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29 janvier 2016 5 29 /01 /janvier /2016 14:45
Les vœux et compte-rendu de mandat de Gérard Sebaoun, député socialiste de la 4e circ. du Val-d'Oise, centre culturel St.-Exupéry à Franconville le 21 janvier 2016

Les vœux et compte-rendu de mandat de Gérard Sebaoun, député socialiste de la 4e circ. du Val-d'Oise, centre culturel St.-Exupéry à Franconville le 21 janvier 2016

Mesdames et Messieurs,


Je remercie chacune et chacun d’entre vous d’avoir pris le temps de me rejoindre ici ce soir, celles et ceux que je connais personnellement depuis longtemps et d’autres personnes représentant d’associations, d’entreprises, de formations politiques qui m’ont fait l’amitié de se déplacer.
Permettez-moi d’adresser un salut particulier à mon ami Didier ARNAL, qui fut Président du conseil général du Val d’Oise et avec lequel j’ai beaucoup travaillé, à mes anciens collègues du conseil général que j'ai aperçus, mes amis François Balageas, Anita Bernier, Philippe Demaret...
Cette période exaltante s'est hélas terminée par une défaite électorale en 2011, une défaite, certes très honorable, qui m’a conduit à m’interroger sur la poursuite de ma vie politique. Venu comme on le dit classiquement de la société civile, j’avais une vie avant et j’aurais une vie après. Mais après réflexion et convaincu par mes amis que je ne devais pas renoncer, j’ai l’honneur aujourd'hui de vous représenter à l’Assemblée Nationale.


J’en tire une première leçon : il est toujours nécessaire de réfléchir avant de décider et c’est mieux d’avoir des amis fidèles.
Je vous le dis sans retenue, j’ai participé avec enthousiasme à la victoire de François Hollande en 2012 face à Nicolas Sarkozy et à son discours identitaire, car je ne suis pas de ceux qui réécrivent l’histoire avec les cartes d'aujourd'hui.


A ceux qui me disent aujourd’hui qu’il doit être difficile d’exprimer des divergences avec le Président et le Gouvernement, je réponds qu’un député ne saurait être un simple spectateur et à ce propos, Il y a 3 réalités que je veux vous faire partager.
La première, c’est que le mandat de député n’est pas un mandat impératif, c’est-à-dire que le député exerce librement son vote même s’il existe, et c’est normal, une discipline de vote dans les groupes politiques. Appartenir à la majorité ne rend pas amnésique et il faut toujours se rappeler pourquoi nous sommes là où nous sommes.
La seconde, c’est que rien n’est écrit d’avance. Nous devons pouvoir nous adapter aux événements majeurs qui peuvent surgir : par exemple la crise financière de 2008 ou le terrorisme qui nous frappe actuellement, c’est une nécessité. Mais sur les réponses, nous pouvons avoir des désaccords, j’y reviendrai.
J’ajoute un troisième élément qui a bouleversé nos vies quotidiennes personnelle et professionnelle, c’est la révolution numérique avec l’accélération des technologies de l’information, les chaînes d’infos en continu ou les réseaux sociaux.


