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18 mai 2016 3 18 /05 /mai /2016 14:06

LE MONDE | 18.05.2016 à 13h18

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Les Frondeurs : de gauche à droite, Daniel Goldberg, Aurélie Filippetti, Laurent Baumel, Christian Paul, Fanélie Carey Conte et Marie-Noëlle Lienemann à Paris, le 11 mai 2015. JOEL SAGET / AFP

Par Rémi Lefebvre, professeur de sciences politiques (Lille-II, CERAPS-CNRS)

Une nouvelle étape a été franchie dans les dissensions qui minent le Parti socialiste. Les députés frondeurs ont cherché, sans résultat, à présenter une motion de censure contre le gouvernement, celui soutenu par leur propre parti. Si le pouvoir a toujours mis à l’épreuve la cohésion socialiste, c’est une première dans l’histoire du PS, qui n’a jamais été confronté à de telles fractures dans sa majorité parlementaire.

Et le conflit n’est pas purgé, puisque la question de la «loi travail» reviendra en seconde lecture, sans doute avant juillet. Le recours au 49.3 a eu une vertu qui a été peu commentée : il a permis à de nombreux députés socialistes de s’abstenir de se prononcer sur la loi. Son désaveu va à l’évidence bien au-delà des frondeurs. Les députés de la gauche «récalcitrante» ont donc quelques semaines pour fourbir leurs armes et franchir la barre des 58 députés, si telle est leur volonté. Comment en est-on arrivé là ?

Trois légitimités, au fond, s’affrontent : celle de l’élection, celle du parti et celle de l’exécutif. La légitimité partisane est aujourd’hui démonétisée. Le parti est aux abonnés absents. Le rôle de ses dirigeants, Jean-Christophe Cambadélis au premier chef, est d’organiser d’improbables rapprochements («l’Alliance populaire»), de mater la rébellion (les menaces sur les investitures aux législatives), de sécuriser la candidature de François Hollande et d’adopter une position attentiste sur les primaires pour mieux en compromettre le déclenchement (elles sont pourtant obligatoires statutairement, même pour un président sortant). De fait, si les primaires ne sont pas rapidement décidées, elles seront impossibles à organiser sur le plan logistique.
Les résultats du congrès de Poitiers ont été complètement ignorés, alors que celui-ci était censé définir la ligne politique du parti. Dans la motion majoritaire, dont Jean-Christophe Cambadélis était le premier signataire, une position par anticipation sur la loi El Khomri avait été prise. On y lit : «Il faut rétablir la hiérarchie des normes : la loi est plus forte que l’accord collectif et lui-même s’impose au contrat de travail

Mépris et ligne sociale-libérale

S’appuyant sur le socle de légitimité du congrès, un rapport demandant une réorientation de la politique gouvernementale a été adopté par le bureau national à une très large majorité en juillet 2015 (29 voix pour, 1 contre, 3 abstentions). Il a été méprisé par le premier ministre, qui n’a cessé, depuis, de radicaliser sa ligne sociale-libérale, au mépris de la souveraineté militante.

La loi travail, qui ne faisait pas partie des engagements de 2012, n’a jamais été discutée au PS. Manuel Valls s’accommode de fait très bien de l’hémorragie militante du PS et de la décomposition de ses réseaux d’élus, après les débâcles répétées à toutes les élections intermédiaires depuis 2012.

Le PS, exsangue, ne peut plus guère opposer de résistance à la marche forcée libérale que le premier ministre lui impose. Sa dévitalisation sera utile pour la restructuration du paysage politique que Manuel Valls compte engager après 2017. Les frondeurs et le premier ministre ont un point commun : ils enjambent la débâcle présidentielle à venir et se projettent dans la recomposition qui va la suivre.

Syndrome classique du parti «godillot» lorsque le PS est au pouvoir ? La réalité historique est plus complexe : dans les expériences gouvernementales précédentes sous la Ve République (1981-1986, 1988-1993, 1997-2002), on oublie souvent de rappeler que le parti et le groupe parlementaire étaient associés à la définition de la politique gouvernementale – à travers des réunions hebdomadaires notamment.

