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27 mars 2013 3 27 /03 /mars /2013 17:37

L'Humanité - 27 mars 2013 - SG

Lancée par des élus et responsables socialistes locaux, la pétition contre l'Accord national interprofessionnel sur la réforme du travail atteint ce mercredi plus de 1200 signatures.

Ce nombre qui augmente de jour en jour en bas de la pétition ne passe pas inaperçu, à une semaine de l'ouverture à l'Assemblée nationale de la discussion du projet de loi de transcription de l'ANI sur l'emploi. Le Parti socialiste n'est donc pas comme un seul homme derrière ce texte législatif en préparation qui entérinerait de nombreuses régressions dans le droit de travail pour les salariés.

"Des marges de manoeuvre existent"

Sans surprise, les noms de Marie-Noëlle Lienemann, Emmanuel Maurel, Gérard Filoche, Marianne Louis, Jérôme Guedj, Julien Dray, Jean-François Thomas, Anne Ferreira et, Jonathan Munoz, tous membres du bureau national du PS, se trouvent parmi les signataires de l'appel initié par les socialistes de Seine-Maritime.

Le 5 mars dernier, lors de la manifestation contre l'ANI, Emmanuel Maurel expliquait à l'Humanité.fr pourquoi ce projet de loi n'est pas bon :

Dans L'Humanité de ce mercredi, Marie-Noëlle Lienemann, avec le député PS Jérôme Guedj, réitèrent leur opposition au texte. "Il n'est pas sûr du tout qu'au sein de la gauche, cet accord soit majoritaire. la marge de manoeuvre existe pour le modifier", souligne même la sénatrice PS de Paris. On comprend mieux son opinion au vu des 1200 signatures recueillies sur la pétition "Pour renforcer les droits des salariés, le non socialiste au Medef". De nombreux élus locaux de toute la France se sont joints à l'initiative qui appelle à "amender le projet de loi, améliorer le Code du travail, écouter les syndicats majoriatires (FO et CGT, non signataire de l'ANI, ndlr), il n’y a rien de plus urgent quand on est socialistes".

A consulter :

Les comptes Tumblr et Facebook où signer la pétition

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27 mars 2013 3 27 /03 /mars /2013 14:58

Médiapart.fr - 27 mars 2013 | Par Mathieu Magnaudeix

assedicMardi en fin d'après-midi, les députés venaient d'entamer la discussion sur l'accord emploi en commission des affaires sociales quand le chiffre est tombé. Une mauvaise nouvelle, une de plus. En février, le nombre de demandeurs d'emploi n'ayant pas du tout travaillé a encore grimpé de 18.000. Le chômage est à son plus haut depuis 15 ans.

C'est dans ce contexte troublé, empoisonné par les affaires et les échos de la législative partielle de dimanche à Beauvais, remportée de justesse par l'UMP face au FN, que les députés ont commencé à se pencher sur un texte sur lequel l'exécutif compte beaucoup pour relancer l'activité des entreprises : la retranscription dans la loi de l'accord sur l'emploi signé en janvier par certains syndicats (CFDT, CGC, CFTC) et le patronat. Cette semaine sera celle des amendements. La semaine prochaine, le texte sera examiné en séance publique, avant de passer au Sénat à partir du 17 avril. Une lecture en urgence, avec un seul passage dans les deux Assemblées.

Au départ, le texte devait être une simple retranscription de l'accord, ce fameux «compromis historique» que le social-démocrate François Hollande avait appelé de ses vœux. Un temps, il fut même question que les rapporteurs du texte soient les présidents des groupes PS au Sénat et à l'Assemblée.

La réalité a été un peu différente. Le texte a un peu bougé à la faveur de la retranscription, à l'initiative du ministère du travail lui-même et malgré les récriminations du Medef. Les parlementaires ont aussi fait comprendre qu'ils ne comptaient plus jouer les «godillots» face à un pouvoir dont la ligne politique les questionne de plus en plus. D'autant qu'à l'impopularité du gouvernement s'ajoutent les déflagrations politiques en série de la dernière semaine, qui créent un climat de désolation. «Entre l'affaire Cahuzac, la mise en examen de Sarkozy, un FN très haut dimanche à Beauvais, une radicalisation de la droite devenue quasi-insurrectionnelle lors de la manifestation contre le mariage et les propos de Mélenchon qui vont contre l'union de la gauche, la semaine a été flippante», s'inquiète Emmanuel Maurel, le leader de l'aile gauche du PS.

ANI-compil.pngPas question toutefois de faire évoluer le cadre assez strict fixé par les partenaires sociaux dans cette réforme du marché du travail. Le groupe PS a bien déposé plus de 200 amendements, mais ils ne remettent pas en cause les grandes lignes de l'accord signé le 11 janvier :

Du côté de la flexibilité : de nouvelles règles du licenciement économique ; la création des "accords compétitivité-emploi" un temps proposés par Nicolas Sarkozy pour ajuster le temps de travail ou les salaires en cas de difficulté économique ; facilitation des mobilités etc.

Du côté de la sécurisation pour les salariés : création de droits rechargeables au chômage ; seuil minimum de 24 heures par semaine pour les contrats à temps partiel ; généralisation de la mutuelle complémentaire pour tous les salariés, etc.

