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28 mai 2009 4 28 /05 /mai /2009 12:58
Analyse
La prochaine crise économique a déjà commencé, par Frédéric Lemaître
LE MONDE | 28.05.09 | 13h40  •  Mis à jour le 28.05.09 | 13h40

n temps de crise, cela devrait être une bonne nouvelle : le baril de pétrole qui était descendu à 32 dollars (23 euros) en décembre 2008 vient de franchir le seuil des 60 dollars. Certes, l'automobiliste devrait voir son pouvoir d'achat entamé mais, en principe, si le pétrole augmente, n'est-ce pas parce que la crise est derrière nous ? Que la Chine et les Etats-Unis, faisant mentir des statistiques qui ne font que refléter le passé, se remettent à faire tourner leurs machines ? Que les consommateurs se remettent à acheter ? Les entreprises à embaucher ?

Las, il n'en est rien. La demande est atone. Pour la première fois depuis 1945, la consommation mondiale d'électricité devrait même diminuer cette année. Dans tous les ports du monde, des pétroliers pleins à craquer attendent même que les prix remontent encore pour livrer leurs millions de tonnes dont ils ne savent que faire. Alors, pourquoi le prix du pétrole a-t-il doublé en quelques mois ? En grande partie parce que, dans les salles de marché, les traders se remettent à spéculer sur l'or noir. Comme au début de l'année 2008 quand les prix des matières premières avaient atteint des niveaux record en grande partie dus à la spéculation.

Loin d'être anecdotique, l'évolution du prix du pétrole reflète l'état d'esprit des milieux financiers. Aidées par les Etats, les banques ont le sentiment que, pour elles, le gros de la crise est passé. Tout doit donc redevenir comme avant. Reconstituer les marges est même une nécessité absolue. Et prendre à nouveau des risques. Peu importe que le G20 de Londres ait jugé, en avril, que "les principaux échecs de la régulation et des contrôles du secteur financier ont joué un rôle essentiel dans la crise". Peu importe que Jean-Pierre Jouyet, président de l'Autorité des marchés financiers, dénonce, dans Le Monde du 26 mai, le fait qu'"une part très substantielle des marchés financiers n'est, de fait, pas réellement contrôlée ou opère en toute opacité".

Plus discrets qu'hier mais aussi déterminés, les opérateurs poursuivent leurs pratiques opaques. Exemple : il ne se passe pas un mois sans qu'une banque ou une Bourse crée une "plate-forme alternative", une Bourse d'un nouveau genre dont le principe est de travailler à l'abri des regards. Le nom anglais est plus explicite : les Anglo-Saxons parlent de "dark pools". Tout est dit. Vous avez aimé les subprimes, les Credit Default Swaps et autres produits titrisés dans lesquels, à votre insu, votre banquier avait placé une partie de vos économies ? Demain, vous adorerez Xetra Midpoint, Smartpool, Chi-X-Delta et NeuroDark.

Outre l'opacité, la cupidité a été l'autre facteur déclenchant de la crise. Là aussi, tout change pour que rien ne change. Certes, les parts variables des rémunérations vont légèrement baisser, mais aux Etats-Unis, la part fixe va, elle, s'accroître de 50 % à 100 %, selon les banques. Comme l'a expliqué dans Les Echos (du 25 mai) Kenneth Lewis, directeur général de Bank of America, une des plus grandes banques du pays qui ne doit son salut qu'aux 45 milliards de dollars injectés par l'Etat, son objectif est de rembourser au plus vite cette aide.

Non seulement parce que la banque verse des intérêts, mais surtout parce qu'"ensuite nous pourrons de nouveau rémunérer normalement les cadres dirigeants de la banque et ceux qui génèrent le chiffre d'affaires". Sa première décision après avoir remboursé le Trésor ? "Revoir notre système de rémunérations et rétablir les bonus."

Aussi choquant que cela puisse paraître à la quasi-totalité de la population mondiale, Kenneth Lewis dit tout haut ce que ses collègues pensent tout bas. Gagner des millions de dollars ou d'euros, en travaillant dans la finance, est "normal". Pas question de céder là-dessus.

