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7 avril 2010 3 07 /04 /avril /2010 14:22

Les conséquences macroéconomiques du libre-échange : Deux scenarii d’une crise de la répartition des revenus

Dans les débats de politique publique, deux grandes lectures de la crise tendent à s'affronter.
Selon la première lecture, dominante, la crise est avant tout due à une prise de risque inconsidérée des acteurs du secteur financier, ces dernier ayant notamment sous-évalué les risques associés à la prolifération des dérivés de crédits immobiliers. La défiance des épargnants vis-à-vis des banques, et des banques les unes vis-à-vis des autres, a provoqué un effondrement des valeurs bancaires et une crise de liquidités qui s'est répercutée en 2008-2009 dans l'économie réelle par une panne de crédit. L'intervention des banques centrales a permis d'éviter la crise de liquidité.
Le renflouement public des banques a restauré la confiance des épargnants. Il suffirait donc, pour éviter une nouvelle crise, de canaliser la prise de risque (qui a pu s'étendre à d'autres types de produits « innovants ») en mettant en place des instances de supervision et d'évaluation du risque systémique, en accroissant les exigences de fonds propres des banques et en révisant les formes de rémunération trop incitatrice à la prise de risque. Quant à l'économie réelle, la mise en œuvre rapide de « politique de sortie », centrées sur la réduction des déficits et la maîtrise des dépenses sociales permettrait d'accroître le taux de croissance potentiel, entamé par la crise. Tel est, en substance, le discours que martèlent aujourd'hui le Conseil européen, la Commission et la BCE, pour justifier le retour, voué à l'échec, aux plans de rigueur et autres « réformes structurelles » néo-libérales.
Selon la deuxième clé de lecture, développée dans cet article, la crise est la manifestation de l'épuisement d'un système, mû par une logique libre-échangiste, généralisée sur tous les marchés (les marchés financiers, mais aussi les marchés de biens et services). Ce système a accouché d'un partage de plus en plus inégalitaire des richesses, dont les conséquences macroéconomiques seront soulignées. La réponse à cette crise appelle non seulement la maîtrise du secteur financier, mais aussi le redéploiement des politiques industrielles, des politiques de redistribution et des politiques commerciales dans une direction radicalement opposée à celle qui a favorisé la montée et la crise du capitalisme financier.

 

