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31 janvier 2017 2 31 /01 /janvier /2017 09:47

Chronique "figure libre" dans L'Opinion publiée le lundi 30 janvier 2017 à 16h21

csuumfpwiaehdhaInstruits que nous sommes de la « complexité du monde », nous nous perdons parfois dans des explications alambiquées là où il faudrait faire simple.

Je suis le premier à traquer structures, fractures et références que révèlent un fait politique. Au point, trop souvent, d’obscurcir une réalité d’une limpide clarté. Ainsi, si Benoît Hamon a gagné, c’est avant tout parce qu’il a fait une excellente campagne, mûrie de longue date, qu’il a su imposer des thèmes qui correspondaient à l’horizon d’attente de celles et ceux qui se déplacent pour une primaire de gauche. Il a su, aussi, bénéficier de trois incontestables points d’appui.

Premier point qu’on finirait presque par oublier : les électeurs de gauche (car les sympathisants socialistes ne sont pas les seuls à s’être déplacés) ont d’abord et avant tout voté pour sanctionner le bilan du quinquennat. Certes, la plupart des candidats avaient participé au gouvernement. Mais soit qu’ils aient occupé un poste mineur, soit qu’ils aient quitté le pouvoir plus tôt, ils sont parvenus à le faire un peu oublier. Ce n’est pas le cas de Manuel Valls, perçu, en dépit de ses efforts, comme le candidat de remplacement du Président sortant, et pour qui le bilan contesté aura été comme le sparadrap du capitaine Haddock. Ajoutons de surcroît que l’ancien Premier ministre avait, en son temps (et il doit sûrement s’en mordre les doigts aujourd’hui), appelé à une clarification entre deux gauches qualifiées par lui d’irréconciliables. Or l’électorat de gauche, même en proie au doute, reste profondément unitaire.

Attrait pour la nouveauté. La deuxième raison évidente, c’est l’attrait pour la nouveauté, qui est la conséquence de ce que j’appellerais la démocratie de la déception. Depuis des mois, chacun allait répétant que les Français ne voulaient pas d’une réédition de la présidentielle de 2012 : les primaires (de droite comme de gauche) en ont offert une éclatante illustration. Tentés de tourner la page à peine ouverte, les votants ont tendance (normale chez les Français) à couper les têtes à partir du moment où elles sont connues. Élimination de Sarkozy, empêchement d’Hollande, défaites de Duflot et de Juppé : on peut sourire de ce plaisir un brin sadique à dégommer les favoris, à ne pas s’en laisser compter, que les amis de Jean-Luc Mélenchon appellent, en référence à des mouvements sud-américains, le « dégagisme ». Mais il en dit long sur la crise de l’efficacité politique, sur la colère qui naît de la distorsion entre les promesses et les actes.

La troisième raison, c’est évidemment l’erreur des concurrents de Hamon, qui n’est pas seulement de l’avoir sous-estimé, mais surtout de l’avoir caricaturé en « candidat de l’utopie ». D’abord parce que les électeurs, et singulièrement ceux de gauche, ne voient pas négativement les candidats qui prétendent imaginer le monde de demain. Il y a, dans une certaine frange de la population, un regain d’intérêt pour les « utopies concrètes », comme en témoigne le succès d’un film documentaire comme Demain.

Il y a dans le succès d’Hamon comme une social-démocratisation de Nuit debout, qui en embrasse à la fois les thèmes et la méthode

Écologie, partage, frugalité : cette version post-marxiste de la critique du système ne fait pas seulement un carton dans la petite bourgeoisie citadine, elle inspire bien des citoyens inquiets de la dynamique effarante du capitalisme d’aujourd’hui. Et, comme c’est souvent le cas à gauche, les victoires politiques prolongent des mouvements sociaux qui se sont souvent soldés par des défaites. Il y a dans le succès d’Hamon comme une social-démocratisation de Nuit debout, qui en embrasse à la fois les thèmes et la méthode.

Proximité bonhomme. Très habilement, le candidat, réfutant l’argument de la « présidentialité » verticale, a au contraire joué de sa proximité bonhomme, un « boy next door » sincère et accessible. De toute façon, Sarkozy et Hollande ont, malgré eux, contribué à dé-jupitériser la fonction. La droite l’accepte moins, mais la gauche s’y résout, voire le désire, tant elle est génétiquement hostile au pouvoir personnel. Et les attaques en « manque de crédibilité » ratent d’autant mieux leur cible quand elles sont proférées par ceux qui ne furent guère efficaces au pouvoir.