Comment en est-on arrivé là ? Une partie de la réponse figure dans un petit essai passionnant, à la fois philosophique et économique, que vient de publier Charles-Henri Filippi. Dans L'Argent sans maître (éd. Descartes et Cie, 96 p., 15 euros), cet ancien collaborateur de Laurent Fabius, qui fut jusqu'à récemment patron de la filiale française d'HSBC, explique comment, au fil des siècles, l'argent, qui était un moyen d'émancipation, est devenu une religion. Surtout, il démontre comment la cupidité, "stimulant individuel", est, elle, devenue un véritable "système de gouvernance" et le "fondement institutionnalisé d'un enrichissement sans cause réelle et sans limite sérieuse".

Nous sommes à un moment charnière de la crise. Les mesures d'urgence (sauvetage des banques, plans de relance) ont été prises. Reste l'essentiel : rétablir une confiance durable des épargnants. A Londres, le G20 a fixé quelques lignes directrices, mais n'a ni réglé le déséquilibre majeur de la finance mondiale (entre la Chine et les Etats-Unis) ni pris de mesure contraignante pour réguler la finance.

Déjà, les Européens se divisent sur cette question et, pour le moment, nul ne songe véritablement à relever substantiellement le taux marginal d'imposition sur le revenu, seule mesure susceptible de créer une sorte de revenu maximum. En toute logique, ceux qui ont le pouvoir de s'enrichir à nouveau le font sans attendre. Au risque de précipiter la crise suivante.


Courriel : lemaitre@lemonde.fr

Frédéric Lemaître
Article paru dans l'édition du 29.05.09
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28 mai 2009 4 28 /05 /mai /2009 11:13
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28 mai 2009 4 28 /05 /mai /2009 11:10

Dans une interview donnée à Sud-Ouest, Henri Emmanuelli revient sur le déroulement de la campagne des Européennes.

Henri Emmanuelli. J’essaye d’en parler. Mais force est de constater que le débat public ne porte pas sur les vrais problèmes européens comme la crise, le dumping fiscal, le dumping social, l’emploi, le salaire minimum européen, sinon pendant les réunions socialistes. Mais il n’y a pas beaucoup de monde dans ces réunions, ce sont surtout des militants qui viennent. Dans le débat public, on parle surtout des sondages et de savoir si Martine Aubry va faire un meeting commun avec Ségolène Royal ou non.

Dans l’Ouest, les électeurs ne l’auraient pas compris ?

Que je sache, je n’ai jamais entendu Ségolène Royal dire qu’elle n’irait pas voter ou qu’elle ne voterait pas socialiste. Je n’ai pas vu surgir le débat sur l’engagement de l’Union dans la réalisation d’infrastructures transeuropéennes. Il ne faut pas s’étonner, après, que les gens ne se sentent pas concernés.

À Toulouse, Martine Aubry a appelé au vote sanction contre Nicolas Sarkozy...

Ce n’est pas tout à fait exact. Elle a surtout parlé du programme commun que tous les Partis socialistes européens ont adopté ensemble, dans lequel figure le salaire minimum européen. Ça ne s’est pas fait sans mal face aux Allemands et aux Espagnols. La directive « services » - qu’on appelait auparavant directive Bolkestein - vient d’être adoptée, avec beaucoup d’amendements. Les socialistes français ont voté contre parce qu’il reste encore des problèmes, tant qu’on y inclut encore les services de santé et certains services publics. Est-ce un détail ? Je dis non ! Qui en parle ? Pas l’UMP, pas le Modem ! Quant au vote sanction contre M. Sarkozy, vu la situation, ça ne me paraît être ni incongru ni surprenant.

Le PS ne souffre-t-il pas aujourd’hui d’avoir été divisé sur la Constitution européenne ?

Parce que l’UMP n’a pas été divisée au sujet de Maastricht quand MM. Séguin et Pasqua étaient contre le traité de Maastricht ? Cela n’a pas empêché M. Chirac d’être élu en 1995.

Jean-Luc Mélenchon a tout de même quitté le PS pour créer le Parti de gauche...