Sur ce texte, la majorité est profondément fracturée. D'un côté, on trouve ceux qui, comme le premier ministre Jean-Marc Ayrault, estime que l'accord est un «progrès pour les salariés et les entreprises». De l'autre, ceux qui y voient surtout la porte ouverte à une flexibilisation encore plus grande du marché du travail au pire moment, alors que le chômage grimpe. Au milieu, beaucoup d'élus un peu perdus, rebutés par la complexité des enjeux ou s'interrogeant sincèrement sur les vertus et les dangers du texte. Un texte à tiroir, très technique, dont les conséquences réelles mettront de toute façon des années à apparaître, comme c'est toujours le cas lorsqu'on touche au droit de travail.

Lundi soir, la “motion 3”, la gauche du PS, avait convié à l'Assemblée nationale plusieurs dizaines de militants, de syndicalistes et de juristes. Mais aussi plusieurs figures de la gauche, comme le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent, ou le chef de file des écologistes au Sénat, Jean-Vincent Placé. Tous sont très remontés contre l'accord. Dans la salle, le cégétiste Maurad Rabhi fustige «l'accord le plus néfaste pour les salariés depuis un certain nombre d'années. Si ça avait été présenté par un gouvernement de droite, on serait tous dans la rue…».

Emmanuel Maurel Paris 2«Après le traité européen et le crédit d'impôt de 20 milliards pour les entreprises, voilà le troisième élément du triptyque», s'inquiète Emmanuel Maurel, vice-président du conseil régional Île-de-France et figure de l'aile gauche du PS, qui réclame depuis des semaines un «tournant de la relance». «La social-démocratie, ce n'est pas ça, reprend-il. C'est un parti qui s'appuie sur un mouvement social fort et impose des contreparties au patronat. Là, il n'y a pas beaucoup de rapport de force, pas beaucoup de contreparties pour les salariés.» Et de pointer la «reprise in extenso des accords compétitivité emploi de Nicolas Sarkozy», la «simplification des procédures de licenciement» ou encore la «taxation des contrats courts qui en réalité ne concernera que 3% des CCD, et même pas l'intérim».

«L'accord signé n'est pas majoritaire», souligne la sénatrice Marie-Noëlle Lienemann – en réalité, il l'est, mais au vu des règles de représentativité actuelle… qui vont changer cet été, sur la base des derniers résultats aux élections professionnelles. «S'il n'y a pas de rééquilibrage sérieux, nous ne le voterons pas», prévient-elle. «Marie-Noëlle aurait pu être la porte-parole d'EELV ! renchérit le chef de file des sénateurs écologistes, Jean-Vincent Placé, venu passer la tête une demi-heure. Le texte nous apparaît totalement déséquilibré

«Terrorisé» à l'idée que le débat ne dure qu'une semaine à l'Assemblée, le député PS Jérôme Guedj, ancien proche de Jean-Luc Mélenchon, annonce une pluie d'amendements à venir, y compris en séance, et fait l'apologie de la loi sur le contrat. «Je refuse le totem, la vache sacrée d'un accord devant lequel il faudrait se prosterner car il procède de la démocratie sociale», lance-t-il à la salle.

Le communiste Pierre Laurent ne dit pas autre chose. «Ce texte ouvre grand les vannes de l'insécurité des salariés et va encourager les licenciements et les politiques de compétitivité contre les salariés», explique-t-il. Il juge «invraisemblable de présenter comme une victoire» le récent accord de compétitivité chez Renault, «qui entérine la suppression de 7 500 postes». Maurad Rabhi (CGT) rappelle qu'une des premières usines à avoir accepté un accord de compétitivité, Bosch Vénissieux (panneaux solaires, en 2004), est en train de mettre la clé sous la porte.

Les députés Front de gauche, pour qui ce texte constitue «la mère de toutes les batailles», promettent d'ailleurs de déposer «plus de 1 000 amendements sur le texte», selon Le Figaro. Du jamais vu à gauche depuis l'élection de François Hollande.

Le débat accapare aussi les écologistes. La semaine dernière, la réunion hebdomadaire du groupe des députés écolos a été agitée. Alors que François de Rugy, le coprésident du groupe, est très favorable au texte (au contraire de son alter ego du Sénat, Jean-Vincent Placé), plusieurs députés, comme Sergio Coronado, Noël Mamère ou Eva Sas, ont évoqué une possible abstention.

Samedi, le conseil fédéral s'est mis d'accord sur une motion de compromis, qui salue «des avancées pour un mieux-disant social», mais déplore aussi un «texte trop déséquilibré et insuffisamment sécurisant pour les salariés les plus fragilisés par la crise, notamment sur les modalités de choix de la complémentaire santé, la représentativité dans les accords du maintien dans l’emploi, l’encadrement de la mobilité, la sécurisation du temps partiel, le juge judiciaire».

La motion unitaire a beau avoir été votée par 80 voix sur 100, les militants n'ont pas caché leurs doutes. «Si à chaque fois faut faire la synthèse, on ne s'en sortira pas auprès des électeurs», a déploré une militante. Quand la ministre Cécile Duflot a soutenu l'ANI, dramatisant l'enjeu – «cette méthode est la bonne, notre position est attendue avec attention et importance» – , elle a été accueillie par un silence glacé.

Pour les écologistes, cet accord est un casse-tête. Car s'il fait primer le dialogue social sur la loi, ce qui correspond à l'ADN des écolos, il contient aussi des dispositions qui les irritent. « Je défends la position des syndicats lorsqu'ils signent des accords. Tout ne peut pas “tomber” des institutions et du Parlement, estime Pascal Durand, le secrétaire général d'EELV. Mais parce que je suis avocat, je n'oublie pas non plus la phrase de Lacordaire : “Entre le fort et le faible, entre le riche et le pauvre, entre le maître et le serviteur, c'est la liberté qui opprime, et la loi qui affranchit.”»