Hyperprésidentialisation

Entre 1997 et 2002, la proximité entre Lionel Jospin, premier ministre, et François Hollande, premier secrétaire du PS, a beaucoup contribué à pacifier les relations au PS. Les rapports de force sont aujourd’hui beaucoup plus favorables à l’exécutif, devenu omnipotent. François Hollande n’a en aucune manière enrayé l’hyperprésidentialisation à l’œuvre depuis 2002. Les primaires n’y sont pas pour rien. Le président de la République aurait-il des comptes à rendre à un parti dont il n’a pas tiré son investiture de candidat ?

Comme le parti ne joue plus son rôle de régulation des différends et de production d’un point de vue commun, les débats se sont déplacés dans l’arène parlementaire. Les protagonistes en présence – le gouvernement et les frondeurs – s’y confrontent en jouant avec les ressources institutionnelles dont ils disposent (le 49.3 pour les premiers, l’arme de la motion de censure pour les seconds).

Les frondeurs transgressent la règle de la discipline du groupe parlementaire. En effet, la position majoritaire est censée statutairement s’imposer à tous. Selon une vieille tradition socialiste, les mandats appartiennent au parti, et non au député individuellement. Mais que devient ce principe de subordination quand le gouvernement piétine la légitimité de la délibération parlementaire et déroge aussi fortement à la légitimité électorale qui l’a porté au pouvoir ?

Cette légitimité conférée par le cycle électoral de 2012 est aujourd’hui largement bafouée. Il n’y a certes pas de mandat impératif en démocratie représentative. Mais les députés socialistes peuvent-ils se sentir engagés par une politique libérale qui tourne autant le dos aux programmes présidentiels et législatifs de 2012 ? Ils peuvent se prévaloir de la fidélité aux engagements de l’époque.

Viol de légitimité

Si le 49.3 est jugé comme une infamie par une partie de l’opinion de gauche et un déni de démocratie, c’est que son recours et sa verticalité objectivent avec brutalité la violence symbolique que le gouvernement exerce sur ses propres électeurs. Il s’agit bien d’un viol de légitimité. Les slogans de plus en plus violents des manifestants dans la rue ou les destructions de permanences parlementaires socialistes traduisent une exaspération inédite. La haine du PS fait florès.

Les frondeurs peuvent, non sans quelque argument, opposer la légitimité de l’élection à celle des statuts, que la direction n’invoque que lorsqu’ils sont à son avantage. Ils utilisent les armes qu’ils leur restent, au risque d’être réduits médiatiquement à leur pouvoir d’obstruction et de nuisance.

L’exécutif fait valoir quant à lui une légitimité supérieure, celle de la pratique du pouvoir et du réalisme gouvernemental. Cette course au «réel», qui imposerait compromis et accommodements, est sans fin au PS. Ses dirigeants les plus «modernes», toujours enclins à dénoncer un «surmoi marxiste», qui a pourtant largement disparu, exige toujours un aggiornamento idéologique de plus. Le réformisme est pourtant une perspective largement partagée par les socialistes dans leur ensemble, les frondeurs compris. Le Bad Godesberg est consommé depuis longtemps, mais c’est une nouvelle «clarification» que Manuel Valls appelle de ses vœux, comme si la loi d’airain de l’abdication devait encore s’imposer.

Pour sortir de l’impasse, Jean-Christophe Cambadélis a déféré les 26 députés renégats devant la haute autorité du PS. Ce recours de plus en plus courant à un tiers «neutre», que l’on observe aussi chez Les Républicains (LR), témoigne d’une juridicisation des partis, de plus en plus incapables de domestiquer leurs luttes internes. La haute autorité statuera-t-elle aussi sur la légitimité du dernier congrès ou l’organisation d’une primaire ? Les questions que doivent régler les socialistes ne sont pas solubles dans un arbitrage de droit. Elles sont bien politiques, et il est temps qu’elles soient tranchées.

Rémi Lefebvre, professeur de sciences politiques (Lille-II, CERAPS-CNRS)

Rémi Lefebvre, professeur de sciences politiques (Lille-II, CERAPS-CNRS)

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17 mai 2016 2 17 /05 /mai /2016 08:35
Le 49.3 ou la confiscation inacceptable du débat

La loi travail portée par Myriam El Khomri comporte de nombreux points qui posent question voire sont inacceptables. Par conviction et en adepte permanent du débat loyal et constructif sur tout projet de loi avec le Gouvernement et le rapporteur désigné, Christophe Sirugue (pour lequel j'ai amitié et considération), mon équipe et moi-même nous nous sommes mis au travail.