Oui. Mais les critiques de M. de Villepin contre le président de la République ne me paraissent pas moindres que celles de Jean-Luc Mélenchon contre le PS. Et on n’en fait pas tout un plat. Les salariés de Bordeaux, de Pardies ou d’Hagetmau ont d’autres inquiétudes : le salaire minimum européen devrait les intéresser davantage s’il permet de combattre les délocalisations internes à l’Europe.

Ne vont-ils pas voter Mélenchon ?

Je ne pense pas que les salariés imaginent que Mélenchon va devenir majoritaire en Europe. Si on veut bouger les choses, il faut qu’il y ait une majorité de gauche au Parlement européen.

Alors, qui est responsable ? Est-ce la presse ou bien le Parti socialiste lui-même ?

Je ne suis pas le procureur de l’époque. Je peux seulement constater que cette campagne n’intéresse pas parce que les vrais sujets sont évités. Qui parle de la directive fixant la durée maximale de travail à 65 heures par semaine qui vient d’être adoptée avec l’accord du gouvernement français, le mois dernier ? Le PS essaye d’en parler mais je ne pense pas que l’UMP va s’en vanter au moment où le chômage bat des records. Même chose pour la dérégulation des prix de l’énergie, concernant pourtant tout le monde. C’est le moment de s’en préoccuper.

Les sondages ne donnent pas le PS en situation très favorable...

Parce qu’elles ne sont pas perçues, à tort, comme un enjeu majeur, les élections européennes donnent traditionnellement une prime aux petites listes. De Villiers, Pasqua et Tapie en ont tous profité. Cela dit, on verra bien le 7 juin ce qui se passe. Et ce que représentent le total gauche et le total droite.

Gère-t-il au mieux le cas de François Bayrou ?

Bayrou est une fantasmagorie que l’on agite toutes les veilles d’élections. Mais quelqu’un va-t-il se demander sérieusement un jour pourquoi ce pseudo-grand rassembleur se retrouve tout seul à l’Assemblée avec Lassalle ? Cela témoigne-t-il d’une capacité de rassemblement ? Or, il ne rassemblera jamais toutes les voix de gauche. Croyez-vous que Mélenchon, Marie-George Buffet, Besancenot ou votre serviteur vont voter Bayrou ?

Le PS, où en est-il ?

Dans la réalité, ce sont 200 députés, 120 sénateurs, 55 présidents de Conseil général, 20 présidents de Région. Par rapport à 1993 où nous étions 50 députés, il va très bien. C’est un commentaire objectif. Mais je ne dirai pas pour autant qu’il est en pleine forme. Cela dit, il me semble que c’est la droite qui est à l’envers : obligée de dire aujourd’hui le contraire que ce qu’elle disait hier. Sur l’emploi, le pouvoir d’achat, sans parler de « l’assistanat » qui s’est transformé en « stabilisateur social »... Et j’en passe. Mais si je comprends bien, elle n’est pour rien dans tout ça. Si on pense qu’elle y est pour beaucoup, alors il faut aller voter le 7 juin.

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27 mai 2009 3 27 /05 /mai /2009 08:13

Pervenche Bérès, député européenne socialiste, 2e sur la liste du PS en Ile-de-France / DRJ’ai 52 ans, je suis élue au Parlement européen depuis 1994. J’y ai été vice-présidente du groupe socialiste, ai participé à l’élaboration de la Charte des droits fondamentaux de l’UE et à la rédaction de la Constitution européenne, avant de présider la commission des affaires économiques et monétaires. Je figure en 2e position sur la liste du Parti socialiste en Ile-de-France.

L’action de députée européenne dont vous êtes la plus fière ?

Je suis fière de la manière dont, devant l’absence de réactivité, de prise d’initiative et de coordination de la Commission européenne face à la crise, nous avons pu, au sein de la commission que je préside, faire un vrai travail de veille et réagir rapidement lorsqu’il s’agissait de se prononcer sur les textes qui ont fini par être mis sur la table. Nous l’avons fait avec l’expertise acquise durant toutes ces années où nous avions multiplié les appels pour une réglementation des agences de notation par exemple. Je suis particulièrement fière du travail entrepris par le président du Parti socialiste européen, Poul Nyrup Rasmussen - et auquel j’ai contribué -, via un rapport et de multiples appels à José Manuel Barroso, pour qu’un projet sur l’encadrement des gestionnaires de fonds spéculatifs soit finalement présenté.