D'autant que, comme le souligne Durand, «personne ne pense que l'accord est satisfaisant… même les syndicats qui l'ont signé !».  Les écologistes ont déposé une quarantaine d'amendements, dont certains rédigés avec le soutien de l'inspecteur du travail Gérard Filoche. Ils entretiennent le suspense sur leur vote final, en fonction des amendements adoptés.

«Le vrai enjeu est de sécuriser le texte pour qu'il ne soit pas mal interprété juridiquement après son adoption», insiste le député Christophe Cavard, responsable écolo du texte à l'Assemblée nationale. «Nous sommes sur une abstention évolutive», résume le sénateur Jean Desessard. Certains pourraient toutefois voter pour. «En l'état c'est abstention ou vote contre, mais pas de soutien car le texte est trop déséquilibré», estime au contraire Eva Sas. La situation est d'autant plus complexe que les écologistes ne se voient pas «ouvrir une crise avec le gouvernement» auxquels ils appartiennent. «Ce n'est pas le moment…», dit un dirigeant écolo.

Quant aux députés socialistes, élus en juin dernier avec les voix du Front de gauche, certains ont été pris à partie ces dernières semaines par leurs électeurs ou des syndicalistes au sujet de la loi emploi. Comme Sébastien Denaja, ségoléniste élu dans l'ex-bastion communiste de Sète (Hérault). Avec une vingtaine de parlementaires de toutes les tendances du PS, ce ségoléniste a déposé 13 amendements, dont l'interdiction de distribuer des dividendes la première année quand un accord compétitivité emploi a été mis en place, ou la proposition d'avancer d'un an la généralisation de la complémentaire santé pour tous les salariés, prévue en 2016. Il «n'exclu(t) pas de s'abstenir» si le texte n'est pas amélioré.

AN2.JPGDe leur côté, les proches du ministre Benoît Hamon, ralliés à la motion Aubry-Ayrault lors du dernier congrès du PS, ont déposé une quarantaine d'amendements. «Je suis très inquiète, explique l'une d'entre elles, Barbara Romagnan. Personne ne croit que cet accord va vraiment créer de l'emploi. Tous les spécialistes le disent : il n'est pas utile de flexibiliser le marché du travail en période de crise, alors que les salariés n'ont pas de moyens de pressions. Il faudrait beaucoup d'amendements pour que je vote pour ce texte.» Une bonne partie de l'aile gauche du groupe, une vingtaine de député-e-s (dont beaucoup avaient voté contre le traité européen en octobre), pourrait s'abstenir.

Au sein du groupe PS, il n'est certes pas question de fronde. Reste que parmi les députés, surtout les plus jeunes, le scepticisme et l'impatience ne cessent de croître. Alors que c'est d'habitude le texte de la commission qui est examiné par les députés, des amendements portant sur la mobilité des salariés, l'interdiction de verser des dividendes aux actionnaires après un “accord compétitivité emploi” ou un contrôle plus étroit des licenciements collectifs dans les entreprises ayant bénéficié du crédit d'impôt ne manqueront pas de surgir dans l'hémicycle. Ce qui augure sans doute de quelques passes d'armes publiques avec le gouvernement.

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22 mars 2013 5 22 /03 /mars /2013 13:43

LienemannAprès les avancées significatives portées par l’Assemblée nationale, le Sénat examinait cette semaine la loi de séparation et de régulation bancaire.

Dans un travail indispensable d’amélioration du texte, Marie-Noëlle Lienemann a déposé plus de 30 amendements dont vous retrouverez les points forts ci-dessous. Vous pouvez également retrouver son intervention en discussion générale à la tribune du Sénat lors de ces débats.

Les avancées du texte qu'elle a portées et qui ont été reprises par l’ensemble du groupe socialiste du Sénat :

1.L’obligation pour les banques de publier pays par pays leurs bénéfices/ pertes avant impôt, le montant total des impôts dont elles sont redevables et les subventions publiques perçues (vise notamment la présence dans les paradis fiscaux)

2. Le rapport précis que le Gouvernement doit remettre au Parlement fin 2014 quant aux conséquences de la loi de séparation sur la taille et la nature des opérations des filiales, les volumes des opérations de trading à haute fréquence et la spéculation sur les matières premières agricoles (vise à évaluer la portée de la présente loi et la nécessité ou pas de passer à une deuxième phase de stricte séparation)

3. La faculté pour les Assemblées Générales d’actionnaires de donner leur avis sur la rémunération des dirigeants et de suspendre les bonus en cas de faillite

4. Fixation d’un quota d’activité pour les banques quant à leurs prises de positions sur le marché des matières premières agricoles

Les amendements principaux qu'elle a portés à titre personnel et repris par plusieurs de ses collègues :

1. Interdiction des hedge funds pour les opérations réalisées en faveur des clients des banques et pas seulement que pour le compte propre des banques

2. Filialisation de toutes les opérations réalisées avec une contrepartie dans un paradis fiscal

3. Interdiction de l’ensemble des opérations de négoce à haute fréquence, facteur et outil de spéculation

4. Obligation pour les banques de publier dans un rapport annuel leur participation au financement de l’économie réelle (collecte, crédit aux particuliers, aux petites moyennes et entreprises de taille intermédiaire ainsi qu’aux structures de l’économie sociale et solidaire)

