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11 février 2013 1 11 /02 /février /2013 21:33

sanifric2-150x150Communiqué de presse - 11 février 2013

Les responsables de Maintenant de la Gauche, courant représentant l’aile gauche du Parti Socialiste, se félicitent des propos du Président de la République en faveur de l’inscription d’une loi concernant les licenciements « sur les sites rentables dans le calendrier parlementaire ».

François Hollande amorce aujourd’hui une réponse face à la cascade de plans sociaux de pure profitabilité (Sanofi, PSA, Virgin, Fralib…) et  qui est  nécessaire pour  le redressement industriel du pays. C’est une étape vers  tournant de la relance global auquel nous avons appelé samedi 9 février. Face au démembrement calculé de l’outil industriel et productif dans certains secteurs d’activité,  il faut donner aux salariés le droit de priorité pour reprendre leur entreprise.

flormittalCette expression  doit rapidement être suivie de mesures efficaces pour lutter contre les licenciements boursiers. Aujourd’hui, le monde du travail et la justice elle-même manquent d’outils législatifs face à des multinationales qui réorganisent leurs unités de production n’hésitant pas parfois à mettre des sites artificiellement en déficit.

Nous le demandons clairement : quand des entreprises ne sont pas menacées dans leur globalité et que des dividendes ont été récemment versés aux actionnaires, il faut interdire tout licenciement boursier. En reconnaissant qu’aucun fondement ne pouvait actuellement entrainer la nullité d’une procédure de licenciement pour absence de motif économique (affaire Vivéo), la justice elle-même attire l’attention du législateur sur un manque criant en terme de protection des emplois. Une loi est nécessaire et urgente.

petroplus-605x300Aujourd’hui, la gauche doit contribuer à construire un rapport de forces favorable au monde du travail et répondre à l’urgence sociale. Plans sociaux en cascade et délocalisations massives dévastent des milliers de vies et fragilisent nombre de territoires. Parce qu’il n’y a pas de fatalité, nous en appelons à un volontarisme sans faille.

Emmanuel Maurel, membre du BN du Parti socialiste, Marie-Noëlle Lienemann, Sénatrice , Jérôme Guedj, Député et les membres du Bureau national du PS “Maintenant la Gauche”

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6 février 2013 3 06 /02 /février /2013 07:59

Causeur - Mardi 5 février 2013 - Daoud Boughezala

Entretien avec le chef de file de l’aile gauche du PS

Emmanuel MaurelGérard Depardieu a expliqué ses tribulations belgo-russes par le fait que le fisc français ponctionnait 85 % de ses revenus, tandis que l’homme d’affaires Alain Afflelou dénonce une guerre contre « les gens qui travaillent et font travailler les autres ». En appliquant un taux d’imposition perçu comme confiscatoire, ne fait-on pas le choix du symbole au détriment de l’efficacité économique ?

Emmanuel Maurel. Les riches prennent leurs perceptions pour la réalité ! Dans notre pays, il n’existe pas de « discrimination fiscale anti-riches » puisque, toutes les études le prouvent, c’est la classe moyenne qui supporte la pression fiscale la plus lourde en proportion de ses revenus. Et si certaines « stars » un peu coupées de la réalité ont l’impression contraire, tant pis pour elles. J’estime que chacun doit contribuer à proportion de ses facultés, surtout dans un moment de notre histoire où les difficultés sont très importantes. Ce principe est d’ailleurs inscrit dans la Déclaration des droits de l’homme de 1789.

Doit-on en déduire que l’inégalité économique est forcément synonyme d’injustice sociale ?

Le capitalisme est inégalitaire par essence. Il est dans la nature du marché de créer des inégalités sociales. Personne ne le nie, même à droite. Il y a ceux qui détiennent le capital et ceux qui n’ont que leur travail, ceux qui ont un travail et ceux qui n’en ont pas. Mais aussi ceux dont l’entreprise réussit et ceux qui voient la leur péricliter. À droite, on a tendance à penser que les inégalités économiques et sociales tiennent au mérite personnel des gens. J’estime au contraire que les inégalités économiques et sociales tiennent au système capitaliste lui-même et qu’il faut les corriger.