Déjà les commentateurs frétillent : et si c’était, enfin, la fin du PS ? Les prémisses du grand schisme ? Et chacun d’évoquer les grands repères de l’histoire récente, à commencer par 1969, date à laquelle Gaston Defferre réalise à peine 5 % à la présidentielle, précipitant la disparition de la SFIO croupissante.

Ceux qui cherchent à réduire le débat d’aujourd’hui à un affrontement entre « gauche de gouvernement » et « gauche radicale » font erreur

Mais la vérité est que nous n’en savons rien. Dans ce paysage politique mouvant incertain, rien ne dit que la centralité du PS à gauche sera réellement remise en cause.

Ce que je sais en revanche, c’est que ceux qui cherchent à réduire le débat d’aujourd’hui à un affrontement entre « gauche de gouvernement » et « gauche radicale » font erreur. Rappelons d’ailleurs qu’à l’exception de l’extrême gauche trotskiste, tous les partis dits « progressistes » engagés dans la campagne ont participé à l’exercice du pouvoir d’Etat, ou à défaut à celui du pouvoir local, avec ce que cela implique de prise en compte des contraintes et d’élaboration de compromis.

En réalité, la gauche tâtonne pour répondre aux trois crises auxquelles tous les partis d’Europe héritiers du mouvement ouvrier sont confrontés. Crise idéologique d’abord, liée à la sidération devant la puissance (et la violence) du capitalisme financier transnational et les conséquences (écologiques, sociales, culturelles) de cette « mondialisation libérale » dans la vie des hommes et des sociétés.

Electorat friable. Crise sociologique ensuite, qui touche davantage la gauche que la droite (laquelle peut s’appuyer sur un socle électoral moins friable), et qui révèle a la fois des fractures de classe et des fractures territoriales. Crise stratégique enfin, qui voit s’affronter les tenants du recentrage libéral, les promoteurs de la synthèse à gauche, les partisans de la social-écologie.

La campagne présidentielle ne réglera évidemment pas ces problèmes structurels. Mais le cap que choisira Benoît Hamon permettra peut-être d’esquisser un début de réponse.

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12 décembre 2016 1 12 /12 /décembre /2016 11:00

En annonçant qu’il ne briguerait pas un second mandat, François Hollande a fait un constat lucide : il n’est pas en situation d’assurer le rassemblement des forces de gauche et écologistes. Ce qui lui est impossible l'est donc tout autant pour son premier ministre Manuel Valls, concepteur de la thèse des deux « gauches irréconciliables ».

Nous l'affirmons, aucune victoire, aucun rassemblement à gauche ne sont envisageables si le candidat – ou la candidate – soutenu par le PS en 2017, s’inscrit dans la ligne politique, économique et sociale qui prévaut depuis juin 2012, s'il ne cherche pas une fois désigné à rassembler toute la gauche.

Pour plusieurs d'entre nous – qui soutenions la candidature de Marie-Noëlle Lienemann ou qui attendions que les multiples candidats de gauche à la primaire s'accordent enfin – l'heure des choix est venue. Nous saluons donc l'initiative prise par la sénatrice socialiste de Paris d'appeler à l'unité des candidats alternatifs à la ligne Hollande-Valls-Macron et d'avoir annoncé en conséquence qu'elle renonçait à se présenter pour permettre cette unité.

Ce qui unit les propositions d'Arnaud Montebourg, de Marie-Noëlle Lienemann ou Benoît Hamon constitue un base sérieuse pour ce projet alternatif que la gauche doit présenter au pays. Il ne s’agit en rien de nier les différences d’approche mais il faut aujourd’hui aller à l’essentiel, privilégier l'élan du rassemblement et construire un mouvement de convergence. Un mouvement pour aller au-delà de là stricte affirmation de nos conceptions respectives.

Nous reconnaissons qu'un mouvement s'est opéré autour de la candidature d'Arnaud Montebourg, mais il ne serait pas possible de choisir une candidature plutôt qu'une autre à la seule lecture de sondages, dont on a vu à quel point ils étaient trompeurs, ou sur des sympathies personnelles.