5. Interdiction de toutes les opérations de spéculation non couvertes par un risque sur le marché des matières premières agricoles et pas seulement celles, minoritaires, réalisées pour leur compte propre

6. Interdiction des stock-options pour les dirigeants des établissements de crédit

7. Obligation de publicité pour les rémunérations des dirigeants de tous les établissements de crédit

8. Introduction d’au moins deux représentants des salariés dans les organes de direction des établissements de crédit

9. Introduire d’une résiliation annuelle des assurances garantissant aux emprunteurs un libre choix tout au long de leur prêt sans avoir à verser d’indemnités, va dans le sens d’une meilleure protection

Intervention de Marie-Noëlle Lienemann lors de Discussion générale au Sénat  le Mercredi 20 mars 2013

Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, on nous avait annoncé, lors des fameux G20 de 2008 et de 2009, qu’on allait moraliser le capitalisme et réguler l’économie, en particulier bancaire. La réalité, c’est que tout continue comme avant !

Après avoir chuté, les bénéfices des banques sont revenus à leur niveau d’avant la crise. Les versements des dividendes n’ont enregistré presque aucun recul. La part de la rémunération variable moyenne des banques d’investissement actives au niveau mondial a, certes, diminué entre 2007 et 2011, mais les salaires fixes ont augmenté.

J’espère, monsieur le ministre, que vous y serez sensible, je me permets de citer l’excellent rapport de M. Peer Steinbrück, président du groupe SPD au Bundestag, qui prône une nouvelle approche des marchés financiers. Son diagnostic va particulièrement loin. Selon lui, les paradis fiscaux n’ont pas disparu et les produits dérivés, partout dans le monde, sont en hausse.

Ainsi, le montant global des actifs des hedge funds n’a-t-il jamais été aussi élevé dans l’histoire.

Il atteint 2 300 milliards de dollars, dont 1 395 milliards offshore. En 2000-2001, on n’en était qu’à 750 milliards de dollars, dont 500 milliards offshore. Certes, ces chiffres ont reculé en 2008, mais pour mieux reprendre leur ascension, et bien plus fortement qu’auparavant.

La spéculation continue, les produits dérivés se multiplient et le système français n’est, hélas, pas en reste. Penchons-nous, par exemple, sur les montants notionnels des instruments dérivés de la BNP, la tendance étant identique pour les autres grandes banques systémiques françaises. En 2011-2012, ils ont atteint 47 000 milliards d’euros. Ils n’étaient pourtant que de 10 000 milliards d’euros dans les années 2000, et ont donc été multipliés par quatre. En 2008, ils ne représentaient encore que 38 000 milliards d’euros.

La crise n’a donc pas réduit la demande de produits dérivés, qui a continué de progresser, et plus fortement que par le passé.

Donc, la spéculation ne recule pas, elle augmente.

Pendant ce temps, les PME ont de plus en plus de mal à obtenir des crédits pour développer leurs activités. Il convient donc de se réjouir de la création de la BPI ! Pendant ce temps, un nombre de plus en plus important de nos concitoyens payent des frais bancaires importants, ont des difficultés pour accéder au crédit ou se trouvent pénalisés dans le cadre de leurs opérations bancaires.

Dans ces conditions, ce projet de loi est bienvenu, car son objectif, comme ce devrait d’ailleurs être celui des textes européens, est de recentrer notre secteur bancaire sur sa mission, à savoir l’intermédiation entre le dépôt, l’épargne et l’économie réelle. Voilà la seule mission qui compte pour les banques !

Ce texte devrait assurer une seconde mission : prémunir les déposants et les contribuables des risques, en particulier les risques spéculatifs.

Pour ma part, j’estime qu’il faut être lucide. Non, les crises bancaires, qu’elles soient européennes ou mondiales, ne sont pas obligatoirement derrière nous !

Je suis d’ailleurs étonnée que personne n’ait parlé de Chypre. Je sais bien que son système bancaire est particulier. Néanmoins, quand il y a une crise bancaire quelque part, on observe toujours un effet ailleurs : c’est l’effet domino !

Surtout, M. Philippe Wahl, président du directoire de La Banque postale, affirmait, le 26 février dernier, dans un colloque organisé par The Economist : « Il y aura une nouvelle crise bancaire, nous le savons. […] Nous savons d’où elle viendra. » Il ciblait ce que l’on appelle les « systèmes parallèles », en particulier les fonds alternatifs.

Si nous sommes d’accord sur le risque d’une nouvelle crise bancaire, il faut regarder lucidement la situation française : nous sommes particulièrement vulnérables. Notre pays compte quatre, voire cinq, mégabanques. Au classement des plus grandes banques mondiales, la BNP occupe la sixième place, le Crédit agricole la neuvième, la Société générale la dix-neuvième, le groupe Banques populaires-Caisses d’épargne la quarante et unième. Or, dans toutes ces banques, la part des activités d’investissement est particulièrement élevée. Les activités d’investissement des deux premières banques françaises, la BNP et le Crédit agricole, sont plus importantes que celles de Goldman Sachs et de Morgan Stanley réunies !

Notre secteur bancaire est donc particulièrement vulnérable.