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31 janvier 2013 4 31 /01 /janvier /2013 08:00

Vite la loi encadrant les licenciements économiques et interdisant les licenciements boursiers ! Attendre serait une grave erreur.

lienemann-toulouseC’est un engagement de François Hollande :

«Pour dissuader les licenciements boursiers, nous renchérirons le coût des licenciements collectifs pour les entreprises qui versent des dividendes ou rachètent leurs actions, et nous donnerons aux ouvriers et aux employés qui en sont victimes la possibilité de saisir le tribunal de grande instance dans les cas manifestement contraires à l’intérêt de l’entreprise.» (Engagement 35)

Cet engagement devait être programmé entre août 2012 et juin 2013 à lire le calendrier du changement.  Dans le chapitre «S’appuyer sur les partenaires sociaux et la société civile pour retrouver le chemin de la croissance durable et de l’emploi», au point 1, l’encadrement des licenciements boursiers fait partie des grands chantiers de la conférence nationale pour la croissance et l’emploi.

Or force est de constater que le sujet n’est pas traité dans l’accord  national interprofessionnel signé le 11 janvier 2013 par le Medef et trois organisations syndicales.

Qu’attend le gouvernement ?

Depuis l’arrivée de la gauche au pouvoir,  et souvent parce qu’elles avaient été mises sous le coude avant les présidentielles, les fermetures d’entreprises se multiplient en particulier dans  l’industrie.  Dans bien des cas, la crise a bon dos et sert de prétexte à fermer des usines souvent rentables mais insuffisamment aux yeux des actionnaires. Ce qui se passe, en fait, -et c’est fréquent en cas de crise-, est  une nouvelle salve de délocalisations qui engage une nouvelle répartition internationale de la production en jouant à fond la carte du dumping social et fiscal.

Face à ce danger, la France doit avoir une stratégie défensive efficace permettant d’empêcher la disparition de pans entiers de son industrie.  Quand une usine ferme, on perd des savoirs faire et il est extrêmement difficile de la rouvrir. Oui, il faut défendre bec et ongles ces industries pour réussir le redressement économique du pays, pour engager  les mutations quand elles sont nécessaires et moderniser les capacités productives de la France.

Bien sûr ce n’est pas la seule méthode pour l’urgente ré-industrialisation. Une stratégie offensive doit se mettre en place grâce à des bonds considérables en faveur de la recherche, de l’innovation. Il faut aussi  organiser toutes nos filières en engageant les révolutions technologiques et la transition énergétique.

Mais les deux  stratégies sont indispensables… et laisser se poursuivre des licenciements boursiers est  une erreur majeure dont les conséquences sont extrêmement graves.

dossier_negociation_securisation_emploi.jpgRien ne justifie  un silence qui devient pesant quant au calendrier de la mise en œuvre de cet engagement.

Sur le fond, le Sénat avait examiné, il y a un an,  une proposition de loi qui avait été votée par les groupes communistes, socialistes et écologistes. C’est une bonne base législative.

Avec le courant «  Maintenant la Gauche »  nous avons tiré la sonnette d’alarme dès le mois de juillet 2012 et en avons fait une des propositions prioritaires de la motion 3 au congrès du PS. A la tribune de Toulouse, j’ai exhorté le gouvernement à stopper l’hémorragie industrielle et d’emplois et j’ai demandé le vote immédiat de cette loi.

Aujourd’hui de très nombreux salariés touchés de plein fouet par ces plans de licenciements, dont certains sont prétendument économiques, manifestent et demandent au gouvernement d’agir et de faire voter la loi promise.

Par ailleurs, de nombreux députés socialistes concernés localement manifestent la même impatience, plus discrètement.

Lors du colloque du 12 décembre 2012 sur la compétitivité et l’emploi organisé par le club Gauche avenir,  les intervenants,  issus des forces de  toute la gauche dont des écologistes mais aussi des économistes, ont appelé unitairement l’examen rapide d’une loi contre les licenciements boursiers.

Ce mardi, au Bureau national, Emmanuel Maurel, qui  intervenait en notre nom,  a réitéré avec insistance nos propositions  et demandé à Jean-Marc Ayrault de déposer immédiatement cette loi tant attendue. Il n’a obtenu aucune réponse.  Silence …. Ce silence ne peut durer.  Le gouvernement doit passer à l’acte.

Marie-Noëlle Lienemann

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10 janvier 2013 4 10 /01 /janvier /2013 15:38
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10 janvier 2013 4 10 /01 /janvier /2013 08:11

Les Echos - Elsa Freyssenet | 08/01 /2013

Les propos de Jérôme Cahuzac les ont convaincus que ce taux ne serait pas repris. Cette perspective ne fait cependant pas l'unanimité au Parti socialiste.