Depuis longtemps, nous partageons avec lui un regard et des approches communes sur la nécessité de restaurer la souveraineté populaire, une démocratie vivante, face aux dérives présidentialistes de la Vème République et à la lente agonie du projet européen sous l'effet des politiques libérales et austéritaires. Ce combat nous rassemble.

Depuis son entrée en campagne, Arnaud Montebourg a pris en compte de nouvelles dimensions nécessaires dans le projet qu'il soumet aux électeurs de gauche : la relance par le pouvoir d'achat et la nécessité de coups de pouce au SMIC, le renforcement des protections sociales et des services publics, l'abrogation de la loi Travail, et une volonté d'engager profondément la transition écologique et numérique qui sont des enjeux majeurs pour les Français et notre pays.

Ce socle proposé par Arnaud Montebourg nous paraît aujourd'hui solide – et financé, puisqu'il s'agit d'assurer à nos concitoyens que la gauche ne prend pas d'engagements à la légère – pour engager le rassemblement. Et nous appelons l'ensemble des militants et sympathisants de gauche à franchir cette étape avec nous.

Comment parviendrions-nous à conjurer la menace d'une droite réactionnaire et de l'extrême droite si nous ne prenons pas aujourd'hui l'engagement de l'unité ? Si nous, qui sommes si proches, ne savons pas dépasser nos petites différences, comment pourrons-nous le faire avec d’autres ensuite et convaincre nos concitoyens que notre projet est majoritaire à gauche face au libéralisme ?

Le succès à la primaire de gauche est un préalable, une première étape. Il doit créer un électrochoc, être le point de départ d’une nouvelle donne, du dépassement des multiples candidatures des écologistes à la gauche radicale pour vaincre les droites mobilisées.

Frédéric FARAVEL, membre du bureau fédéral du PS95 et du conseil national du PS (Bezons) – Sébastien LOMBARD, secrétaire de la section PS Haut-Val-d'Oise, membre du conseil fédéral du PS95 (Persan) – Jérôme HAINE, membre du conseil fédéral du PS95 (Méry-sur-Oise) – Manon COMTE, secrétaire de la section PS Eaubonne-Montlignon, membre du bureau fédéral du PS95 (Eaubonne) – Sébastien FONTAGNEU, secrétaire de la section PS d'Enghien/Deuil-la-Barre (Enghien-les-Bains) – Marianne BAK, adjointe au Maire PS d'Écouen, membre du conseil fédéral du PS95 – Didier DAGUE, conseiller municipal de Courdimanche, conseiller communautaire délégué de l'agglomération de Cergy-Pontoise, membre de la commission fédérale des conflits du PS95 – Adélaïde PIAZZI, conseillère municipale et secrétaire de section PS de Montmorency, membre du bureau fédéral du PS95, membre de la commission nationale des conflits du PS – Ousmane DIAGANA, secrétaire de la section PS de Montmagny, membre du conseil fédéral du PS95 Élise PIETROBON, membre du conseil fédéral du PS95 (Montmagny) Denis FÉVRIER, membre du conseil fédéral du PS95 (Cergy)Calvin JOB, conseiller municipal PS de Beaumont-sur-Oise, membre du conseil fédéral du PS95

les candidats alternatifs à la politique Hollande-Valls-Macron à La Rochelle le dimanche 11 septembre 2016

les candidats alternatifs à la politique Hollande-Valls-Macron à La Rochelle le dimanche 11 septembre 2016

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16 septembre 2016 5 16 /09 /septembre /2016 13:59
Intervention de Gérard Filoche

Gérard Filoche intervenait le dimanche 11 septembre 2016 vers 10h00 devant les militants et sympathisants de la motion B "à gauche pour gagner !" du Parti Socialiste, lors des Journées d'été de ce courant organisées à La Rochelle. 
Il introduit la première table ronde de la matinée intitulée "pour en finir avec le chômage de masse".


Intervention de Gérard Filoche aux Journées d... par agauchepourgagner

Intervention d'Arnaud Montebourg

Arnaud Montebourg, candidat à la présidence de la République dans le cadre des primaires de la gauche, intervenait le dimanche 11 septembre vers 11h pour conclure la plénière intitulée "En finir avec le chômage de masse" lors des Journées d'été de la Motion B "à gauche pour gagner !" à La Rochelle.