J'ai assisté à de très nombreuses auditions tous azimuts, aux réunions de la commission des Affaires sociales et du groupe, à l'Assemblée et même au Ministère chaque fois que l'on m'a invité. J'ai proposé et défendu de nombreux amendements devant la commission (voir les vidéos) et en ai déposé plus de 40 pour la séance. Je suis intervenu en discussion générale (voir la vidéo) puis j'ai assisté à toute la séquence de surplace organisée volontairement par le Gouvernement dans l'hémicycle, préalable à la funeste décision du 49-3 qui ne faisait plus de doute.

En l'utilisant dès le début de l'examen du texte, le gouvernement a bafoué le débat démocratique et les droits légitimes du parlement, même si la Constitution l'y autorise évidemment. L'application de cette arme atomique du 49-3 permet au gouvernement de faire adopter le texte de loi avec les amendements que le Gouvernement "choisit", sauf adoption d'une motion de censure. Pour rappel, une motion de censure doit obtenir la majorité ABSOLUE (soit 289 voix) pour faire chuter le Gouvernement. C'est tout simplement inatteignable sous la Vème République (un seul exemple en 1962, la majorité de l'époque fit tomber le Gouvernement de Georges Pompidou).

Face à cette situation, avec ce projet de loi décrit par le 1er Ministre et la Ministre en charge comme fondamental, mais très contesté et très contestable, je n'avais, nous n'avions plus aucun moyen d'agir. Après avoir hésité, j'ai apporté ma signature avec 27 autres députés PS au texte d'une motion de censure de Gauche, à l'opposé des arguments ultra-libéraux développés par la droite et je ne regrette pas ma décision.

Je réprouve définitivement cette méthode autoritaire qui est un aveu de faiblesse, et je peux affirmer sans pouvoir le démonter hélas, que sur beaucoup d'amendements venus de la Gauche qui ne faisaient que conserver le droit actuel, le Gouvernement aurait été battu et pas par les “frondeurs”. Un seul exemple sur les heures supplémentaires (HS) : fallait-il refuser comme le propose le projet de loi que désormais la période de référence pour le calcul des HS passe à 3 ans alors qu'elle est actuellement de 1 an aujourd'hui, et que 14% des HS se perdent, c'est-à-dire ne soient pas payées (Etude DARES 2011) ? Refuser cette funeste évolution faisait partie de mes amendements.

J'ai également beaucoup travaillé entre autres exemples, sur l'article 44 qui à l'occasion de ce texte entend revisiter la médecine du travail et pas au bénéfice des salariés. Tout cela sous des allures évidemment techniques. Non, réformer le droit à l'inaptitude (qui est un droit infiniment complexe) en douce pour dédouaner plus facilement un employeur de ses obligations, ce n'est pas anecdotique et concerne des centaines de milliers de salariés de ce pays.

Utiliser l'arme ultime et symbolique d'une “motion de censure des gauches” n'avait ni la vocation, ni la capacité de “faire tomber le Gouvernement” comme se plaisent à répéter les théoriciens des deux gauches devenues “irréconciliables”. Je n'en crois rien. Mais refuser le débat sur le fond quitte à être mis en minorité sur certains articles, accepter que le Parlement joue pleinement son rôle sur un texte majeur, eut été pour nos gouvernants faire preuve de la maturité et de la sérénité qui sied à l'écoute du corps social. C'est une occasion manquée qui concoure à nourrir les difficultés que traverse et le Parti Socialiste et la Gauche, et nous avons besoin d'une toute autre mécanique que celle de l'autorité théâtralisée, fut-elle constitutionnelle.

Le 49.3 ou la confiscation inacceptable du débat
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12 mai 2016 4 12 /05 /mai /2016 11:02

Le gouvernement a choisi d'utiliser l'article 49.3 de la Constitution pour imposer la loi Travail. Nous avons tout fait, au cours des dernières 24 heures, bref délai qui nous était octroyé pour rassembler les 58 signatures de député-e-s nécessaires au dépôt d'une motion de censure des gauches et des écologistes.