J’ai longtemps cru que disposer de banques de taille mondiale était un atout. J’étais de ceux qui pensaient que c’était bon pour la grandeur de la France. Eh bien aujourd’hui, je pense exactement l’inverse : ce sont des colosses aux pieds d’argile ! En Allemagne, ce pays auquel on se réfère toujours lorsqu’il s’agit de réduire les droits sociaux, il y a une mégabanque et 1 500 petites banques de proximité. Les ingénieurs allemands ne se consacrent pas, comme nos polytechniciens, à l’élaboration de produits dérivés : ils vont travailler dans l’industrie, parce que les banques allemandes pratiquent bien davantage l’investissement direct dans l’économie ou dans la dette nationale que les investissements spéculatifs.

Nous devons être conscients de la réalité de la situation des banques françaises. Évidemment, ce n’est pas du jour au lendemain que l’on pourra changer complètement de modèle !

Les actifs des cinq grandes banques françaises présentant un risque systémique s’élèvent à 335 % du PIB du pays. Aux États-Unis, les actifs des huit banques systémiques représentent 61 % du PIB national.

Pour ma part, j’estime que le temps est venu d’aller vers une séparation des activités. Je prends acte du fait que ce projet de loi qui, certes, ne va pas assez loin, constitue un progrès. Ce progrès, nous devons l’approfondir, comme l’Assemblée nationale l’a déjà fait ! À cette fin, j’ai déposé trente amendements : nous devons aller le plus loin possible pour instaurer une séparation étanche entre activités utiles à l’économie et activités spéculatives. Je le dis tout net, je crains que l’accélération des crises ne renforce la nécessité d’une seconde étape. Je pense que le Gouvernement, attentif à garantir la sûreté des dépôts des Français, soucieux de l’avenir de notre économie et du redressement de notre pays, sera amené, un jour ou l’autre, à nous proposer cette nouvelle étape ; réussissons déjà la première !

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22 mars 2013 5 22 /03 /mars /2013 08:42

Les animateurs valdoisiens du courant « Maintenant la Gauche », motion 3 du Parti Socialiste (qui avait recueilli 13 % des suffrages au congrès de Toulouse, 16 % dans le Val-d'Oise), ont écrit ce vendredi aux parlementaires de gauche du Val-d'Oise (PS et MUP) pour les encourager à exercer pleinement leurs prérogatives de députés et de sénateurs.

Les parlementaires ont pour mission première de faire la loi, ils ne sauraient donc se contenter d'adopter sans discussion et sans amendements un texte négocié sur la base des revendications du MEDEF et validé par des syndicats qui ne représentent pas la majorité des salariés.

Faire discuter les partenaires sociaux, c’est une rupture avec l’ère Sarkozy, qui faisait siffler les syndicats pendant ses meetings. Mais nous constatons depuis le 11 janvier dernier que cet accord est très largement déséquilibré en faveur du patronat.

Rien ne saurait justifier les nombreuses régressions sociales et les nouvelles précarités qu'il ne manquera pas de créer :

  • démantèlement du droit d'information des représentants du personnel ;
  • sanctuarisation des accords compétitivité-emploi promis par Sarkozy, qui permettent de diminuer les salaires pendant 2 ans sans l'accord des salariés ;
  • mobilité forcée des travailleurs sans compensation ;
  • "sécurisation des plans sociaux" : les syndicats ne pourront contester les vices de procédure devant le juge alors même qu'ils ne peuvent déjà en contester le motif ;
  • perte de 3 ans pour les délais de recours par les salariés devant les prud'hommes ;
    réduction des délais de recours en cas de plan social ;
  • restriction des possibilités de recours en cas de non respect du contrat par l'employeur ;
  • plafonnement des indemnisations dues aux salariés en cas de recours aux prud'hommes.

Nous constatons certes quelques avancées : extension des complémentaires santé, création de droits rechargeables pour l’indemnisation du chômage (reportée à des négociations ultérieures), taxation des contrats courts (une minorité d'entre eux), fixation du temps partiel à 24 heures minimum par semaine, présence d'au moins un salarié dans le conseil d'administration des grands groupes boursiers. Mais à l'heure actuelle, le contenu de ce texte traduirait un véritable bouleversement de la vie concrète de millions de travailleurs à travers le démantèlement de droits individuels et collectifs obtenus de haute lutte, notamment grâce aux combats des salariés mais aussi de nos aînés socialistes.

Lettre_ANI_MLG_95_collectif.jpgNous demandons que les parlementaires du PS et du MUP se saisissent du projet de loi, afin que le futur projet de loi constitue une avancée réelle en faveur de l'emploi et de la sécurisation des parcours professionnels des salariés de notre pays.

Nous diffusons également la pétition militante «Pour renforcer les droits des salariés, le NON socialiste au Medef» http://nonsocialisteaumedef.tumblr.com/

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21 mars 2013 4 21 /03 /mars /2013 07:49

Libération.fr - 20 mars 2013

JM_Ayrault.jpg«Maintenant la gauche» appelle également le Premier ministre à riposter à la motion de censure de l’UMP en dénonçant les décisions passées du précédent gouvernement.

«Maintenant la Gauche», qui réunit l’aile gauche du PS, a appelé Jean-Marc Ayrault, à quelques heures de la motion de censure contre son gouvernement, à «annoncer au plus vite un grand plan de relance de croissance et de l’emploi», invitant le Premier ministre à engager «le tournant de la relance».