1. Du Fordisme au Walmartisme

Dans tous les pays développés, La crise du pouvoir d'achat des ménages à revenus moyens et modestes est concomitante à la montée du libre-échange. Elle est repérable à travers la stagnation, en termes réels, du salaire médian. Ce phénomène signifie que les salaires réels d'au moins la moitié des salariés évoluent à une rythme plus faible que celui des gains de productivité1. Ce mouvement caractérise tous les pays depuis le début de la décennie 2000. Il se manifeste désormais dans les pays anglo-saxons, traditionnellement caractérisés par un partage des revenus stables, par une baisse de la part des salaires dans la valeur ajoutée. Cette baisse fut particulièrement prononcée en France entre 1983 et 1997, avant que la part des salaires ne se stabilise, depuis, à un niveau inférieur de 3 à 5 points en dessous de ce qu'elle était dans les années 60, selon l'indicateur retenu. Cette stabilisation ne signifie pas que le sort des plus modestes ait cessé de se dégrader. Elle traduit le fait que la baisse du pouvoir d'achat des bas salaires et la stagnation du salaire médian sont compensées par l'explosion des hauts salaires, tirant le salaire moyen vers le haut.
Traditionnellement, la modération salariale s'accentuait avec la montée du chômage, et se relâchait lorsque le chômage diminuait. Cette relation  inverse entre le chômage et les salaires nominaux est connue par les économistes sous le vocable de Relation de Phillips2. Lorsque le chômage baissait, le salaire nominal augmentait beaucoup plus vite que la productivité, les entreprises réagissaient en augmentant les prix pour maintenir leurs marges. Lorsque le chômage augmentait, le salaire nominal augmentait moins vite et les entreprises pouvaient modérer leurs prix tout en conservant le taux de marge inchangé. D'où une certaine stabilité de long terme du partage salaire-profit, observable, notamment, pendant les 30 Glorieuses. Cette relation traduit l'effet exercé par ce que Marx appelait « l'armée de réserve industrielle » (les chômeurs), sur les salaires. L'existence d'un excédent permanent de main d'œuvre, plus ou moins important, permettant aux entreprises de mettre en concurrence les salariés et les chômeurs et d'obtenir ainsi une modération des salaires.
La nouveauté de la période récente est que, même lorsque le chômage diminue, le salaire nominal d'au moins la moitié des travailleurs évolue à un rythme plus faible que la productivité, et parfois même plus à un taux plus faible que l'inflation. Ceci traduit une forte dégradation du rapport de force en défaveur des salariés exécutants, permettant aux « Top Managers » de jouir de très hauts salaires et aux actionnaires d'obtenir des taux de profits élevés, grâce auxquels leurs dividendes ont explosé. Cette baisse du pouvoir de négociation des salariés a, de surcroît, été entretenue par le libre-échange3, qui, dans le capitalisme financier, forme système avec la dérégulation des marchés financiers et du travail. Il est possible d'affirmer que le libre-échange a accentué l'impact sur les salaires de l'existence d'une « armée de réserve industrielle mondiale » sous-rémunérée4, dont le centre de gravité se situe dans les pays à bas coûts et/ou en zone dollar, exerçant une pression à la baisse sur les salaires occidentaux, même lorsque les taux de chômage diminue (comme ce fut le cas avant la crise). Le libre-échange se traduit certes par des délocalisations. Les investissements directs à l'étranger s'orientent à cet égard bien plus vers l'Europe de l'Est plus que vers la Chine (la part des investissements vers la Chine représente moins de 10% de nos Investissements Directs à l'Etranger). Mais le libre-échange a surtout développé une menace crédible de délocalisation, qui permet aux entreprises de l'Europe de l'Ouest d'exercer un chantage au licenciement, au déménagement de l'outil de production et de la sous-traitance, pour obtenir la modération salariale5.
Pour les classes moyennes et modestes, se développe alors le « Walmart-isme »6, comme modèle de consommation « low cost », où les bas prix sont eux-mêmes obtenus par la vente de produits à bas prix, fabriqués au mépris des normes sociales et environnementales, et distribués par une main-d'œuvre à bon marché, condamnée à s'endetter pour consommer, ou tout simplement subsister.
La montée du libre-échange et ses conséquences sur la répartition des revenus a accouché de deux scénarii macroéconomiques : l'un mettant en scène une croissance instable tirée par l'endettement privé, dans le modèle anglo-saxon et chez ses clones européens, l'autre une croissance molle, caractérisée par une épargne excédentaire porteuse de menace déflationniste (déficits soutenables ds ce cas).

