, la France a été trop absente en Europe, donnant le sentiment de laisser l'Allemagne gérer l'économie

Reste que la façon dont l'Élysée a, ces derniers mois, négocié en coulisses un assouplissement de la règle des 3% tout en ne cessant de marteler publiquement cet objectif (jusqu'à taper sur les doigts des parlementaires et des ministres qui remettaient en cause la «ligne») ne satisfait guère les écologistes, européens convaincus.

«François Hollande a tenu pendant des mois un discours de pur affichage, poursuit Durand. J'aurais aimé qu'il ait une attitude active, en disant “je n'atteindrai pas les 3% dans les délais fixés, voyons comment nous pouvons parvenir à l'objectif”. Là, il laisse apparaître l'Europe comme cette contrainte externe qui fixe les conditions dans lesquelles la France va opérer son redressement budgétaire. Cela fait reculer l'idée européenne

« Diktat »

05052013-IMG_70307.jpgManifestation du Front de gauche contre l'austérité© Thomas Haley

Sur le fond, une grande partie de la gauche ne décolère pas contre la façon dont la commission européenne tente de forcer son avantage en proposant les éternelles recettes de l'ajustement structurel préconisées depuis des décennies par les grandes institutions internationales, et actuellement appliquées en Grèce, en Espagne ou au Portugal.

Danielle Auroi évoque même un «diktat». «C'est le baratin habituel : la commission tente de faire un coup de semonce. Olli Rehn incarne un combat d'arrière-garde, fidèle à sa logique ultralibérale, comme si rien n'avait changé.» «C'est toujours la même orthodoxie insupportable, les solutions habituelles de l'austérité, du mainstream, de la troïka, précisément celles que nous dénonçons», abonde Pascal Durand. L'incarnation de «l'obsession libérale mise en œuvre dans toute l'Europe et bientôt en France», selon Martine Billard (Parti de gauche).

«D'une main, la commission caresse en accordant deux ans de plus pour réduire le déficit, de l'autre elle assène un coup de trique», résume Olivier Dartigolles (PCF). Qui insiste sur la coïncidence de calendrier entre les annonces de la commission et le lancement officiel de la réforme des retraites. «Le gouvernement a anticipé les desiderata de Bruxelles», dit-il. Lundi, Jean-Marc Ayrault a successivement reçu organisations patronales et syndicales pour lancer la conférence sociale des 20 et 21 juin, dont le gros morceau sera la nouvelle réforme des retraites.

Le gouvernement envisagerait une hausse de la CSG des retraités, une désindexation des pensions, et surtout l'allongement de la durée de cotisation nécessaire pour obtenir une retraite à taux plein. Le Medef plaide, lui, pour un allongement de la durée de cotisation à 43 ans et à un départ à 65 ans en 2040. La CGT a déjà annoncé une mobilisation et FO semble prête à la suivre.

S'il y a bien un parti de plus en plus déchiré par l'austérité et l'Europe, c'est bien le PS au pouvoir. Entre ceux qui prônent une «confrontation» avec l'Allemagne (comme le président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, salué par plusieurs ministres et la gauche du parti) et ceux qui s'en tiennent à la «tension amicale» prônée par François Hollande, les divergences ne cessent de s'agrandir.

À l'instar de l'Élysée, une bonne partie du PS juge illusoire d'aller au clash avec la commission dans une Europe tenue par les conservateurs. Et estime que la vraie prochaine fenêtre se présentera à partir de septembre 2014, après les élections allemandes, si toutefois elles aboutissent à un changement de majorité.