Faire connaître «au plus vite» le dispositif de remplacement de la taxe à 75% sur les revenus supérieurs à 1 million d'euros censurée par le Conseil constitutionnel. C'était hier la revendication du Parti socialiste formulée par son porte-parole David Assouline. Une façon pour lui d'éviter de s'étendre sur la divergence d'appréciations entre les ministres Pierre Moscovici et Jérôme Cahuzac sur la longévité de cette taxe (le PS s'en tient à un dispositif temporaire). Une volonté aussi de montrer qu'il n'y a, dixit un responsable du PS, «pas de recul» sur cette mesure emblématique de la campagne présidentielle de François Hollande.

Pas de recul ? Le ministre du Budget a laissé entendre qu'il n'y aurait pas de reconduction d'une taxe à 75% par peur que ce taux soit jugé «confiscatoire» et «donc censuré» par le Conseil constitutionnel. Un chiffre symbolique dont les responsables socialistes semblent avoir rapidement fait le deuil, mais pas forcément leurs troupes.

« Pas de fétichisme »

A l'unisson du président du groupe PS à l'Assemblée, Bruno Le Roux, son homologue du Sénat, François Rebsamen, pense qu'il ne «faut pas faire de fétichisme sur le taux à 75%. L'important est de faire comprendre que des rémunérations à 1 million d'euros sont excessives», souligne-t-il. «Les 75%, c'est mort», tranche le porte-parole du groupe PS à l'Assemblée, Thierry Mandon, pour qui «il ne sert à rien de foncer tête baissée dans le mur» du Conseil constitutionnel. «On n'aura pas le même résultat symbolique, reconnaît-il, mais on trouvera un outil fiscal qui permettra de prélever fortement les rémunérations exceptionnellement élevées.» Le résultat symbolique, c'est précisément ce qui préoccupe le député du Val-d'Oise Philippe Doucet : «On perd un signal fort vis-à-vis des classes populaires.» Au nom de ce signal «pendant la crise» et «parce que c'était un engagement de François Hollande», le vice-président de la commission des Finances de l'Assemblée, Pierre-Alain Muet, «souhaite qu'on reste, si c'est possible, sur le taux marginal de 75%». «De Roosevelt à Reagan, les Etats-Unis ont appliqué un taux marginal de 80% sur les revenus supérieurs à 1 million de dollars», remarque-t-il.

Au nom de la gauche du PS, Emmanuel Maurel s'inquiète : «J'ai cru comprendre qu'on ne ferait pas la fusion entre l'IR et la CSG, on n'a pas été d'une grande audace sur les niches fiscales. Si, en plus, on renonce à une mesure aussi emblématique que les 75%, la grande réforme fiscale promise par François Hollande finira en peau de chagrin.» Pour lui, «le mieux» serait d'appliquer les 75% à 1 million d'euros par foyer. Tel n'est évidemment pas l'avis des responsables des parlementaires socialistes. Thierry Mandon souhaite que le nouveau dispositif demeure «exceptionnel» et qu'il ne passe pas par les entreprises, contrairement à ce qu'envisage le rapporteur général du budget Christian Eckert. «Il ne faut pas complexifier les choses pour les entreprises», pense aussi François Rebsamen. Le sénateur est, bien sûr, ouvert à une taxe exceptionnelle, mais, dans l'absolu, il rappelle avoir «toujours été favorable à une [nouvelle] tranche supérieure de l'impôt sur le revenu».

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20 décembre 2012 4 20 /12 /décembre /2012 11:32

Pour la gauche du PS, la réforme bancaire est "floue" et pas assez radicale

L'Express - Emmanuelle Drouineau, publié le 20/12/2012 à 08:08

L'exécutif a présenté mercredi son projet de réforme bancaire en Conseil des ministres. Cette traduction législative d'une des idées phares de la campagne de François Hollande laisse un goût d'inachevé à Emmanuel Maurel, figure de l'aile gauche du Parti socialiste.

Maurel Saint-Quentin 17-10-2012 rue"On constate un glissement indéniable dans le discours du président", relève Emmanuel Maurel, secrétaire national du PS.

Pierre Moscovici a présenté ce mercredi la réforme bancaire en Conseil des ministres, réforme que certains ont qualifiée d'"édulcorée". Partagez-vous ce sentiment?

Indéniablement, c'est une réforme qui va dans le bon sens. Toutefois elle n'est pas radicale et je ne pense pas qu'elle tienne compte de toutes les leçons de la crise. Le projet cantonne certaines activités bancaires dans des filiales externes mais ne traite pas de la question essentielle, à savoir, la séparation des activités de crédit et des opérations spéculatives. Le projet prévoit d'isoler les activités "dont on considère qu'elles ne sont pas utiles à l'économie", c'est beaucoup plus flou que ce que François Hollande avait annoncé au Bourget pendant sa campagne. Les banques vont bien évidemment nous expliquer que "toutes les activités sont utiles à l'économie". J'espère que les parlementaires se saisiront de cette question lors du débat prévu en février à ce sujet.