2. Deux scénarii d'une crise de la répartition des richesses

Dans les pays du noyau dur européen, en Allemagne et en France, deux pays ayant tenté « d'adapter leur marché du travail aux réalités de la mondialisation », la baisse de la rémunération du travail, pudiquement qualifiée de « modération salariale », n'a aucunement créé les emplois annoncés. Les « réformes structurelles » ont accentué l'injustice sociale, augmenté les revenus des riches et cassé la consommation populaire, principal moteur de la croissance, sans que les profits des entreprises ne viennent financer l'investissement. La part des bénéfices consacrée aux versements de dividende a pris progressivement le pas sur celle qui était auparavant consacrée à l'investissement. La financiarisation de l'économie, accompagnée d'une accumulation de richesses entre les mains d'une poignée d'individus n'est pas un fantasme. Entre 2000 et 2007, les profits des entreprises du CAC 40 ont progressé de 97,4%. Les dividendes qu'elles ont distribués ont augmenté de 255% tandis que leur taux d'investissement reculait de 23%7. La part des salaires dans la valeur ajoutée a lourdement chuté dans tous les pays occidentaux au cours de la dernière décennie, particulièrement en Allemagne. Ce mouvement s'est amorcé un peu plus tôt en France. L'indicateur utilisé dans le rapport Cotis sur le partage de la valeur ajoutée8, commandé par le Président de la République, montre qu'après une chute brutale, la part des salaires dans la valeur ajoutée s'est stabilisée depuis 1998 en France à 67%, soit trois points en dessous de ce qu'elle représentait au cours des années 60. Celles-ci sont prises par la plupart des économistes comme les années de référence pour définir la norme d'équilibre de long terme de la répartition des revenus : 70% pour les salaires, 30% pour les profits. Trois points de PIB représentent aujourd'hui 60 milliards d'euros... soit une somme permettant, si elle était socialisé et redistribuée par l'impôt ou par les salaires, directs et indirects, d'engager un véritable plan de relance, ou encore d'équilibrer le régime de retraite par répartition. Ce partage de la valeur ajoutée, qui s'est établi à un niveau excessivement favorable aux profits, est, pour l'heure, à l'origine de l'augmentation des revenus du patrimoine distribués aux plus riches, ceux qui détiennent les valeurs mobilières, mais aussi des bonus versés à leurs valets. Une telle montée des inégalités s'est avérée contre-productive. Les riches auraient certes pu consommer le supplément de revenus dont ils ont bénéficié, a fortiori accru par les réformes fiscales en cours. Ceci aurait même pu, dans un schéma causal tiré par la demande, alimenter les débouchés des entreprises, celles-ci auraient investi pour accroître leurs capacités de production, etc... Mais, à la différence des riches d'Amérique, les riches d'Europe ont une propension à épargner importante. Le taux d'épargne s'établissait en moyenne à 13% dans l'Union Européenne (15% en France), contre 0,9% aux Etats-Unis avant la crise9. Le phénomène majeur, mis en évidence par les économistes postkeynésiens, est que la propension à épargner augmente avec le revenu. En France, la propension à épargner des 20% les plus pauvres est négative (entre -11% et -1% de leur revenu), celle des ménages du deuxième quintile est comprise entre 3% et 6%, celle du troisième quintile entre 7% et 10%, celle du quatrième quintile autour de 10%. Au-dessus du panier, la propension à épargner des ménages du dernier quintile, formant les 20% les plus riches, est comprise entre 34 et 36%. Dans les pays du noyau dur européen, la redistribution primaire des revenus favorable aux riches, relayée par une politique fiscale avantageuse, a donc eu pour effet mécanique d'augmenter le taux d'épargne. Cette épargne est devenue structurellement excédentaire, tant elle n'a pas été mobilisée par les entreprises pour l'investissement, contrairement aux prédictions de la théorie orthodoxe. Ce déséquilibre macroéconomique était antérieur à la crise financière. Il est synonyme d'une situation potentiellement récessive, devenue patente dans les pays du noyau dure européen, dès le deuxième trimestre 2008 où leur croissance devenait négative10. Les bons chiffres du commerce extérieur allemand n'ont fait illusion qu'un temps. L'Allemagne subira une violente récession de -5% en 2009, consécutivement à la chute de la demande mondiale et à l'improbable rebond de sa demande intérieure. L'Allemagne est désormais en passe d'entraîner la zone euro et l'Union européenne toute entière dans une déflation salariale généralisée, aux conséquences macroéconomiques dommageables. En particulier, en l'absence de fonds structurels conséquents et de ressources budgétaires suffisantes, et placés dans l'impossibilité de dévaluer, les Etats dont les balances courantes sont déficitaires, sont condamnés, pour résister à la concurrence et, désormais, à la spéculation des marchés, à comprimer leurs salaires et réduire le périmètre de leurs systèmes de protection sociale.
Dans le deuxième scénario, aux Etats-Unis et dans les pays européens clones du modèle immobilier et financier américain (le Royaume-Uni, l'Irlande, l'Espagne), contrastant avec le cas du noyau dur européen, la croissance fut apparemment bien plus soutenue entre 2002 et 2006, période où les « affaires » furent florissantes entre l'éclatement de la bulle Internet et la crise des Subprimes. Cette croissance, tirée par le secteur immobilier, ne fut possible qu'au prix de l'endettement des ménages. L'endettement des ménages est une caractéristique structurelle de l'économie américaine, où les classes riches sont beaucoup moins vertueuses en matière d'épargne que celles de la vieille Europe. Le phénomène marquant, à l'origine de la crise des Subprimes, est la montée de l'endettement des ménages à revenus moyens et modestes dont le pouvoir d'achat avait cessé de croître, comme partout. Cet endettement fut alimenté par l'industrie financière, réalisant d'énormes bénéfices grâce aux liquidités levées par le biais de la tritrisation11, et à l'effet de levier que ce mécanisme de financement leur a permis de décupler12. Au prix que l'on sait aujourd'hui...
Les causes partielles, si ce n'est l'origine profonde de la crise du capitalisme financier, tiennent dans la répartition inégalitaire des richesses qui s'est insinuée dans le Capitalisme financier, sous la pression du libre-échange. A cette aune, la régulation des marchés financiers qu'appellent de ses vœux chaque sommet du G20 est nécessaire. Elle passe par le renforcement des exigences de fonds propres des banques, l'encadrement la titrisation, la création d'institutions supranationales de supervision et d'évaluation des risques, l'encadrement des bonus des traders, la lutte contre les paradis fiscaux, et même la nationalisation des banques. Mais elle s'avèrera insuffisante si la politique publique ne s'inquiète pas des conséquences désastreuses du partage inégalitaire des richesses et n'encadre pas le libre-échange.