Nous avons obtenu 56 signatures, nous avons été tout près du but. Vous pouvez retrouver le texte de notre motion ci-dessous. La loi Travail reviendra à l'Assemblée nationale dans les semaines à venir. Notre opposition est ferme et résolue.

Demain, sera proposée au vote des parlementaires la motion de censure déposée par la droite. Le texte de cette motion est clair : plus de dérégulation du droit du travail, moins de sécurité pour les salariés, attaque contre les syndicats…

Les député-e-s socialistes signataires de la motion de censure des gauches et des écologistes ne peuvent apporter leur soutien à un tel projet politique et mélanger leurs voix à ceux qui veulent en revenir aux 39 heures ou à la retraite à 65 ans. L'addition des différentes oppositions n'aurait, par ailleurs, pas suffit à atteindre la barre des 289 voix.

Le mouvement social va se poursuivre. Le combat au sein du Parlement entre ce soir dans une nouvelle étape. Il sera mené au Sénat et, si le 49.3 venait à nouveau à être utiliser en seconde lecture à l'Assemblée Nationale, nous userions encore des mêmes moyens pour stopper cette régression sociale.

Nous tenons bon !

Motion de censure des gauches et écologistes

Nous, parlementaires de plusieurs groupes et partis des gauches et écologiste à l'Assemblée nationale, considérons que l'utilisation, par un gouvernement issu de la gauche, de l'article 49-3 de la Constitution, sur un texte portant réforme du Code du Travail, est un acte politique d'une extrême gravité.

Le projet de loi « Travail » comporte un risque grave d'atteintes aux droits des salariés et à notre modèle social. La consécration de l'inversion de la hiérarchie des normes en droit du travail, qui généralisera la possibilité pour une entreprise de pratiquer le moins disant social (par exemple en diminuant la majoration des heures supplémentaires) constitue une régression historique. Elle s'ajoute à d'autres mesures dangereuses, celles qui facilitent les licenciements, ou l'ensemble des mesures incitant à l'augmentation du temps de travail. Plus largement, ce projet de loi, et la philosophie qui a présidé à sa conception, participent à l'idée fausse selon laquelle la diminution des protections des salariés favoriserait les créations d'emplois, dans une période où la transition écologique et la transformation numérique doivent inspirer un nouveau mode de développement.

Cette loi ouvre une brèche dans lesquelles s'apprêtent à s'engouffrer tous les partis et les programmes de la droite, rêvant déjà d'une dérégulation encore plus forte du droit du travail.

Reconnaissant le fait qu'il ne dispose pas de majorité pour voter ce projet, le gouvernement bafoue les droits essentiels du Parlement et fait aussi violence à des millions de citoyens qui, en majorité, rejettent ce projet de loi. Leurs représentant-e-s sont désormais privés de toute possibilité de s'exprimer dans l'hémicycle sur ce texte. Le gouvernement veut ainsi imposer, sans débat, l'adoption par l'Assemblée d'un texte qui aura pourtant des conséquences très concrètes et quotidiennes pour nos citoyens.

A situation exceptionnelle, réponse exceptionnelle. Le gouvernement doit accepter le débat de fond sur sa politique et cesser d'empêcher le Parlement de jouer pleinement son rôle d'assemblée délibérante. Afin d'obtenir le rejet de ce texte, nous appelons l'Assemblée nationale à adopter cette motion censure.

ABEILLE Laurence - ALLAIN Brigitte - AMIRSHAHI Pouria - ASENSI François - ATTARD Isabelle - AUROI Danielle - BACHELAY Alexis - BAUMEL Laurent - BELLO Huguette - BLAZY Jean-Pierre - BOCQUET Alain - BONNETON Michèle - BRUNEAU Isabelle - BUFFET Marie-George - CANDELIER Jean-Jacques - CARREY-CONTE Fanélie - CARVALHO Patrice - CHARROUX Gaby - CHASSAIGNE André - CHAUVEL Dominique - CHERKI Pascal - CORONADO Sergio - DOLEZ Marc - DUFLOT Cécile - FILIPPETTI Aurélie - FRAYSSE Jacqueline - GAILLARD Geneviève - GALUT Yann - GUEUGNEAU Edith - HAMON Benoît - HANOTIN Mathieu - HUTIN Christian - JANQUIN Serge - JUANICO Régis - KALINOWSKI Laurent - LAMBERT Jérôme - LASSALLE Jean - LAURENT Jean-Luc - LEONARD Christophe - MAMERE Noël - MARIE-JEANNE Alfred - NILOR Jean-Philippe - NOGUES Philippe - PAUL Christian - POUZOL Michel - PRAT Patrice - ROMAGNAN Barbara - ROUMEGAS Jean-Louis - SANSU Nicolas - SAS Eva - SEBAOUN Gérard - TALLARD Suzanne - THEVENOUD Thomas - ZANETTI Paola