Un autre thème revient souvent au PS : c'est la lutte contre les paradis fiscaux. Pour l'instant, rien de concret n'a été précisé à ce sujet, mais j'ai bon espoir qu'un amendement en ce sens soit déposé par les parlementaires. Quoi qu'il en soit, ce n'est pas une réforme historique, nous sommes encore loin du Glass-Steagall Act américain de 1933 !

Ce projet de réforme bancaire a été évoqué mardi en bureau national du Parti socialiste. Quel était le ton du débat ?

Nous avons été un certain nombre à émettre des réserves sur ce projet. Beaucoup ont clairement posé la question des paradis fiscaux et surtout de la suffisance du fait de s'interroger sur la seule "utilité" des activités bancaires. Cela permettra-t-il vraiment d'éviter les crises et les faillites des dernières années ? Il y a d'ailleurs le même débat chez les banquiers qui disent que ce texte n'évitera pas une faillite, loin s'en faut. Mais le lobby des banques est très puissant et le directeur général du Trésor qui a été nommé sous Sarkozy ne doit pas être un fanatique du changement.

Pensez-vous que l'on puisse aller plus loin dans cette réforme ? Si oui, comment ?

Je pense qu'il faut vraiment isoler les activités de crédit et les opérations spéculatives. La filiale ne suffit pas. Et même si le gouvernement avance qu'il veut "préserver le modèle français de banque universelle", cet argument ne vaut pas grand-chose. La Société Générale était une banque universelle, ça ne l'a pas empêchée de frôler la faillite. Ces dix dernières années, les banques se sont comportées comme des pyromanes, elles ont joué de façon indécente avec l'argent des particuliers. J'aimerais que, dans ce débat, on rappelle que la crise vient essentiellement des banques et de leurs activités. Il faut par conséquent les mettre devant leurs responsabilités.

Selon vous, François Hollande revient-il sur ses engagements de campagne ?

On constate un glissement indéniable dans le discours du président. Les formulations qu'il a utilisées pendant sa campagne laissaient à penser qu'on aurait une réforme de grande ampleur. Or elle n'est pas radicale comme on pouvait l'escompter. Mais encore une fois c'est un premier pas, j'espère qu'il y en aura d'autres.

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12 décembre 2012 3 12 /12 /décembre /2012 08:50

Invité par La Chaîne Parlementaire à réagir sur le plan de restructuration de Sanofi, Jérôme Guedj a indiqué être pour l’affirmation par la gauche aux responsabilités du fait que l’État peut, que l’État veut pouvoir : «Nous devons réfléchir à une législation qui pourrait dissuader, pénaliser financièrement, voire interdire les licenciements boursiers» !

Revoir l’intervention (début à 6’30”)


Ça Vous Regarde : l’Info : Journal du soir du... par LCP

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10 décembre 2012 1 10 /12 /décembre /2012 13:25

Écrit par Vincent Kerrault 

flormittalL’enfumage du gouvernement par le groupe Arcelor-Mittal met les socialistes au pied du mur : choisir une stratégie industrielle offensive et risquée, ou assumer la désindustrialisation du pays. Dans un cas comme dans l’autre, ils doivent maintenant assumer un vrai choix devant les Français.

Inutile de tourner autour du pot, ou de prendre des précautions de langage : l’accord passé entre le gouvernement français et le groupe Arcelor-Mittal est un fiasco pour la majorité socialiste. Jean-Marc Ayrault s’est fait rouler dans la farine, il doit maintenant réagir, ou en tirer les conséquences.

La séquence parait a posteriori aussi surréaliste, mais bien moins drôle, que la bataille Copé-Fillon à l’UMP. Le devenir des métallos de Florange est un symbole depuis la campagne présidentielle : symbole d’un Sarkozy qui promet plus qu’il ne tient, symbole d’un candidat socialiste debout sur une camionnette à l’écoute des ouvriers, symbole d’une industrie française qu’Arnaud Montebourg veut sauver, symbole de la lutte sans merci que le gouvernement mènera contre les patrons-voyous qui ferment des sites pourtant rentables au prétexte qu’ils le sont moins que d’autres ailleurs.