Intervention d'Arnaud Montebourg à La Rochelle... par agauchepourgagner

Intervention de Benoît Hamon

Benoît Hamon, député PS des Yvelines, intervenait le dimanche 11 septembre 2016 vers 11h10 du matin devant les militants et sympathisants de la motion B "à gauche pour gagner !" du Parti Socialiste. 
Il introduisait la table ronde "Pour une nouvelle offensive démocratique".


Intervention de Benoît Hamon aux Journées d'été... par agauchepourgagner

Intervention de Marie-Noëlle Lienemann

Marie-Noëlle Lienemann, sénatrice socialiste de Paris et candidate aux primaires de la gauche pour l'élection présidentielle de 2017, intervenait, devant les militants réunis lors des Journées d'été organisées par la motion B "à gauche pour gagner !" du Parti Socialiste, pour conclure la table ronde "Pour une nouvelle offensive démocratique".


Intervention de Marie-Noëlle Lienemann aux... par agauchepourgagner

Intervention de Christian Paul

Christian Paul, député socialiste de la Nièvre et premier signataire de la motion B du PS, intervenait dimanche 11 septembre 2016, devant les militants et sympathisants de la motion "à gauche pour gagner !" pour conclure les Journées d'été organisées par ce courant du PS à La Rochelle.


Intervention de Christian Paul aux Journées d... par agauchepourgagner

Benoît Hamon, Marie-Noëlle Lienemann, Gérard Filoche, Christian Paul et Arnaud Montebourg, après la conclusion des Journées d'été de la motion B du PS dimanche 11 septembre à La Rochelle

Benoît Hamon, Marie-Noëlle Lienemann, Gérard Filoche, Christian Paul et Arnaud Montebourg, après la conclusion des Journées d'été de la motion B du PS dimanche 11 septembre à La Rochelle

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15 septembre 2016 4 15 /09 /septembre /2016 14:17
La motion B du PS a lancé un nouvel appel le samedi 10 septembre 2016 à des primaires de toute la gauche

La motion B du PS a lancé un nouvel appel le samedi 10 septembre 2016 à des primaires de toute la gauche

La Rochelle, samedi 10 septembre 2016,

 

Seule une grande primaire de toute la gauche et des écologistes peut garantir l’espoir d’une alternative crédible et prémunir contre l’immense défaite annoncée.

Car tout l’indique désormais : si rien ne change, la gauche française sera effacée de l’élection présidentielle, absente du second tour. Nous devons briser cette fatalité. Personne ne peut ignorer que derrière notre effacement durable, viendraient la revanche de la droite ou la conquête du pouvoir par le Front National.

Sourd à nos alertes, l’exécutif persévère dans son erreur. Il est le principal responsable de la dislocation de la gauche et de l’affaiblissement sans précédent du Parti socialiste.

Ce quinquennat tant espéré a suscité une déception d’une ampleur inédite. La France, pays meurtri, a besoin d’un projet optimiste.

Partout existent des énergies, des idées, des volontés de progrès et de transformation. C’est l’idée même de rassemblement qu’il faut désormais faire vivre.

Nous, À Gauche Pour Gagner, adressons cet appel à tous, Françaises et Français, qui se reconnaissent dans nos valeurs, et à toutes les forces politiques de la gauche sans exception :

  • Nous appelons à une grande primaire citoyenne et ouverte, de toute la gauche et des écologistes, sans exclusive et sans préalable. Son organisation doit garantir une loyauté totale et une transparence que chacun pourra contrôler. Il est grand temps de la mettre au cœur du débat public.

  •  La primaire ouvre la perspective d’une alternance venue de la gauche. En France et Europe, les gauches sont confrontées à des choix historiques. Nous pouvons convaincre. Nos idées sont des antidotes aux crises économiques, sociales ou écologiques qui frappent d’abord les plus faibles. Elles sont majoritaires dans la gauche française. Aux citoyens de le confirmer. Nous ne devons pas craindre la primaire. Avec À Gauche Pour Gagner, nous la préparons en allant, par étapes, vers une candidature unique.

  • Seul un grand événement démocratique, un débat franc et fécond, peut devenir attractif pour des millions de citoyens et redonner à la gauche l’espoir qui lui fait cruellement défaut.