La ténacité du Parlement européen dans les négociations a également souvent permis de poser les jalons de futures révisions plus ambitieuses de la législation en discussion et d’élargir celle-ci à d’autres domaines. Lors de la révision de la directive bancaire, nous avons ainsi obtenu qu’il soit fait référence à la nécessité d’encadrer les produits financiers dérivés. C’est donc un nouveau chantier que nous avons ainsi ouvert.

Un bon et un mauvais moment de la campagne en cours ?

Le meeting des socialistes réunis autour de Martine Aubry au Cirque d’hiver, à Paris, ainsi que toutes les rencontres avec des électeurs que je ne qualifierais pas du tout de désintéressés, mais au contraire d’exigeants envers l’Union européenne, figurent parmi les bons souvenirs. En revanche, je regrette l’absence de débat direct avec l’UMP et particulièrement l’absence de Rachida Dati de cette campagne.

Votre priorité pour le nouveau mandat ?

Les chantiers sont nombreux ! Nous aurons à faire le bilan de la stratégie de Lisbonne et à élaborer celle qui en sera le prolongement, tout en intégrant les nouveaux objectifs que nous nous sommes fixés en termes de lutte contre le changement climatique. Cela devra se faire en pleine synergie et cohérence avec l’élaboration des nouvelles perspectives financières. En ce qui concerne les leçons à tirer de la crise, nous devrons façonner un nouveau système de supervision et poursuivre la lutte contre les paradis fiscaux, nous pencher sur la gouvernance des entreprises et enfin attaquer des chantiers prioritaires pour les socialistes : l’harmonisation fiscale, l’établissement de normes sociales minimum et l’adoption d’une directive cadre sur les services publics. Il faudra aussi que nous infléchissions la seule logique de la concurrence pour pouvoir faire émerger une réelle politique industrielle européenne.

 

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27 mai 2009 3 27 /05 /mai /2009 07:59
Entretien avec Florence Chaltiel, professeure à l'IEP Grenoble.
Florence Chaltiel : "En Europe, presque tout est possible à condition de volonté politique"
LEMONDE.FR | 26.05.09 | 19h15  •  Mis à jour le 26.05.09 | 22h07

a campagne européenne n'a pas encore pris, alors que la crise économique mondiale a fait resurgir la thématique très mobilisatrice de l'Europe sociale et protectrice des citoyens. Entretien avec Florence Chaltiel, coauteure avec Benjamin Angel de Quelle Europe après le traité de Lisbonne ? , préfacé par Bronislaw Geremek (LGDJ, 2008). Florence Chaltiel participe également au groupe créé sur Facebook : "Cercle des Européens retrouvés".
"Pour une Europe sociale, contre l'Europe des multinationales et des parieurs", peut-on lire sur la pancarte que porte ce manifestant. | REUTERS/VINCENT KESSLER
REUTERS/VINCENT KESSLER
"Pour une Europe sociale, contre l'Europe des multinationales et des parieurs", peut-on lire sur la pancarte que porte ce manifestant.

L'Europe sociale est-elle le principal enjeu de ces élections européennes ? Si oui, pourquoi la social-démocratie n'est-elle pas en tête dans les sondages ?

Florence Chaltiel : Le problème des élections européennes, c'est que les peuples n'en saisissent pas les enjeux. Non par leur faute, mais parce que depuis les premières élections européennes, en 1979, chaque fois, la campagne est davantage centrée sur des questions nationales que sur des questions européennes. Il est vrai néanmoins que le thème de l'Europe sociale est très présent lorsque l'on parle de l'Europe. Ce thème a été largement utilisé – souvent de manière galvaudée - lors de la campagne référendaire de 2005. L'Europe sociale est un terme très général qui recouvre une réalité multiple.