Le combat au sein du Parlement entre dans une nouvelle étape
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11 mai 2016 3 11 /05 /mai /2016 13:24

 

Depuis le début de la présentation du projet de loi travail, le gouvernement veut passer en force. Qu’importe la mobilisation sociale, qu’importe que ce texte soit minoritaire à gauche et que les trois quart des français le désapprouvent, qu’importe qu’il soit néfaste pour ceux que nous sommes censés défendre : les salariés, les précaires et les entreprises qui produisent et innovent en France.

Le recours au 49-3 témoigne d’un isolement politique et d’une incapacité du gouvernement à écouter et à rassembler. Comment parler sans cesse de démocratie sociale en bafouant à ce point la démocratie parlementaire ? Comment le gouvernement peut-il parler de réforme lorsqu’il s’agit de faire passer au forceps des régressions sociales ?

Certes, quelques reculs avaient pu être évités grâce à la mobilisation politique et sociale entre le texte initial et celui du rapporteur. Mais cette stratégie du moindre mal ne remet pas en cause le déséquilibre général de ce texte puisque des atteintes majeures à notre modèle social perdurent. Ce n’est pas parce que le gouvernement est parti du pire que ce texte de dérégulation deviendrait aujourd’hui acceptable.

L’entêtement du gouvernement, son refus du compromis et d’une révision radicale de ce texte peut trouver une explication – mais en aucun cas une excuse- dans les «recommandations de la commission européenne» – qui se présentent de plus en plus comme des impérieuses obligations- à la France pour 2016 : «Recommandation nº 6: faciliter, aux niveaux des entreprises et des branches, les dérogations aux dispositions juridiques générales, réformer la loi portant création des accords de maintien de l’emploi d’ici à la fin de 2015 en vue d’accroître leur utilisation par les entreprises…»

Rappelons que ces points sont ceux que les français contestent et il faut souligner la gravité des mesures prévues dans la loi travail et dont, pour bon nombre d’entre elles, des syndicats dits réformistes demandaient la suppression.

  • Avec ce texte, les licenciements économiques seraient hyper-facilités puisqu’une simple baisse sur plusieurs semaines du chiffre d’affaire permettrait de licencier, qu’importent les manipulations sur les résultats des entreprises.
  • Avec ce texte, les salariés pourront être contraints de travailler plus pour gagner moins : le principe de faveur disparaîtrait et leur contrat de travail ne les protégerait plus face à des accords d’entreprises moins favorables.
  • Les accords d’entreprises pourraient être demain moins favorables que les accords branche, c’est l’inversion de la fameuse hiérarchie des normes qui protégeaient jusque-là les salariés et les entreprises d’une même branche d’un dumping social vers le bas.
  • L’adoption de cette loi marquerait également la fin du transfert systématique des contrats de travail en cas de transfert d’entreprise : les salariés qui refuseraient la modification de leur contrat seraient licenciés.
  • Le fait de permettre à des syndicats minoritaires de déclencher des référendums pour appliquer un accord refusé par les syndicats majoritaires est une remise en cause de la démocratie sociale.

Dès le premier amendement sur le premier article de cette loi le gouvernement a, hier, du «réserver les votes» vu la faible mobilisation des parlementaires favorables à ce texte. Aujourd’hui, il décide le recours au 49.3 pour une seule raison : parce que ce texte n’est pas majoritaire au Parlement. Il est rejeté dans les profondeurs du pays comme dans celles du PS.

François Hollande, alors député, déclarait lors du CPE que l’utilisation du 49.3 était «une violation des droits du Parlement, une brutalité, un déni de démocratie».