L’esprit de responsabilité conduira au rassemblement, pas à une unité éphémère. La primaire le rend possible. A nous de rendre ce rassemblement désirable !

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7 septembre 2016 3 07 /09 /septembre /2016 11:07

Voici bien longtemps que nous n'avons pas eu l'occasion de nous retrouver en Assemblée Générale, le premier semestre de 2016 ayant été largement happé par la mobilisation nécessaire contre le projet de loi travail - son contenu et la méthode anti-démocratique appliquée pour l'imposer.

La gauche sort de ce premier semestre en état critique ; tous les sondages l'indiquent. Il est temps de nous ressaisir et de reprendre un combat pour le progrès et la justice sociale, visiblement oublié par l'exécutif actuel. Les primaires sont un des moyens offerts, en espérant qu'elles soient organisées loyalement.

C'est pourquoi je vous propose de nous réunir le

JEUDI 15 SEPTEMBRE 2016
à 20h30

dans la salle du conseil de l'Hôtel de Ville de Gonesse

(66, rue de Paris)

L'ordre du jour sera le suivant :

  1. actualité politique ;
  2. retours sur les journées d'été d'AGPG à La Rochelle ;
  3. préparations des primaires ;
  4. préparations des élections législatives et sénatoriales;
  5. questions diverses...

​Je vous attends nombreux,

Amitiés socialistes,
Frédéric FARAVEL
Mandataire fédéral de la motion B
à gauche pour gagner !

 

Assemblée Générale de la motion B dans le Val-d'Oise
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7 septembre 2016 3 07 /09 /septembre /2016 08:44
TAFTA-CETA : two sides of the same coin ?

TAFTA-CETA : two sides of the same coin ?

L’optimisme feint de la Commission européenne – toujours officiellement confiante quant à une conclusion des négociations fin 2016 – ne trompait plus grand-monde. Par la voix de Matthias Fekl puis de François Hollande, la France semble avoir définitivement porté un coup de grâce au funeste projet d’Accord commercial entre l’Union européenne et les USA. Le TTIP/TAFTA est en état de mort clinique. C’est une victoire pour ceux qui, comme moi, considèrent que le projet d’accord, tel qu’il était négocié, risquait de déposséder les États de leurs capacités à réglementer et à protéger, et ce faisant, contenait davantage de dangers que d’opportunités pour les travailleurs et consommateurs européens.

Maintenant que les négociations TAFTA sont nettement – et apparemment définitivement – dans l’impasse, le débat doit se déplacer vers un autre accord transatlantique dont les négociations, elles, sont définitivement conclues. L’Accord économique et commercial global (AECG/CETA) avec le Canada est encore largement méconnu du grand public mais son entrée en vigueur est bien moins hypothétique que celle du TAFTA. Pour l’instant, deux sons de cloche se font entendre : pour les uns, le CETA serait un « anti-TAFTA » ; pour les autres, il s’agit du « petit frère du TAFTA ».

Après examen attentif de l’accord, il semble bien que l’accord UE-CETA réponde à un agenda tout aussi libéral que celui qui a dicté les négociations de son grand frère états-unien. Certaines dispositions contenues dans le CETA – notamment sur le commerce des services – vont bien-delà de tout ce qui a été envisagé dans le TAFTA. Ce n’est pas un hasard si l’accord a été négocié par l’ancien commissaire De Gucht – un idéologue notoire – avec le gouvernement conservateur de Stephen Harper, dans une opacité plus importante que le TAFTA. Le mandat de négociation a ainsi été rendu public… après la conclusion de l’accord ! Gardons-nous enfin de tout manichéisme : il s’agit d’un accord qui bénéficiera également aux multinationales américaines, puisque 40 000 d’entre elles possèdent des filiales au Canada.

Dès lors, il est tentant de se demander si le CETA et le TAFTA ne sont que deux faces de la même stratégie de dérégulation et d’harmonisation par le bas de la Commission européenne. C’est la question à laquelle nous tenterons de répondre lors de la conférence « CETA, TTIP, two sides of the same coin » que nous avons organisé mardi 6 septembre 2016 dans le cadre du Progressive Caucus, un espace de discussion entre députés européens de gauche* (http://www.unravellingceta.eu/press-release-progressive-members-european-parliament-come-together-unravel-ceta/).