Pour répondre à la question du lien entre "enjeu d'Europe sociale et social-démocratie dans les sondages", il me semble que c'est essentiellement dû au manque de lisibilité des enjeux et à l'insuffisance des campagnes sur les enjeux européens et ce, quels que soient les partis démocratiques.

En tout cas, les traités donnent une base juridique à l'Europe sociale et il va de soi que la couleur politique du Parlement européen, qui est colégislateur avec le Conseil, influera nécessairement sur le "plus ou moins" d'Europe sociale. Encore faut-il bien souligner et mesurer les pouvoirs de cette Assemblée démocratique.

La gauche européenne se mobilise en faveur de " l'Europe sociale " mais d'après certains observateurs, les traités européens – Rome comme Lisbonne – interdisent toute harmonisation des rémunérations au plan européen ? Or, d'après le traité d'Amsterdam (1997), l'UE s'est dotée d'instruments pour coordonner davantage les politiques sociales. Qu'en est-il au juste ?

Florence Chaltiel : L'Europe sociale est devenue une sorte de label que l'on brandit, soit pour dénoncer son insuffisance, soit pour s'afficher comme favorable à "plus d'Europe sociale". Les traités d'origine ne donnent pas de compétence à l'Europe en matière sociale, car c'est une compétence que les Etats voulaient garder. Ensuite, à mesure que le marché intérieur se constitue, il apparaît nécessaire d'accompagner les règles de libre-circulation d'une protection sociale. Aussi existe–t-il de très nombreux textes de droit qui sont des textes de protection sociale. Pour citer quelques exemples, il en existe en matière d'égalité entre hommes et femmes, en matière de lutte contre la discrimination. Il faut souligner l'importance de la carte européenne d'assurance maladie. Elle permet à chacun d'être remboursé de ses soins dans tout pays européen s'il s'agit d'un acte remboursé dans son propre Etat. Le titre XI du traité Communauté européenne est consacré à l'Europe sociale, et le titre XVII est consacré à la cohésion économique et sociale. L'article 136 du traité donne mission à l'Europe d'assurer "une protection sociale adéquate, le dialogue social, le développement des ressources humaines permettant un niveau d'emploi élevé et durable et la lutte contre les exclusions".

Le même article précise que les Etats " estiment qu'une telle évolution résultera tant du fonctionnement du marché commun, qui favorisera l'harmonisation des systèmes sociaux, que des procédures prévues par le présent traité et du rapprochement des dispositions législatives, réglementaires et administratives ". Le terme harmonisation est donc bien présent.

Cela étant, l'article 137 fixe une série de domaines de la protection sociale où l'harmonisation est interdite. Il faut être lucide sur l'extrême diversité des systèmes sociaux et des rémunérations. Comment harmoniser maintenant, alors que nous sommes vingt-sept systèmes hétérogènes. L'heure est davantage à la coordination et à la recherche de principes protecteurs. Par exemple, est en préparation une législation sur un allongement global du délai de congé maternité.

Est-il possible de créer un salaire minimum européen ? L'UMP est opposée à cette idée, considérant que " l'Europe sociale n'a pas vocation à gérer nos prestations ". Le salaire minimum légal étant très variable d'un pays à l'autre. Le PS est favorable au nom du progrès social et d'une Europe politique et plus proche des préoccupations des citoyens.

Florence Chaltiel : En Europe, presque tout est possible à condition de volonté politique. Je veux dire par là que les traités ont été pensés de manière suffisamment intelligente pour qu'ils soient un instrument au service du bien commun européen et non une entrave si les Etats s'accordent pour aller plus loin dans leur travail en commun. Aussi rien n'interdit un salaire minimum. Mais celui-ci devrait alors être pensé selon une pondération prenant en compte plusieurs paramètres tel le prix moyen d'un panier par exemple. J'ajoute que la question des salaires ne fait pas partie des secteurs exclus de l'harmonisation selon l'article 137. D'ailleurs le traité pose bien, et ce, depuis l'origine, le principe d'égalité de salaires entre les hommes et les femmes (article 141).