Jean-Marc Ayrault doit «annoncer au plus vite un grand plan de relance de croissance et de l’emploi fondé sur un programme accéléré d’investissements publics et industriels, sur des mesures d’amélioration du pouvoir d’achat et une réforme fiscale d’envergure», écrit «Maintenant la Gauche», dont les principales personnalités sont Emmanuel Maurel, Marie-Noëlle Lienemann et Jérôme Guedj.

«Il est urgent de sortir du dogme paralysant de la réduction accélérée des déficits publics à 3%. Différer d’un an cette échéance revient à “reculer pour mieux sombrer”», poursuit leur communiqué.

Evoquant la «riposte» du Premier ministre à la motion de censure des «partis de droite», mercredi après-midi, «Maintenant la Gauche» considère qu’il «est essentiel qu’il (Jean-Marc Ayrault) dénonce d’une part les graves conséquences de leurs décisions passées, de leurs choix européens et nationaux mais aussi qu’il engage le tournant de la relance, une politique économique vraiment différente».

Lienemann Maurel GuedjEmmanuel Maurel, Marie-Noëlle Lienemann et Jérôme Guedj, est-il précisé, ont manifesté leur vive inquiétude, lors de la réunion du Bureau national (direction) du PS, mardi soir, devant les «prévisions désormais concordantes et répétitives qui annoncent une croissance quasi-nulle et une forte hausse du chômage cette année».

Une «Assemblée des gauches et des écologistes», en présence notamment de Marie-Noëlle Lienemann, de Jean-Vincent Placé (EELV) et Pierre Laurent, le n°1 du PCF, se réunira lundi soir à l’Assemblée nationale pour dénoncer «les reculs sociaux» que présentent, selon les organisateurs du forum, l’accord national interprofessionnel signé en janvier entre partenaires sociaux et qui va faire l’objet d’un projet de loi soumis prochainement aux députés.

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5 mars 2013 2 05 /03 /mars /2013 09:32

Francetvinfo - publié le 05/03/2013 | 07:01

Lienemann_Maurel_Guedj.jpgLa sénatrice Marie-Noëlle Lienemann, le conseiller régional Emmanuel Maurel et le député Jérôme Guedj, tous trois membres de l'aile gauche du PS, le 9 octobre 2012 à Paris. (MAXPPP)

Accord sur l'emploi, réforme des retraites, budget européen… Sujet après sujet, l'aile gauche du Parti socialiste constate avec effarement les directions prises par François Hollande depuis le 6 mai. Alors que la CGT et Force ouvrière appellent les salariés à descendre dans la rue, mardi 5 mars, le secrétaire national du PS, Emmanuel Maurel, appelle solennellement le chef de l'Etat à "rester fidèle à ses engagements" de campagne et à "changer de cap".

Francetv info : Dans un sondage paru dimanche, 44% des électeurs de François Hollande se disent déçus de ses dix premiers mois à l'Elysée. En faites-vous partie ?

Emmanuel Maurel : Le chômage explose, la précarité aussi… Je ne crois pas qu'il y ait de colère vis-à-vis de François Hollande, mais il y a des doutes, de l'inquiétude, de la circonspection à l'égard de la politique qui est menée. En ce qui me concerne, j'ai milité comme un fou pour François Hollande durant la campagne. Le discours du Bourget m'avait incroyablement enthousiasmé. Alors je me bats pour que l'on reste fidèle aux engagements qui ont été pris. Il est temps de changer de cap, d'ouvrir une nouvelle ère, et vite.

Ce mardi, la CGT et Force ouvrière appellent les salariés à manifester contre l'accord sur l'emploi négocié en janvier et signé par le Medef, la CFDT, la CFTC et la CFE-CGC. Vous joindrez-vous à cette manifestation ?

Oui, j'irai avec mes camarades saluer les responsables syndicaux qui ont préparé cette manifestation. C'est logique, puisqu'elle est organisée contre un accord qui précarise largement les salariés. Dans le cortège, 90% des manifestants seront des personnes qui ont voté François Hollande au deuxième tour. Il s'agit de nos électeurs, ils s'inquiètent par rapport à cet accord, et ils ont raison d'être inquiets.

Que reprochez-vous à ce texte ?

Qu'on le veuille ou non, on reprend les fameux accords compétitivité-emploi de Sarkozy, que François Hollande avait condamnés il y a un an avec beaucoup de force. Si ce texte est adopté, le contrat de travail primera sur la loi, et un accord d'entreprise permettra de baisser le salaire ou d'augmenter le temps de travail. Soyons francs : si on se replace un an en arrière, était-il imaginable que la gauche puisse accepter un tel recul ? Par ailleurs, je ne vois pas bien en quoi le fait de licencier plus facilement des salariés va contribuer à lutter contre le chômage.

François Hollande et Jean-Marc Ayrault ont déjà prévenu qu'il n'était pas question de toucher à cet accord. Comment espérez-vous améliorer le texte ?

Faire vivre le dialogue social, c'est très bien. Mais pendant la campagne, on a promis de revaloriser le Parlement, de redonner un rôle majeur aux députés et aux sénateurs… Et aujourd'hui, voilà qu'on demande aux parlementaires d'être les greffiers d'un accord de syndicats, qui ne représentent même pas la majorité des salariés ! Il y a là un vrai problème. Les parlementaires doivent jouer tout leur rôle. Au sein du groupe socialiste à l'Assemblée et au Sénat, il y aura donc des amendements pour améliorer ce texte.