Emmanuel Maurel

* Dans ce même cadre, nous avons lancé la campagne « Unravelling CETA » (« Décortiquer le CETA ») et créé un site en 6 langues pour informer les citoyens européens sur le contenu de l’accord UE-Canada.
Le site ici : http://www.unravellingceta.eu/?lang=fr
La page facebook de la campagne, là : https://www.facebook.com/unravellingCETA/?fref=ts

Emmanuel Maurel concluait mardi 6 septembre au Parlement européen la réunion du Progressive Caucus sur le TAFTA et le CETA, deux faces de la même pièces

Emmanuel Maurel concluait mardi 6 septembre au Parlement européen la réunion du Progressive Caucus sur le TAFTA et le CETA, deux faces de la même pièces

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25 juillet 2016 1 25 /07 /juillet /2016 14:35

LE MONDE | 25.07.2016 à 11h12 | Par Bertrand Bissuel

Ceux qui pensaient en avoir fini avec la loi travail, depuis son adoption définitive, jeudi 21 juillet, se trompent. La bataille engagée contre ce texte se poursuit, cette fois-ci, devant le Conseil constitutionnel. Plusieurs recours ont été transmis à la haute juridiction, jeudi et vendredi. L’un émane de députés du groupe Les Républicains (LR) et du groupe Union des démocrates et indépendants (UDI). Le deuxième a été rédigé par des sénateurs LR. Enfin, des députés de gauche ont également déposé un mémoire ; ils étaient une quarantaine à s’y être associés, dans un premier temps, mais la liste des signataires pourrait s’allonger, lundi, et franchir la barre des soixante – condition sine qua non pour que la saisine soit recevable.

« Liberté d’entreprendre »

Les députés de droite justifient leur initiative en s’appuyant sur deux dispositions secondaires de la loi qu’ils estiment contraires à la Constitution. La première, mentionnée à l’article 27, ouvre « le droit à une indemnité spécifique » au profit d’un syndicat contraint de quitter ses locaux, à la demande de la collectivité locale qui les avait mis à sa disposition. Cette « obligation de dédommagement » joue si les lieux étaient occupés depuis au moins cinq ans et si aucune solution de remplacement n’a été proposée. Les élus LR et UDI pensent qu’une telle mesure foule aux pieds « le principe de libre administration des collectivités territoriales » car elle « s’apparente à la création d’un poste de dépense à caractère général ».

Deuxième mesure contestée par les députés de l’opposition : l’article 64. Celui-ci instaure, sous certaines conditions, « une instance de dialogue social » dans les réseaux de franchises – ces établissements qui portent la marque d’une enseigne (celle du franchiseur) et qui bénéficient de l’assistance de celui-ci, en contrepartie du paiement d’une redevance. Une telle instance, présidée par le franchiseur, comprend des représentants du personnel et des franchisés. Elle formule des propositions « de nature à améliorer les conditions de travail, d’emploi et de formation professionnelle ». Est ainsi mis en œuvre un « principe de participation » des salariés (dans les réseaux employant au moins 300 personnes).

Or, pour qu’un tel principe puisse s’appliquer, il faut démontrer l’existence d’une « communauté de travail », plaident les élus LR et UDI du Palais-Bourbon. Selon eux, cette condition n’est pas remplie, en l’espèce. Dès lors, le texte n’est pas conforme à la Constitution.

Une idée reprise par les sénateurs LR dans le recours qu’ils ont déposé. A leurs yeux, une seconde raison justifie l’invalidation de l’article 64 : il viole la liberté d’entreprendre. Celle des franchisés, tout d’abord, parce que ceux-ci seront tenus d’« accepter » la participation de leurs salariés à cette instance. Mais aussi celle du franchiseur, car il pourra être amené, le cas échéant, à « supporter les charges (…) occasionnées par le fonctionnement de cette instance ».