3. Pour un développement multipolaire

 
A cet égard, le choix d'une logique de développement multipolaire doit être privilégié, afin de préserver les cohérences sociales, industrielles, commerciales de chacune des trois grandes zones intégrées que formes la zone dollar, la zone euro et la zone asiatique. Une négociation internationale, commerciale et monétaire est pour cela nécessaire. Chaque zone pourrait définir ses propres normes sociales et environnementales et recentrer sa stratégie sur le développement de son marché intérieur. La zone euro ne doit pas devenir une simple zone de libre-échange gangrenée par la déflation salariale et la « concurrence fiscale ». Elle doit se doter des mécanismes budgétaires et monétaires nécessaires, afin de gérer les chocs asymétriques, comme celui que subit actuellement la Grèce face aux attaques spéculatives. En clair, cela signifie que sa banque centrale doit pouvoir racheter les dettes souveraines lorsque les marchés exigent des primes de risques injustifiées et que le budget communautaire puisse être financé par l'emprunt. La renégociation des taux de change autour d'une monnaie de réserve internationale permettrait d'éviter l'alignement de certaines monnaies sur le dollar, dont la faiblesse chronique présente désormais des inconvénients pour la zone euro, tout comme pour la zone asiatique. La zone euro voit ses industries pénalisées et incitées à se délocaliser. La Chine, détentrice d'avoirs en dollar (les emprunts d'Etats américains) voient ces derniers se déprécier et se tourne désormais vers le développement de son immense marché intérieur. Elle est la première à avoir ouvert le débat sur l'opportunité d'une telle monnaie de réserve. Celle-ci, à l'image du Bancor imaginé en son temps par Keynes, serait une monnaie fictive (comme le fut l'ECU) à partir de laquelle seraient redéfinis les taux de changes fixes entre les monnaies mondiales. Elle serait gérée par le FMI, qui disposerait de Droits de Tirage Spéciaux importants pour soutenir le cours des monnaies attaquées.
Il va de soi que ce scénario n'a pas la préférence des Etats-Unis, qui verrait l'hégémonie du dollar remise en question. Un tel scénario nécessite donc que l'Union Européenne cesse d'être un nain politique et qu'elle accepte de négocier avec la Chine et la Russie des moyens de convaincre les Etats-Unis de la nécessité d'un nouvel ordre géopolitique international qui, au demeurant, possèderait l'avantage de contenir les risques d'une « guerre des civilisations ».
Liêm Hoang Ngoc, eurodéputé, économiste

Blog de Liêm Hoang-Ngoc :  www.liemhoangngoc.eu

Site d'Un monde d'avance : www.unmondedavance.eu

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NOTES : 

1 On s'éloigne toujours plus du modèle « fordiste » des 30 glorieuses, où le moteur de la croissance était la consommation de masse des classes moyennes et populaires, alimentée par des salaires réels augmentant au même rythme que la productivité.