Alors qu’il s’agit d’un texte qui n’est en rien un engagement de campagne, qui suscite contre lui un fort mouvement social et qui recueille le rejet de trois quart des Français, le 49.3 est aujourd’hui, pour un texte social issu d’un gouvernement de gauche, une tache indélébile sur ce quinquennat. Le gouvernement doit revenir sur sa décision.

Pas de majorité pour voter la loi El Khomri : le recours au 49.3 est un aveu de faiblesse politique et démocratique
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11 mai 2016 3 11 /05 /mai /2016 09:58

Reuters le 11/05/2016 à 09:55

PARIS (Reuters) - Le chef de file des "frondeurs" socialistes, Christian Paul, a lancé mercredi un appel au rassemblement des élus de gauche sur une motion de censure contre le gouvernement et le projet de loi Travail mais a dit qu'il ne voterait pas la motion de la droite.

"Nous travaillons à rassembler des députés et je les appelle à être très nombreux (...) pour qu'il y ait en effet une motion des gauches", a-t-il déclaré à Europe 1. "Je pense qu'à situation exceptionnelle, et elle a été créée hier, il faut une réponse exceptionnelle".

Il faisait allusion à la décision du Premier ministre, Manuel Valls, d'engager la responsabilité du gouvernement sur le projet de loi réformant le marché du travail, faute d'avoir pu convaincre la quarantaine de contestataires du PS de le voter. Cette procédure exceptionnelle prévue par l'article 49-3 de la Constitution permet à un texte d'être réputé adopté s'il n'est pas sanctionné par une motion de censure.

Christian Paul a dénoncé une "double violence", contre la société avec ce projet de loi travail contesté par une partie de la gauche et des syndicats et contre la démocratie avec le recours au 49-3, "qui est l'arme des faibles".

Le chef de file du groupe Front de Gauche, le député communiste André Chassaigne, et l'écologiste Noël Mamère ont déclaré mardi que leurs amis politiques réfléchissaient à une motion de censure de gauche avec des élus socialistes.

Pour déposer une motion de censure, il faut au moins 58 députés signataires.

A droite, le groupe Les Républicains en association et celui de l'UDI (centriste) ont déposé leur propre motion de censure, qui sera soumise jeudi au vote.

Pour qu'une motion de censure soit votée, ce qui aboutit au renversement du gouvernement mais n'est arrivé qu'une fois sous la Ve République, en 1962, il faut 289 voix.

Christian Paul a cependant dit ne pas avoir envie de "joindre (sa) voix" à celles de la droite. "Il n'y a pas 289 députés qui soient prêt à voter ensemble", a-t-il dit.

"Nous allons rechercher une façon de rassembler la gauche", a-t-il ajouté. "Ça permettrait en effet au président de la République de considérer que ce gouvernement a beaucoup divisé la gauche, s'est éloigné des Français et qu'il est temps d'en changer."

La ministre du Travail, Myriam El Khomri, a pour sa part déclaré à France Info ne pas concevoir que des députés PS puissent "dérouler le tapis rouge" à la droite en votant une motion de censure.

(Emmanuel Jarry, édité par Yves Clarisse)

Christian Paul, député socialiste de la Nièvre, dans l'hémicycle de l'Assemblée Nationale

Christian Paul, député socialiste de la Nièvre, dans l'hémicycle de l'Assemblée Nationale

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4 mai 2016 3 04 /05 /mai /2016 16:03

Gérard SEBAOUN intervenait le 3 mai 2016 en discussion générale sur le projet de loi travail porté par Myriam El Khomri.

"Ce projet de loi m’apparait toujours déséquilibré. J’espère que nos débats permettront d’écarter ou de modifier en profondeur les articles les plus contestables."


Loi Travail : intervention de Gérard SEBAOUN par gerardsebaoun

Gérard Sebaoun, député socialiste, à la tribune de l'Assemblée Nationale le mardi 3 mai 2016, pour la discussion générale sur le projet de loi El Khomri

Gérard Sebaoun, député socialiste, à la tribune de l'Assemblée Nationale le mardi 3 mai 2016, pour la discussion générale sur le projet de loi El Khomri

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2 mai 2016 1 02 /05 /mai /2016 15:39

A gauche, pour gagner ! – Communiqué de presse – 2 mai 2016

Nous nous engageons dans le débat parlementaire sur la loi Travail avec la ferme volonté de ne pas laisser graver dans la loi l’affaiblissement du Code du Travail et des droits des salariés. Ce projet n’est pas utile pour la France et pour l’intérêt général, il n’est pas conforme aux réformes que l’on attend d’un gouvernement de gauche.