Sur un autre sujet majeur, celui de la réforme des retraites, on parle déjà d'allonger la durée de cotisation, de repousser l'âge légal de départ… Ces premières pistes vous inquiètent-elles ?

Bien sûr. On sait très bien que l'aggravation du déficit du système s'explique par le fait que le chômage explose et qu'il y a donc moins de cotisants. Quand on est un socialiste conséquent, la première réponse que l'on doit apporter à un tel problème, c'est de relancer l'emploi. Comment peut-on envisager de reculer l'âge de départ à la retraite, alors que l'une des plaies du système français, c'est qu'il y a des gens qui, lorsqu'ils perdent leur emploi à 55 ans, ne retrouvent plus de boulot ? Quant à une baisse des pensions, elle menacerait dangereusement le pouvoir d'achat, et donc la relance. Encore une fois, faisons attention à ce que l'on préconise en tant que socialistes une fois au pouvoir, par rapport à ce que l'on proposait il y a encore quelques mois.

Comment expliquez-vous qu'en un an, il y ait une telle différence entre les promesses du candidat François Hollande et les décisions du président ?

Je me pose la question… Il y a manifestement un refus de la part de l'exécutif d'affronter un rapport de force, au prétexte qu'il nous serait défavorable. Il y a une forme de défaitisme social. En la matière, l'exemple des "pigeons", il y a quelques mois, était frappant : face à quelques entrepreneurs qui avaient quelques amis sur Facebook, on a aussitôt reculé, plutôt que de dire qu'on avait 16 millions d'électeurs derrière nous.

Avez-vous le sentiment que vos appels et vos avertissements sont écoutés par François Hollande ?

Notre parole est en tout cas écoutée et partagée par une bonne partie des militants socialistes, et plus largement parmi les partis de gauche. Par contre, je constate en effet que l'exécutif reste totalement sourd à ce que l'on raconte. Pourquoi ? Parce qu'à trop craindre madame Merkel et les marchés financiers, on en oublie aussi celles et ceux qui nous ont élus. C'est pour cela qu'on appelle François Hollande à réorienter sa politique. Il n'est pas encore trop tard : nous ne sommes qu'au début du quinquennat…

Propos recueillis par Bastien Hugues

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21 février 2013 4 21 /02 /février /2013 13:51

Emmanuel Maurel sur RFI ce matin pour aborder la stratégie économique du gouvernement et l'actualité : sortir du dogme des 3% et entamer le tournant de la relance !


Emmanuel Maurel par rfi

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15 février 2013 5 15 /02 /février /2013 14:42
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14 février 2013 4 14 /02 /février /2013 12:34

Jean-Marc Ayrault a reconnu mercredi soir que l’objectif d’atteindre 3% de déficit en 2013 ne sera pas “exactement atteint”. Emmanuel Maurel, Marie-Noëlle Lienemann, Jérôme Guedj et Marianne Louis, tous les quatre membres du bureau national du PS et réunis dans le courant “Maintenant la gauche”, appellent le gouvernement à abandonner ce cap érigé par François Hollande, “un mantra érigé en dogme”. Tribune.

3% DE DEFICIT – “Ce dogme s’est révélé mortifère pour les économies européennes. Les esprits lucides le disaient, l’expérience l’instruisait: la réalité l’a confirmé. En finir avec cet objectif aussi chimérique que néfaste, c’est revenir au pragmatisme. L’abandon du dogme des 3%, c’est le retour à la raison après des années de déraison et d’aveuglement”, juge le courant “Maintenant la gauche”.

Retrouvez cette tribune sur http://www.lexpress.fr/actualite/politique/3-de-deficit-l-appel-de-la-gauche-du-ps-pour-en-finir-avec-les-chimeres_1220484.html

Maurel_Lienemann_Guedj_Louis.jpgEmmanuel Maurel, Marie-Noëlle Lienemann, Jérôme Guedj & Marianne Louis

Nous le disons depuis longtemps déjà les politiques de réduction à marche forcée des déficits publics mènent inexorablement à l’austérité généralisée. Même le FMI l’admet après l’avoir longtemps promue: la rigueur n’est pas “efficace”, puisqu’elle mène tout droit à la récession, à l’augmentation vertigineuse du chômage, et au creusement de la dette qu’elle est pourtant censée combattre!

Au moment où les Etats-Unis, par la voix de leur président, envisagent une augmentation des investissements publics et une hausse du salaire minimum de plus de 20%, l’Europe se plait à demeurer l’idiot du village planétaire. Incapable du moindre sursaut, l’Union s’enferre dans une politique qui échoue: réduction du budget communautaire, euro-fort qui pénalise nos industries, dumping social et fiscal qui encourage les délocalisations !

C’est dans ce contexte que ressurgit aujourd’hui le débat sur “l’objectif des 3%” fin 2013. Le gouvernement prépare les esprits à coups de formules diplomatiques: si l’objectif ne sera pas atteint cette année, il était, de l’aveu même d’un de ses plus éminents ministres, une “chimère nécessaire”! Si la politique se nourrit parfois de mythes et de symboles, il n’est pas bon pourtant de verser dans la pensée magique.

Priorité à la relance de la croissance

Or c’est bien de cela qu’il s’agit. L’objectif des 3% est un mantra qui fut érigé en dogme. Ce dogme s’est révélé mortifère pour les économies européennes. Les esprits lucides le disaient, l’expérience l’instruisait: la réalité l’a confirmé. En finir avec cet objectif aussi chimérique que néfaste, c’est revenir au pragmatisme. L’abandon du dogme des 3%, c’est le retour à la raison après des années de déraison et d’aveuglement.