2 Du nom de l'économiste néo-zélandais A.W. Phillips ayant le premier testé économétriquement cette relation en 1958. Ses travaux furent notamment prolongés par les prix Nobel Paul Samuelson et Robert Solow deux ans plus tard. Voir Liêm Hoang-Ngoc, Le fabuleux destin de la courbe de Phillips, Presses Universitaires du Septentrion, 2007.

3 Jacques Sapir, « Le retour du protectionnisme et la fureur de ses ennemis », Le Monde Diplomatique, mars 2009, p. 18-19.

4 Alors que le différentiel de productivité avec les Pays d'Europe Centrale et Orientale est de 1 à 4 et avec la Chine de 1 à 14, le différentiel de coûts salariaux est respectivement de 1 à 6 et de 1 à 30.

5 En France, concrètement, les syndicats ne parviennent plus, dans les négociations de branche, à obtenir un relèvement des minima de branche (dont l'évolution tire tous les niveaux de l'échelle des salaires). Les pouvoirs publics hésitent à augmenter le salaire minimum, par peur de pénaliser les PME sous-traitantes, fortement utilisatrice de travail peu-qualifié. Ils maintiennent la désindexation des salaires sur les prix dans la fonction publique (en vigueur depuis 1983) pour montrer l'exemple de la modération salariale au secteur privé. Seuls les hauts salaires des dirigeants et les revenus financiers augmentent substantiellement.

6. L'expression est de Jacques Rigaudiat, en référence à la chaîne de distribution « low cost » américaine Wal- Mart. Jacques Rigaudiat, Le nouvel ordre prolétaire, Le modèle social français face à l'insécurité économique, Autrement, 2007.

7 Camille Landais, Les hauts revenus en France (1998-2006), une explosion des inégalités, Paris School of Economics, juin 2007.

8 Il s'agit de l'indicateur de partage de la valeur joutée « au coût des facteurs de production », supposé refléter ce que coûtent réellement le capital et le travail à l'entreprise. Pour calculer la part des profits, on retranche des bénéfices la somme consacrée aux impôts sur la production, tels que la taxe professionnelle. La part des profits dans la valeur ajoutée est alors plus faible de deux points (et la part des salaires supérieure de deux points) à ce qu'elles seraient si l'on utilisait l'indicateur de partage brut de la valeur ajoutée, indiquant strictement l'état du partage primaire des revenus.

9 Le taux d'épargne est remonté à 17% en France et autour de 5% aux Etats-Unis en 2009. Aux Etats-Unis, cette remontée est liée au comportement de désendettement des ménages. En France, elle est due, d'une part, à l'épargne de précaution de la part des ménages à revenus moyens et modestes, face à la menace qui pèse sur l'emploi dans un contexte de croissance molle, ce dont témoigne le maintien des placements sur le livret A. Elle s'explique d'autre part par la reprise des placements financiers des classes riches, anticipant un « retour à la normale » des affaires.

10 La crise de liquidités ne se manifesta en Europe qu'en octobre 2008.

11 L'opération de titrisation fut le véhicule de la crise des Subprimes. Elle consiste, pour une banque à ranger les crédits qu'elle a consentis ou rachetés par classe de risques, notés par des agences de notation. Ces crédits sont ensuite revendus, moyennant commission, sous forme de titres obligataires (les dérivés de crédits) à d'autres opérateurs financiers, ce qui permet aux banques titrisantes de lever des liquidités pour financer d'autres opérations tout en se défaussant du risque sur d'autres acteurs, puisque les crédits titrisés n'apparaissent plus à l'actif du bilan des banques titrisantes.

12 L'effet de levier est l'accroissement de la rentabilité financière d'une opération, intervenant lorsque celle-ci est financée par l'endettement, notamment par le biais de la titrisation. La rentabilité financière est calculée à partir du ratio bénéfices/fonds propres. La rentabilité financière explose, une fois remboursés les intérêts d'emprunt contractés à bas taux, si l'on rapporte des bénéfices en hausse à des fonds propres inchangés.

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