La loi Travail devrait permettre une fierté collective, en construisant la Sécurité sociale professionnelle, de nouvelles protections face à l’uberisation de l’économie et une simplification de l’accès au droit pour les salariés comme pour les entreprises.

Le texte que le gouvernement n’a pas voulu jusqu’ici remettre à plat ne répond à aucun de ces buts. L’insécurité des salariés ou le recours à des heures supplémentaires moins rémunérées ne feront pas baisser le chômage. L’inversion de la hiérarchie des normes est inacceptable car elle va à rebours de toute la construction du droit du travail. Les licenciements seront facilités, d’abord dans les grands groupes, si les articles qui les concernent ne sont pas supprimés.

Nous ne refusons bien sûr aucun dialogue avec le gouvernement. Nous évaluerons en conscience si la pression du mouvement citoyen et syndical, mais aussi la résistance et les amendements des parlementaires font désormais évoluer sincèrement le texte.

Désormais, c’est la responsabilité du Parlement qui est en jeu. Nous demandons aux députés de l’Assemblée Nationale d’agir avec nous pour que ce texte soit transformé en profondeur, expurgé de ses dispositions régressives, ou à défaut, repoussé.

Le mandat que nous tenons des Français ne nous permet pas de voter ce texte qui ne respecte pas en l’état un équilibre acceptable au sein des entreprises. C’est aux Français, très majoritairement hostiles à ce texte, et à eux seuls que nous devrons rendre des comptes.

En effet, la loi Travail suscite dans le pays une tension sociale sans précédent pour un gouvernement issu de la gauche depuis 1981. Il produit une incompréhension avec la jeunesse et un divorce durable entre le PS d’aujourd’hui et le monde salarié. Ces affrontements auraient pu être évités si le gouvernement avait engagé sérieusement et en temps utile des négociations sans exclusives.

Une nouvelle fois, c’est notre responsabilité collective de ramener sur le bon chemin les choix politiques du pays.

Loi travail : hier comme aujourd’hui, ce texte n’est pas votableLoi travail : hier comme aujourd’hui, ce texte n’est pas votable
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28 avril 2016 4 28 /04 /avril /2016 13:30

28 avril 2016

Nous alertons ! Dans quelques jours, il sera trop tard. La possibilité d’organiser une primaire à gauche s’éloignera définitivement, et avec elle l’espoir pour la gauche d’échapper à un naufrage politique durable en 2017.

Nous appelons de nos vœux une primaire des gauches et des écologistes, sans exclusive et sans préalable. Donner à des millions de Français l’occasion de retrouver prise sur notre destin commun, d’exprimer leurs exigences essentielles et de choisir notre candidat(e), c’est une ambition mobilisatrice. La majorité des Français le désire et l’exprime. C’est à ce jour l’unique façon d’éviter l’émiettement et l’effacement de la gauche.

Les militants des primaires sont aujourd’hui les artisans du rassemblement difficile, mais nécessaire, pour 2017. A l’inverse, une responsabilité politique sans précédent menace ceux qui, par mépris des enjeux essentiels ou par esprit de clan, s’activent à enliser la primaire ou ne font rien pour la rendre possible. Pourquoi si peu d’ardeur à sauver la gauche à un an de l’élection présidentielle ? Devant l’Histoire de notre pays, il ne saurait y avoir ni faux-semblant, ni impunité.

Le Parti socialiste, parti de gouvernement, a un rôle privilégié à jouer pour créer les conditions de la primaire. Il lui appartient de prendre dès maintenant des initiatives de dialogue et de ne pas choisir les délices de l’isolement, sans alliés et loin du peuple.

Primaire : nous alertons ! - communiqué de presse d'A gauche pour gagner
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28 avril 2016 4 28 /04 /avril /2016 13:27

Le lundi 18 avril 2016, l'école de formation proposait à ses participants un panorama historique et politique des gauches européennes. Rémi Lefebvre, professeur à l'université Lille-2, ayant été empêché pour des raisons professionnelles de faire l'intervention prévue ce soir-là, c'est Frédéric Faravel, membre du conseil national du PS, qui a assuré l'intervention.