Malgré ce contexte particulier, attirant l’attention médiatique et la compassion des Français, le gouvernement a réussi en l’espace de quelques jours à montrer l’étendue de son amateurisme et de sa naïveté face au groupe sidérurgiste. Nationalisation temporaire, puis Montebourg sur la touche, puis accord a minima suivi d’un cocorico absurde du premier ministre face à la stupéfaction des syndicalistes, et maintenant le coup de grâce assené par Arcelor-Mittal se débarrassant comme d’un vulgaire déchet du projet Ulcos, unique planche de salut prévue par le gouvernement en vue du redémarrage des hauts fourneaux de Florange.

Une partie du parti socialiste prend fait et cause pour les salariés, et plaide pour la solution de nationalisation. Le reste, effrayé de sa propre audace de la semaine dernière, se défausse en faisant rimer nationalisation avec arme de dissuasion qu’il est bien évidemment absurde d’envisager sérieusement : belle dissuasion que voilà ! Espérons que cela n’est pas la façon dont le président Hollande considère la dissuasion nucléaire : la crédibilité d’une arme suppose que son détenteur soit prêt à l’utiliser !

Compétents ? Conscients ? Conséquents ?

Toute cette séquence ouvre un abîme de réflexions quant à la nature réelle du pouvoir socialiste de 2012. On peut faire un procès d’incompétence tout d’abord. Les ouvriers de Florange ne défendaient pas uniquement leurs emplois. La fixation sur le redémarrage des hauts-fourneaux, là où l’acier est fabriqué et pas seulement transformé en boites de conserves ou autres produits semi-finis, n’est pas anodine : c’est l’industrie, le métier, qui compte, pas seulement le contrat de travail. Comment le gouvernement a-t-il pu croire satisfaire les syndicats en signant un accord ne prévoyant pas formellement le redémarrage des hauts-fourneaux ? Comment a-t-il pu faire dépendre ce redémarrage d’un projet dont Arcelor-Mittal pouvait, sans contrevenir à l’accord, abandonner ?

Après l’incompétence vient l’inconscience. Nationalisation partielle présentée par Arnaud Montebourg à l’Assemblée nationale, repreneur annoncé et puis, quelques jours plus tard, on découvre la position du Premier ministre, et celle de Bercy : ce n’était que pour faire peur à Mittal, un chiffon rouge agité, mais évidemment aucune personne sérieuse ne pouvait considérer une minute cette solution comme une option crédible ! Quoi ? Un ministre de la République présente devant l’Assemblée nationale l’hypothèse d’une nationalisation temporaire et ce n’était pas pour le Premier ministre une option sérieuse ? Joue-t-on ainsi avec l’espérance des ouvriers de Florange, avec la colère anticipée du Médef, avec les réactions internationales sur l’orientation politique de la France ? Trop cher, nous dit-on aujourd’hui ? N’avait-on pas fait le calcul avant que de laisser Arnaud Montebourg parler ?

Tout ceci dénote une inconséquence crasse, un mépris des hauts-fonctionnaires des cabinets ministériels pour le petit peuple qu’on amuse à bon compte, tout en se délectant à l’avance de la mine piteuse que fera le ministre trop beau-parleur désavoué à l’heure des choix sérieux. Règlements de compte entre étages à Bercy ! Mais, de fait, un mépris égal pour la démocratie et les représentants élus à l’Assemblée nationale, pour les médias, pour le peuple de France pour qui le devenir de Florange est on ne peut plus sérieux. Une inconséquence aussi vis-à-vis de l’industrie que l’on dit vouloir redresser mais qu’au fond on ne connait pas et qu’on serait bien incapable de diriger si d’aventure elle devenait subitement entreprise publique !

L’ironie de l’histoire…

Car enfin, quelle est l’orientation de ce gouvernement ? On promet de réindustrialiser, mais avec un ministre dont le seul portefeuille est manifestement celui de la parole ! Quel cap ? Quels moyens ? Les socialistes doivent maintenant choisir.

La difficulté est que ces questions sérieuses ont été trop longtemps laissées sous le tapis. Usinor et Sacilor furent nationalisées en 1981, ce qui n’a d’ailleurs manifestement pas ruiné leurs actionnaires de l’époque, la famille Wendel : celle du baron Seillière futur patron du Medef, qui détenait une large part de la sidérurgie française avant Mitterrand. Puis, fusionnées, elles furent privatisées par Juppé en 1995 en continuation d’un projet préparé sous la seconde cohabitation par le premier ministre Balladur et son ministre de l’industrie Madelin. L’entreprise valait cher, à l’époque. Ensuite, ce fut l’heure de l’Europe, du « big is beautiful », il fallait des champions plus gros pour peser dans la compétition internationale. Les grands groupes français achetaient des entreprises partout dans le monde, on se souvient d’EDF en Allemagne, au Royaume-Uni, du Vivendi de Messier… Côté sidérurgie, ça a été en 2001-2002 la fusion d’Usinor-Sacilor avec un groupe luxembourgeois et un espagnol pour réaliser le champion Arcelor. A l’époque, Jospin était premier ministre, DSK à l’économie et à l’industrie, Francis Mer patron du groupe, bientôt fugace ministre lui-aussi sous Raffarin après le 21 avril… A l’époque déjà, un plan stratégique prévoyait la fermeture de Florange en 2009 ou 2010…Et l’inquiétude des syndicats, jamais écoutés bien sûr : comment un ouvrier de la CGT pourrait-il avoir raison contre tous ces brillants esprits issus de l’ENA ou du Corps des Mines ?