La priorité est aujourd’hui à la relance de la croissance, préalable indispensable à la restauration de déficits publics soutenables. Les taux d’intérêts exceptionnellement bas la justifient, permettant des investissements publics massifs en faveur d’un nouveau mode de développement.

En décidant de mettre en parenthèse l’objectif des 3%, l’exécutif se donnerait les moyens de trouver de nouvelles marges de manoeuvre

François Hollande a souvent indiqué qu’il se refusait d’opérer un “tournant de la rigueur” après des choix insuffisamment réalistes. Aujourd’hui, c’est le réalisme qui impose “un tournant de la relance”!

Le tournant de la relance pour lequel nous plaidons sera-t-il entendu par la présidence ? Nous le croyons. En décidant de mettre en parenthèse l’objectif des 3%, l’exécutif se donnerait les moyens de trouver de nouvelles marges de manoeuvre. Pour sauver l’industrie, qui en a tant besoin. Pour investir dans l’avenir, en dotant notre pays de nouvelles infrastructures et pour engager la transition énergétique. Pour permettre enfin à nos collectivités locales de continuer à soutenir le développement économique et les politiques de l’emploi.

Le moment est venu pour la France de contraindre le réel plutôt que de le subir, de négocier une nouvelle donne européenne, de tracer une voie pour sortir de la crise plutôt que de s’y enfoncer.

Par Emmanuel Maurel, vice-président de la région Ile-de-France, Marie-Noëlle Lienemann, sénatrice de Paris, Jérôme Guedj, député de l’Essonne et Marianne Louis, conseillère régionale Ile-de-France, membres du Bureau National pour “Maintenant la Gauche”

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12 février 2013 2 12 /02 /février /2013 14:13

Public Sénat - 11 février 2013 - 18h45

François Hollande a annoncé l’arrivée d’une loi sur la reprise des sites « rentables ». « Bravo », réagit la sénatrice PS Marie-Noëlle Lienemann. Elle veut cependant aller plus loin par un texte « contre les licenciements boursiers » et demande « un tournant de la relance » au Président. Entretien.

lienemann-toulouse« Maintenant la gauche », votre courant à la gauche du PS, demande à François Hollande « un tournant de la relance ». Le Président a confirmé ce lundi qu'une loi sur la reprise des sites « rentables » serait inscrite dans le calendrier parlementaire. Cela va-t-il dans le bon sens ?
Oui, ma réaction est très positive. C’est tout à fait utile. Que cette loi arrive rapidement maintenant. Il y a le volet pour obliger un entrepreneur de retrouver un repreneur quand le site est viable. Il faudra y introduire une priorité pour les salariés en cas de reprise en coopérative. On voit bien que dans certain cas, le repreneur ne donne pas toujours pérennité à l’emploi. Donc je dis bravo, mais il faut aller vite. Maintenant, cette loi ne se substitue pas à la nécessité d’une loi encadrant les licenciements économiques abusifs et contre les licenciements boursiers. La moitié du chemin est faite. Quand on voit les déclarations disant que l’accord du 11 janvier (sur l’emploi, ndlr) est de nature à renchérir les licenciements boursiers, ce n’est pas convainquant.

En quoi consiste le « tournant de la relance » que vous préconisez ?
Il faut une relance par les investissements publics. Il faut une stratégie où l’on acte qu’on n’arrivera pas, avec une croissance à 0,8%, à 3 % de déficits. Il faut mettre la priorité sur la croissance et étaler la résorption du déficit. Il faut une relance d’abord industrielle. Une stratégie défensive pour interdire les licenciements boursiers, des crédits complémentaire pour la Banque publique d’investissement et ne pas craindre le capital public, la nationalisation temporaire. Les investissements d’avenir doivent contribuer à la compétitivité du pays, comme par le haut débit partout. Il faut un plan d’investissement public. Sur le pouvoir d’achat, qu’on bloque l’augmentation des loyers, surtout dans les zones où ils sont les plus chers. Le crédit d’impôt pour les entreprises doit comporter des contreparties pour les salariés en termes de pouvoir d’achat. Il faut enfin combattre l’accord national interprofessionnel. Il comprend des régressions dangereuses. Il faut le modifier.

Présenterez-vous des amendements sur cet accord sur l’emploi ?
Oui. Pour consolider les acquis, comme le droit à la mutuelle pour les salariés. Il est hors de question de limiter la taxation des contrats à durée déterminée aux seuls contrats de moins de 3 mois et ne pas toucher l’intérim et les saisonniers. Il faut élargir le champ de taxation des contrats précaires. Nous ne sommes pas d’accord avec les mesures de mobilité interne. Il est hors question d’accepter les contrats de flexibilité en cas de difficulté large.

Diriez-vous que la politique économique de François Hollande est sociale-libérale ?
On a déjà fait connaître nos critiques. Nous redoutons que la logique d’austérité-récession s’installe aussi en France. Le budget actuel de l’Europe va rajouter à l’austérité communautaire. On dit à François Hollande qu’une deuxième étape est nécessaire vue la gravité de la situation en Europe. Le moment est venu. Il ne faut pas attendre d’être au pied au mur. Nous demandons un tournant, une nouvelle politique pour réussir le redressement industriel du pays.

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