Alors que la social-démocratie traverse une période de crise prolongée, mêlant tout à la fois des raisons stratégiques, sociologiques et idéologiques, il est utile de regarder quelle est la situation réelle de la gauche en Europe dans sa diversité. Social-démocratie, écologie politique, gauche radicale, les situations varient évidemment énormément selon les réalités nationales, mais de grandes lignes de lecture peuvent se distinguer à l'échelle européenne. Il était donc utile de faire le point sur les convergences, les divergences, les opportunités et les impasses au moment où la gauche espagnole négocie dans des conditions difficiles pour savoir si elle est capable de proposer un nouveau gouvernement.

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Vous trouverez ci-dessous les vidéos de la séance. Vous pouvez accéder aux autres documents pédagogiques ici.

 

Panorama des gauches européennes en 2016
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28 avril 2016 4 28 /04 /avril /2016 10:41

Mardi 26 avril 2016 - COMMUNIQUÉ - Emmanuel MAUREL, député européen, Membre de la commission du Commerce international

Emmanuel_Maurel_commission_PE_TiSA_22-09-2015L’offensive de Barack Obama et Angela Merkel place, à juste titre, les négociations du Traité transatlantique (TTIP) sur le devant de la scène. Beaucoup a été dit à ce sujet, et il est de plus en plus clair que ces négociations ne s’inscrivent pas dans l’intérêt de la France. Mais la mobilisation grandissante contre le TTIP ne doit pas occulter d’autres négociations moins connues – comme les accords CETA et TiSA – dont les risques démocratiques et sociaux sont largement équivalents.

Depuis 2013, l’Union européenne négocie le TiSA – un méga-accord de libéralisation du commerce des services – avec 23 autres États industrialisés.

Comme pour la plupart des accords commerciaux, les négociations ont commencé dans l’opacité la plus totale, à tel point qu’il a fallu attendre des fuites de Wikileaks pour en savoir plus sur le contenu des propositions des parties. Elles ont eu le mérite de nous apprendre une chose : alors que les promoteurs du TiSA disent vouloir définir de nouvelles règles pour encadrer la mondialisation et l’économie numérique, l’accord tel qu’il est effectivement négocié semble plutôt s’inscrire dans une vaste entreprise de dérégulation.

Face à cette situation très insatisfaisante, le Parlement européen – qui bénéficiera d’un droit de veto sur l’accord final – s’est saisi de la question. Dans un rapport voté au début de l’année 2016 (que la gauche européenne a significativement renforcé), nous avons listé cinq exigences qui, si elles n’étaient pas toutes respectées par la Commission, justifieraient un rejet du texte :
1) Renforcer considérablement la transparence des négociations ;
2) Garantir la protection des données personnelles des citoyens européens dans l’économie numérique ;
3) Préserver le droit des États souverains à légiférer dans l’intérêt général, en rejetant explicitement les clauses « standstill » et « ratchet », ces dispositions qui rendent toute décision de libéralisation irréversible ;
4) Protéger les services publics européens, en les excluant purement et simplement du champ de l’accord ;
5) Éliminer les risques de dumping social et œuvrer à l’harmonisation par le haut du droit des travailleurs, en poussant toutes les parties à ratifier les 8 conventions fondamentales de l’Organisation internationale du travail (sur le droit de grève, l’interdiction du travail forcé, etc.).

À toutes ces demandes pressantes, qui constituent autant d’encouragements vigoureux à changer de cap, la Direction générale du Commerce de la Commission vient de réagir via un document de suivi préoccupant. D’une suffisance insupportable, elle multiplie les fins de non-recevoir aux parlementaires, sur les clauses « standstill » et « ratchet », sur les droits des travailleurs et même sur la protection des services publics !
Les négociateurs doivent cesser de jouer avec le feu. Si la Commission ne se conforme pas à toutes les directives du Parlement européen, je me mobiliserai pour que le TiSA soit très largement rejeté.

Emmanuel Maurel, député socialiste européen, en commission au Parlement européen

Emmanuel Maurel, député socialiste européen, en commission au Parlement européen

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