Est-ce que la directive Bolkestein est morte et enterrée ? Ou a-t-elle été saucissonnée et adoptée en partie au Conseil du 12 décembre 2006 relative aux services dans le marché intérieur ? Rappelons que le Parlement européen a réécrit le projet de directive et le "principe du pays d'origine" a été abandonné.

Florence Chaltiel : La directive Bolkestein dans sa dimension "principe du pays d'origine" si décriée, a été entièrement abandonnée. Il reste nécessaire de parvenir à une vraie libre prestation des services au bénéfice du citoyen européen. Or la directive de 2006, si elle réitère la nécessité d'assurer la libre prestation de services et vise à supprimer les obstacles juridiques restant dans les Etats, elle pose aussi une grande liste de services exclus de son champ, par exemple, les services audiovisuels, les services financiers ou encore les services de santé. Les Etats sont réticents à donner un vrai contenu à la libre prestation de service.

En même temps, celle-ci doit être accompagnée de toutes les garanties nécessaires pour la protection des citoyens. Il ne faut jamais oublier de faire la différence, en Europe, entre les objectifs intermédiaires et les objectifs définitifs. Le citoyen est au centre de la notion d'Europe sociale et la libre prestation de service n'est pas un objectif en soi et pour soi. Elle vise à donner un plus grand choix au citoyen et à donner une plus grande transparence quant aux services et quant aux prix.

Les souverainistes parlent d'une "Europe de juste échange". Les socialistes s'intéressent à cette question et l'UMP tend l'oreille. Mais de quoi s'agit-il au juste et comment expliquer ce qui ressemble aux contours d'un consensus. Enfin est-ce que cette idée est compatible avec les règles de l'OMC ?