Cofondateur de la Gauche populaire, le député PS Philippe Doucet plaide pour «un peu de zénitude». «Oui, la commission européenne est un acteur, et donc on négocie avec elle. À moins de vouloir instaurer le socialisme dans un seul pays, comme l'Albanie ou la Corée du Nord… Après, il y a dans toute cette séquence une part de théâtre. La commission voit bien que l'austérité ne fonctionne pas en Europe. Mais elle ne voulait pas baisser pavillon sans contreparties

Christophe Caresche parie lui aussi sur le «compromis» dans une Europe dominée par les gouvernements conservateurs. «Ce n'est pas vrai que rien ne bouge en Europe et qu'on n'a que des abrutis en face de nous, plaide-t-il. On ne peut pas toujours jouer la stratégie de la crise prônée par Montebourg ou Mélenchon. Même si je suis le premier à dire que l'Allemagne plaide de façon aveugle pour une politique d'austérité en Europe, il faut bien faire certaines réformes structurelles : on ne réglera pas la dette par l'opération du Saint-Esprit.» Ces derniers jours, le ministre de l'économie Pierre Moscovici a lui aussi insisté sur la nécessité de mener de telles réformes.

Cette ligne officielle est pourtant de plus en plus contestée. Proche d'Arnaud Montebourg, un des ministres qui a publiquement remis en cause l'austérité en Europe, le socialiste Arnaud Leroy n'hésite pas à élever le ton contre l'actuelle commission européenne, qu'il décrit comme «très idéologique», «dans l'impasse», «incapable de trouver des outils pour nous sortir de la crise».

« Sursaut »

madridprotest.jpgManifestation en Espagne contre le chômage© Reuters

À la gauche du parti, Emmanuel Maurel plaide lui aussi pour des réformes « structurelles », mais pas franchement celles d'Olli Rehn : «La lutte contre la fraude fiscale, l'évasion fiscale, le comportement scandaleux de certaines sociétés, etc.» Mercredi, jour de la visite de Hollande à Bruxelles, l'aile gauche du PS organise d'ailleurs à l'Assemblée une réunion contre l’austérité, «contre les nouvelles propositions de la commission européenne et pour une autre Europe». Une initiative imitée au même moment par certains socialistes en Allemagne, en Italie et en Autriche.

«Dans le programme de François Hollande, rien n'a été écrit sur une réforme des retraites, le démantèlement des conditions de travail, l'accélération de la libéralisation des domaines dévolus au publics, poursuit Emmanuel Maurel. Je ne m'imagine donc pas un seul instant que le président se mette dans l'agenda de la commission européenne et accepte des propositions qui vont à l'encontre de tout ce qu'il a combattu. Dans les prochaines semaines, il a l'occasion de se faire le porte-parole de ceux qui souhaitent une autre orientation en Europe. On est en train de créer une Europe explosive et explosée, avec un taux de chômage des jeunes qui dépasse 60% en Grèce et en Espagne. On a besoin de ce sursaut. Je ne sais pas si François Hollande souhaite l'incarner. Mais il faudrait qu'il le fasse…»

«François Hollande doit désormais s'imposer comme le leader d'une Europe qui s'adapte enfin à la réalité vécue par les Européens», plaide lui aussi le socialiste Arnaud Leroy.

«J'attends de François Hollande qu'il porte un discours intelligent, martèle Pascal Durand, d'EELV. En disant par exemple que si, oui, on peut remettre en cause le mode de financement de l'Europe sociale parce que le monde a bougé, il est impensable de remettre en cause l'Europe sociale elle-même en baissant, par exemple, les pensions de retraite. Ou bien en proposant les investissements nécessaires, dans le bâtiment, l'industrie, les transports, et pas seulement dans le numérique

François Hollande, qui tiendra jeudi la deuxième conférence de presse du quinquennat, va également reprendre à son compte les propositions du chef de gouvernement italien Enrico Letta et de l'Allemagne en faveur d'un grand plan d'urgence contre le chômage des jeunes en Europe. La France et l'Allemagne promettent désormais un New Deal en faveur du chômage des jeunes.

À l'Élysée, on affirme que François Hollande en a toujours parlé et insiste depuis des mois pour accélérer la distribution des 6 milliards d'euros en faveur de la formation des jeunes prévue dans le budget européen. Sans doute. Reste que sur ce sujet, on ne l'avait jusqu'ici pas beaucoup entendu. Sans doute n'avait-il pas parlé assez fort.

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