Arcelor ! Né en 2002, mort en 2009 : beau champion européen que ce champion-là, qui vit 7 ans et tombe comme une merde sous le coup de l’OPA hostile lancée par Mittal. Pour plus de 25 milliards d’euros quand même : les actionnaires privés d’Arcelor de l’époque doivent encore avoir quelques beaux restes dans leurs comptes en Suisse, contrairement aux ouvriers du groupe...

Pour l’anecdote, une des branches du groupe devait être vendue car pas assez rentable. C’était en 2002. Cela concernait CMI, aujourd’hui Cockerill Maintenance et Ingénierie, un des restes du grand groupe Cockerill, étendard historique de la sidérurgie belge de Liège. Bernard Serin, patron de la branche belge d’Usinor-Sacilor, opposé à la création du grand machin Arcelor, propose alors de reprendre personnellement CMI plutôt que de le laisser vendre à la découpe. CMI est aujourd’hui rentable, et cité comme potentiel candidat à la reprise de Florange : ironie de l’histoire qui privilégie manifestement les vrais patrons industriels aux combinazione des actionnaires internationaux alliés aux administrations publiques infestées par l’idéologie libérale. Ou celle, non moins dangereuse, que nous avions dénoncée il y a dix ans déjà, du social-défaitisme. Vingt ans d’incurie politique, vingt ans de laisser faire et d’impuissance résumée par Lionel Jospin dans son fameux « l’Etat ne peut pas tout » : voilà ce que l’on doit aujourd’hui, soit continuer, soit stopper.

L’heure des choix.

Nommer Montebourg au gouvernement ne sert à rien s’il n’y a pas de ligne commune, mais qui va produire une ligne, aujourd’hui ? Il est difficile, hélas, de faire confiance à Jean-Marc Ayrault et François Hollande pour réaliser, dans l’urgence, l’aggiornamento nécessaire de la gauche. Un aggiornamento qui n’est pas l’abandon du « surmoi marxiste », depuis longtemps enterré, mais l’abandon du social-défaitisme.

Chirac, Sarkozy et Hollande sont plus proches qu’il n’y parait, derrière des orientations politiques opposées. Tous trois ont le don de louvoyer, de chercher des compromis improbables, des synthèses artificielles. Ce sont les champions de la subtilité politique, du tout et son contraire, affirmé avec des styles spécifiques, et un centre de gravité idéologique bien entendu très différent. Maladie de la démocratie médiatique moderne ? Punition méritée pour un peuple français ingouvernable ? Questions passionnantes qu’il faudrait approfondir dans un autre cadre ! Quoi qu’il en soit, pendant toutes ces présidences pleines d’un gloubi-boulga idéologique indigeste, l’air du temps fut au désengagement de l’Etat, et il n’est pas facile de réinventer aujourd’hui une politique industrielle.

On pourrait ici proposer quelques pistes. D’abord, ne pas tout confondre. Car enfin, on parle des 600 de Florange, mais qu’en est-il des millions d’autres, intérimaires, précaires, employés de petites PME et de sous-traitants ? Sans leader syndicat talentueux, sans usine emblématique, sans médias, abandonnés de tous ! La politique sociale est une chose, la politique industrielle en est une autre. Et au sein de la politique industrielle, il y a des actions générales, utiles à toute l’industrie, et des actions spécifiques par filière.

Au niveau de la politique générale, s’il n’est pas du devoir de l’Etat de nationaliser toute entreprise qui licencie, le gouvernement peut par contre faire passer la loi promise (à Florange !) sur l’obligation de chercher un repreneur pour un site destiné à être fermé. Il peut aussi interdire les licenciements sur les sites rentables, ou encore développer enfin la démocratie sociale de telle sorte que les représentants des personnels pèsent enfin dans les choix stratégiques des entreprises privées.