Florence Chaltiel : La notion d'Europe forteresse a été beaucoup développée aux débuts du traité de Rome. Nos partenaires craignaient une Europe de la libre-circulation pour elle et refermée sur elle-même pour les autres. Cette crainte s'est avérée infondée, si bien que l'on cherche désormais davantage à protéger les Européens. L'OMC a en effet été un instrument fort de libéralisation du commerce international. Les droits de douanes fixés par l'Union sont donc faibles. Aux termes des accords de l'OMC, les pays ne peuvent pas, en principe, établir de discrimination entre leurs partenaires commerciaux. Cependant, des clauses dérogatoires existent et il est possible, par négociation, de déterminer des règles plus protectrices sur certains produits. Cela suppose une Europe réellement unie, solide sur la scène internationale, de sorte de pouvoir réellement peser dans une négociation avec ses partenaires.
Le Monde.fr
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26 mai 2009 2 26 /05 /mai /2009 15:44
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26 mai 2009 2 26 /05 /mai /2009 09:08
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25 mai 2009 1 25 /05 /mai /2009 16:05
Après la crise, quelle social-démocratie ?
Links:
[1] http://www.mediapart.fr/club/blog/stephane-allies
[2] http://www.mediapart.fr/node/41118
[3] http://www.mediapart.fr/journal/international/290608/les-quatre-crises-de-la-social-democratie-europeenne
[4] http://www.mediapart.fr/journal/france/210509/le-ps-est-lache-par-une-partie-de-ses-economistes
[5] http://www.mediapart.fr/club/edition/les-invites-de-mediapart/article/180309/chere-martine-je-quitte-le-ps-pour-rejoindre-le
[6] http://la-forge.info/2008/11/14/tribune-la-social-democratie-sera-sociale-ou-ne-sera-plus/
[7] http://sr07.unblog.fr/2008/10/24/la-social-democratie-sera-europeenne-ou-ne-sera-plus-par-alain-bergounioux-et-gerard-grunberg/
[8] http://alternatives-economiques.fr/blogs/raveaud/2009/04/07/crise-et-retour-de-la-sociale-democratie/
[9] http://www.jean-jaures.org/
[10] http://www.jean-jaures.org/essai24/cambadelis_FJJ.pdf
[11] http://www.mediapart.fr/journal/france/230509/l-autocritique-europeenne-d-un-techno-social-democrate
[12] http://www.cairn.info/revue-critique-internationale-2009-2.htm
[13] http://www.cairn.info/revue-critique-internationale-2009-2-p-9.htm
[14] http://www.cairn.info/revue-critique-internationale-2009-2-p-17.htm
[15] http://www.cairn.info/revue-critique-internationale-2009-2-p-37.htm
[16] http://www.laviedesidees.fr/La-fin-du-New-Labour.html
[17] http://www.laviedesidees.fr/La-fin-du-New-Labour.html#nb14
[18] http://www.cairn.info/revue-pole-sud-2007-2.htm
[19] http://www.cairn.info/resume.php?REVUE=pole-sud&NUMPUBLIE=2007-2&PP=21
[20] http://www.cairn.info/revue-pole-sud-2007-2-p-43.htm
[21] http://www.cairn.info/revue-pole-sud-2007-2-p-105.htm
[22] http://www.policy-network.net
[23] http://www.policy-network.net/index.aspx?id=2612
[24] http://pvda.nl/renderer.do/menuId/37280/sf/37280/returnPage/37280/itemId/16622/pageId/37210/instanceId/37450/
[25] http://www.iue.it/
[26] http://www.ouest-france.fr/actu/actuDet_-La-gauche-social-democrate-et-la-crise-_3633-846479_actu.Htm
[27] http://abonnes.lemonde.fr/europe/article/2009/05/12/pour-les-progressistes-le-renouveau-vient-d-amerique_1191982_3214.html#ens_id=1192077
[28] http://pgc09.wordpress.com/
[29] http://www.mediapart.fr/journal/france/050409/les-sept-conseils-de-mister-dean-aux-socialistes-francais
[30] http://www.ft.com/home/europe
[31] http://www.soco-ulb.be/en/publications-details_social-democratie-chomage.html
[32] http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/search/?_Prescripts_Search_tabs1=advanced&_Prescripts_Search_orderBy=year&_Prescripts_Search_runnedQuery=(+(fullContent:"social democratie"^900.0 fullTitle:"social democratie"^940.0 content:"social democratie" title:"social democratie"^2.0 summary:"social democratie" authors:"social democratie"^5.0 illustrations:"social democratie"^4.0 bibrefs:"social democratie"^4.0 toctitles:"social democratie"^4.0 toctitles1:"social democratie"^3.0 toctitles2:"social democratie"^2.0 toctitles3:"social democratie")) AND ( +access_right:(free) )&_Prescripts_Search_pageToDisplay=0&_Prescripts_Search_resultPerPage=10
[33] http://www.laviedesidees.fr/ -social-democratie- .html
[34] http://www.google.fr/url?sa=t&ct=res&cd=66&url=http://www.laidi.com/papiers/socialdemo.pdf&ei=NyllSPaeMYOE0QXcq8C9DQ&usg=AFQjCNHYCECFBj2ihU3guCLI1PYvZtyhQg&sig2=CDxYJtgN8VCvc3kxHJAJWw
[35] http://www.lemonde.fr/old-horizons/article/2002/05/25/social-democratie-en-crise_277233_3230.html
[36] http://www.fondatn7.alias.domicile.fr/affiche_page.php4?Id=562&IdSite=1&IdRub=128
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25 mai 2009 1 25 /05 /mai /2009 12:14
L'autocritique européenne d'un «techno» social-démocrate
Links:
[1] http://www.mediapart.fr/club/blog/stephane-allies
[2] http://www.mediapart.fr/journal/france/230509/apres-la-crise-quelle-social-democratie
[3] http://www.tnova.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=740:europe-contre-europe&catid=3:essaishttp://www.tnova.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=740:europe-contre-europe&catid=3:essais
[4] http://www.mediapart.fr/journal/international/290608/les-quatre-crises-de-la-social-democratie-europeenne
[5] http://www.mediapart.fr/journal/france/090608/olivier-ferrand-on-est-tous-reformistes-au-ps-mais-notre-reformisme-est-vide
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25 mai 2009 1 25 /05 /mai /2009 11:52
Par Joseph E. Stiglitz - Rue 89 -Créé 05/25/2009 - 00:00

 

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