« Blanc-seing »

De tout autres arguments ont été retenus dans le mémoire des députés de gauche, composés d’élus du groupe Gauche démocratique et républicaine (GDR), de socialistes frondeurs et d’écologistes. Les griefs qu’ils font à l’exécutif portent sur la manière dont les débats se sont déroulés : « Les prérogatives du Parlement ont été bafouées », dénoncent-ils. Premier reproche : l’article 49.3 de la Constitution a été utilisé trois fois pour permettre l’adoption sans vote du texte à l’Assemblée. Mais le conseil des ministres n’a été consulté qu’« à une seule reprise », le 10 mai en l’occurrence, sur l’emploi de cette procédure, synonyme « d’intrusion violente du gouvernement » dans les pouvoirs de l’Assemblée. Tout s’est passé comme si le premier ministre disposait « d’un blanc-seing » pour imposer ses vues, alors même que le contenu de la réforme a beaucoup évolué, depuis la seule et unique délibération du conseil des ministres sur l’enclenchement du 49.3.

Deuxième grief : le droit d’amendement des députés n’a pas été respecté, en particulier lorsque le projet de loi est revenu au Palais-Bourbon, fin juin, après son examen en première lecture au Sénat. Les délais furent extrêmement courts pour « prendre connaissance » de la nouvelle version du texte et proposer des retouches en commission des affaires sociales, invoquent les députés de gauche à l’origine de ce recours. Parmi eux, il y a l’ex-membre du groupe PS Pouria Amirshahi, le communiste André Chassaigne, ainsi que des socialistes (Fanélie Carrey-Conte, Benoît Hamon, Christian Paul, Denys Robiliard…) et des écologistes (Noël Mamère, Cécile Duflot, etc.).

Le Conseil constitutionnel doit rendre sa décision au plus tard d’ici un mois.

Loi travail : des parlementaires saisissent le Conseil constitutionnel
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25 juillet 2016 1 25 /07 /juillet /2016 11:23

Emmanuel Maurel, député socialiste européen, sur le plateau de LCI, le samedi 23 juillet 2016

Emmanuel Maurel, député socialiste européen, sur le plateau de LCI, le samedi 23 juillet 2016

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14 juillet 2016 4 14 /07 /juillet /2016 08:45
Journées d'été de la motion B - 10 & 11 septembre 2016 - La RochelleJournées d'été de la motion B - 10 & 11 septembre 2016 - La Rochelle
Brisons les fatalités, la France n’attend pas !

Cette année, nous proposons à toute la gauche deux journées d’été les samedi 10 et dimanche 11 septembre, à La Rochelle.

Nous débattrons de notre plate-forme 2017, qui vous sera transmise très prochainement, de notre engagement dans l’élection présidentielle, et avec nos invité(e)s, de l’avenir de la gauche française avant et après 2017.

Inscrivez-vous et venez nombreux !

Le programme arrive…

Merci aux nombreux camarades qui s’étaient déjà inscrits pour nos journées de Nantes de s’inscrire à nouveau sur le formulaire.

Plan d'accès au forum des Pertuis

Plan d'accès au forum des Pertuis

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13 juillet 2016 3 13 /07 /juillet /2016 13:22
Jose Manuel Durao Barroso

Jose Manuel Durao Barroso

On se serait plutôt attendu à l'inverse. Mais la Commission européenne persiste et signe : elle ne condamne pas la reconversion de son ancien président José Manuel Barroso. Contrairement aux eurodéputés français très remontés.

Vendredi 8 juillet, Bruxelles apprenait que la banque d'affaire Goldman Sachs, considérée comme l'un des plus gros responsables de la crise financière, offrait à l'ancien président de la Commission politique une nouvelle carrière au sein de la banque. Dès lundi, les socialistes et radicaux ont publié un communiqué dans lequel ils dénoncent un conflit d'intérêt et invoquent l'article 245 du traité de l'Union européenne pour exiger que l'homme politique renonce à sa retraite d'ancien Président de la Commission. Mais cet article est en fait assez flou. Il estime que les membres de la Commission doivent s'abstenir "de tout acte incompatible avec le caractère de leurs fonctions" et doivent prendre "l'engagement solennel de respecter (...) les devoirs d'honnêteté et de délicatesse quand à l'acceptation, après [la] cessation [de leur activité au sein de l'institution], de certaines fonctions ou de certains avantages". Côté socialiste, Emmanuel Maurel, député européen français, a largement relayé l'appel de son groupe et des radicaux à "des mesures urgentes". Hier, il a été rejoint par l'eurodéputée verte Eva Joly qui entend  faire "durcir l'interdiction de pantouflage".

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