Après, il peut exister des filières véritablement stratégiques. La sidérurgie est-elle une activité de cette nature ? On aurait tendance à répondre oui. Si le gouvernement pense que non (après-tout, on a fini par fermer toutes les mines de charbon), il pouvait l’expliquer aux Français, et aux salariés de Florange. Ayrault, ou Sarkozy avant lui, auraient pu avoir ce courage, et dire : « Je ne pense pas que préserver ces hauts-fourneaux soit stratégique pour la France donc ne vous faites pas d’illusion, je ne vous suis pas sur la revendication de redémarrer les hauts-fourneaux. Cette décision est du ressort de votre entreprise, pas du gouvernement. Par contre, nous allons nous battre avec vous pour éviter les licenciements ». A l’inverse, si cette activité est stratégique, si l’industrie française est véritablement au cœur de l’orientation du gouvernement, alors il faut que l’Etat se dote d’outils politiques à la hauteur des enjeux. La nationalisation est une possibilité, et pas seulement de façon temporaire ! Les prises de participation sont également une option, le fonds stratégique pour l’industrie, qui devient la fameuse banque publique de l’industrie, est justement là pour ça. Cela suppose que l’état actionnaire agisse au nom d’une politique industrielle, et pas uniquement comme un actionnaire privé lambda cherchant à optimiser la rentabilité de son capital. On n’en prend hélas pas le chemin, avec l’annonce de l’abandon par le gouvernement de ses droits de votes particuliers dans EADS/Airbus

Appel de la gauche à la Nationalisation temporaire, et après ?

La gauche peut encore choisir la voie du courage. L’appel à la nationalisation de Florange est une bonne initiative, d’une part parce que le gouvernement est allé trop loin sur ce terrain-là pour reculer maintenant surtout après le camouflet infligé par Arcelor-Mittal à Jean-Marc Ayrault, d’autre part parce que l’acier est une industrie stratégique, et enfin et surtout parce que dans ce bras de fer entre la finance internationale et les ouvriers sidérurgiques le choix doit être maintenant fait de manière ferme et affirmée.

Mais cet appel, d’une partie du PS, ne suffit pas. Il faut aussi choisir entre une nationalisation de long terme et une nationalisation temporaire avant cession à un autre actionnaire privé, en maintenant ou pas une part de capital publique. Il faut aussi préciser le périmètre, Arcelor France ou simplement Florange. Il faut aussi dire si l’état actionnaire redémarrera ou pas les hauts-fourneaux ; il faut aussi demander une commission d’enquête parlementaire pour que l’on comprenne enfin qui a décidé quoi et à quel moment au sein du gouvernement ces dernières semaines ; il faut aussi instruire le procès en incompétence, inconscience et inconséquence du gouvernement ; il faut aussi voter les lois nécessaires pour limiter les plans sociaux uniquement justifiés par des intérêts financiers privés à court terme, lois qui prévoiront un cadre clair pour les futures nationalisations ; il faut aussi se battre pour un protectionnisme européen social et environnemental ; il faut aussi mettre sur pied, aussi vite que possible, une nouvelle doctrine de politique industrielle. Et ensuite, tenir le cap.

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7 décembre 2012 5 07 /12 /décembre /2012 09:00

logo_MLG_2-copie-2.jpgMaintenant la Gauche, courant représentant l’aile gauche du Parti Socialiste, déplore que cinq jours seulement après l’accord conclu sur l’avenir du site de Florange entre le Premier Ministre et Arcelor-Mittal, le groupe Mittal n’a comme on pouvait le craindre aucune intention de respecter ses engagements.

Ce revirement aussi précoce remet en cause l’accord global conclu il y a moins d’une semaine ainsi que le maintien des hauts fourneaux sur le site de Florange et relance donc la solution de la nationalisation, ainsi qu’il a été dit aux représentants des salariés en cas de non-respect des engagements par Arcelor-Mittal.

flormittalMonsieur Mittal n’est pas un industriel mais un financier qui se sert de l’Europe comme espace d’ajustement de ses décisions économiques en fonction du coût de l’acier. Cette annonce par la commission européenne du retrait du groupe du projet ULCOS est un signe patent de sa volonté de fermer à terme le site.

La nationalisation temporaire demeure dès lors plus que jamais d’actualité et doit être remise sur la table des négociations.

C’est pour étudier cette nouvelle donne que nous demandons qu’un Bureau National exceptionnel du Parti Socialiste soit réuni. Le communiqué de presse issu du dernier Bureau National affirmait qu’ «en cas de manquement aux engagements pris, toutes les options légales et les outils publics pourraient être activés, ainsi que l’a rappelé le Président de la République

Emmanuel Maurel Paris 2C’est de cela que nous devons désormais tous rediscuter. Il en va de l’avenir de nos emplois, de notre industrie, du redressement productif et de la résorption de la balance commerciale du pays…mais aussi de la crédibilité de la Gauche à agir face à la logique de la seule rentabilité financière à court terme.

Emmanuel Maurel et les membres du Bureau National pour Maintenant la Gauche

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7 décembre 2012 5 07 /12 /décembre /2012 08:51

Florange: le compromis passé avec Mittal divise les socialistes

Libération - 5 décembre 2012

flormittal.jpgLe dossier Florange et le compromis passé avec l’industriel Mittal divisent les socialistes, entre partisans de la solution Montebourg de nationalisation temporaire, déçus de la solution trouvée, et soutiens du gouvernement.

Depuis vendredi, les critiques des syndicats et de bon nombre de responsables politiques au sujet de l’accord signé avec l’industriel Lakshmi Mittal sur le site de Florange ont aussi gagné les socialistes.

Premier exemple, au sein même du gouvernement: se défendant de parler en tant que ministre, “mais en tant qu’(ex)-élue mosellane”, Aurélie Filippetti, la ministre de la Culture, a dit sa “préférence nette pour une solution de portage public temporaire de l’entreprise”.

Ce n’est pas la solution qui a été retenue”, a-t-elle noté, ajoutant: “Si les engagements n’étaient pas tenus par Mittal, je considère qu’il faudrait en revenir à cette solution-là”.

Il y a un accord, il n’y a pas de confiance”, a déclaré dimanche la ministre de l’Ecologie Delphine Batho, soulignant que “jamais Mittal n’a tenu ses promesses dans le passé”.

Jean-Marc Ayrault avait écarté vendredi soir la nationalisation, expliquant qu’elle “n’est pas efficace face à un problème de débouchés pour une entreprise ou face à un problème de compétitivité.”

Mardi, lors de la réunion de groupe PS à l’Assemblée, à laquelle ont assisté le Premier ministre, Arnaud Montebourg et Michel Sapin, plusieurs députés socialistes ont affirmé, en sortant, que l’atmosphère était assez “glaciale”.

Une dissension dans les rangs de l’exécutif, que la porte-parole du gouvernement Najat Vallaud-Belkacem s’est employée à nier mercredi, assurant que “la solidarité gouvernementale est entière” sur le sujet.

Qu’il y ait des différends, c’est normal, car on a des sensibilités de gauche différentes dans ce gouvernement”, commente, pour sa part, un ministre. “Mais ça ne peut se faire sous les regards de la représentation nationale”, estime ce membre.

Emmanuel Maurel ParisAu Parti socialiste, qui se réunissait en Bureau national mardi soir, les partisans de l’aile gauche, qui depuis le Congrès de Toulouse (fin octobre), défendent l’idée de nationalisation, “n’ont pas voté” le communiqué sur Florange proposé par la direction, a expliqué à l’AFP Emmanuel Maurel, l’un de ses représentants.

Nous voulions qu’apparaisse”, dans le texte, entre autres, l’idée de “recours à la +nationalisation temporaire+ si les engagements de Mittal n’étaient pas tenus. Harlem Désir n’a pas souhaité que figurent ces termes”, a-t-il ajouté.

En pleine “contradiction”, note-t-il, “déçu”, avec une prise de position du PS du 26 novembre, signée d’Harlem Désir, qui disait que “si le groupe Mittal (…) ne prenait pas ses responsabilités, le PS soutenait “la solution d’une prise de contrôle public temporaire de l’Etat”.

On est sur une position qui est celle du soutien de la position du gouvernement, on l’assume”, a confié un proche de M. Désir.

Oui, c’est une question qui nous divise, y compris au sein du gouvernement. Mais derrière cette question”, note un autre proche du patron du PS, “il y a la question de savoir si on considère que la nationalisation est un outil dans la négociation, à utiliser en dernier recours, ou si c’est un changement de paradigme dans la politique industrielle qui est menée. La majorité pense que c’est la première solution”.

Tout le monde est acquis à l’idée que la nationalisation temporaire était un moyen de faire pression, un moyen et non une fin”, affirme le député Olivier Faure, ancien conseiller de M. Ayrault.

Le sénateur Gérard Longuet (UMP), ancien ministre de l’Industrie, a estimé que c’était “le silence du président qui (avait) rendu l’équivoque entre (Jean-Marc) Ayrault et (Arnaud) Montebourg possible”.

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