Sur le champ politique, la réflexion est submergée par la sacro-sainte actualité. Tout se vaut sans priorité ni hiérarchie, et toute nouvelle chasse la précédente. Le monstre médiatique n’est jamais rassasié. Pour prendre un seul exemple, la chemise déchirée du DRH d’Air France, et je n’approuve pas, a totalement occulté les plans de réductions du personnel, on a évoqué le chiffre de 3000 salariés. Notre ami (Didier Dague) syndicaliste à Air France pourrait nous le confirmer mieux que je ne le fais. Cela ressemble à une réalité virtuelle, sauf que la vie des gens n'est pas un jeu vidéo.
Le citoyen lui aussi est pris dans ce tourbillon car il dispose désormais de sources d’information inépuisables et disponibles H24, informations pas toujours vérifiées et donc manipulables à l’envie, qu’il faut apprendre à décrypter et à prioriser et ce n’est pas une mince affaire ! La théorie du complot omniprésente sur les réseaux sociaux en est une des illustrations les plus inquiétantes.
Le 1er message est donc de nous appeler collectivement à la réflexion et au sens critique en s’aidant de tous les outils à notre disposition et je plaide vraiment pour qu'à l’école aussi bien qu'à la maison, on initie nos enfants dès leur plus jeune âge.
Vous avez peut-être remarqué que ma carte de vœux sur laquelle j'ai reçu beaucoup de retour positifs et même de compliments, revêtait par les temps qui courent un message qui n’a pas besoin de sous-titre.
En effet, j’ai tenu à l’illustrer par 2 photos avec l’accord du Musée de l’Immigration que je remercie et dont je conseille vraiment la visite à ceux qui ne le connaissent pas, 2 photos qui résument l’idée que je me fais de notre pays.
Je suis convaincu que chaque Français d’où qu’il vienne, quel que soit notre lieu de naissance ou l’origine de nos familles, est constitutif de la France, dans sa diversité. Notre naissance, la vôtre, la mienne, doit tout au hasard et à la rencontre, à l’histoire de nos aïeux, et aux déplacements contraints ou volontaires des hommes sur la planète au fil du temps et des événements.
Un seul chiffre pour illustrer cette réalité : le nombre de migrants dans le monde est passé de 77 millions en 1965 à 214 millions en 2010 soit quelques 3 % de la population mondiale. Je fais mienne cette phrase que j’ai reprise sur le site du musée de l’immigration : « Statistiquement le terrien préfère ses pantoufles ou ses babouches aux incertitudes de l’errance ».
Nous sommes un pays d’immigration et beaucoup de Français sont venus de partout, d’Europe, du Maghreb, d’Afrique subsaharienne, d’Asie ou d’ailleurs. J’espère ne pas décevoir ceux qui auraient pu se laisser bercer par le mythe du « Français de souche strictement hexagonale ». Rappelons-nous Kofi Yamgnane, toujours Franco-togolais, devenu maire d’une commune du Finistère de 415 habitants, puis secrétaire d’état en 1992, notre Premier Ministre né catalan et donc espagnol, et d’autres membres du Gouvernement qui sont binationaux.


La France est notre héritage commun, que ce soit par le sang, par le sol ou par naturalisation, et il n’y a pas de tri à faire entre les Français qui ne seraient que Français et d’autres Français bi voire tri-nationaux. J’ajoute qu’à nos côtés, parmi nous, vivent aussi celles et ceux qui ont conservé leur nationalité sans prendre la nationalité Françaises et qui ont choisi de vivre en France. Ils sont les bienvenus comme le sont les migrants, et je salue ici l'action de nos amis présents François Detton l'ancien maire de Montmorency et d’Adélaïde Piazzi, sa 1ère adjointe, qui se sont beaucoup investis lors de arrivée dans le Val d'Oise.
Il faut nous opposer à l’instauration d’une société de la crainte, de la peur, du rejet de l’autre, de la haine. Il y a des lois pour tous, des droits et des devoirs égaux pour chacune et chacun d’entre nous.
Les attaques suicidaires qui ont assassiné et blessé des centaines de nos compatriotes en 2016, ont traumatisé notre pays. L’émotion et l’indignation nous a tous submergé et elle est encore très présente dans les têtes, c’est normal. L’exécutif a agi face à des organisations qui prennent délibérément pour cible des innocents dans nos rues et qui nous combattent pour ce que nous sommes.
Cela nous oblige à mieux étudier et à mieux comprendre la mentalité fanatique de nos adversaires, pour les combattre efficacement, surtout lorsque ces meurtriers sont de jeunes Français. Notre détermination et notre vigilance doivent être absolues, aucun discours de l’excuse n’est acceptable mais pas davantage les raccourcis et tous les amalgames qui viseraient l'islam.
Pour le dire à ce qui ne le sauraient pas, j’ai exprimé très tôt mon désaccord avec le couple exécutif sur certaines dispositions législatives introduites dans la loi sur l’état d’urgence qui écorchent nos libertés et qui vont bien au-delà de ce permettait déjà la loi de 1955. Dans un pays de liberté comme le nôtre, on sanctionne des actes, des faits et on défère les suspects devant la Justice, on n’assigne pas à résidence des personnes sur un supposé « comportement ». Je n’ai pas le temps d’entrer dans les détails.
Je n’oppose pas liberté et sécurité, et je reconnais à l’état d’urgence sa légitimité, il ne saurait devenir un état permanent et en l’absence de nouveaux éléments, je ne voterai ni sa prolongation, ni son inscription dans la constitution.
Vous l’avez compris, je suis infiniment reconnaissant aux révolutionnaires de l’assemblée constituante de 1789 d’avoir inscrit dans notre ADN la déclaration des droits de l’Homme et du citoyen avant même la naissance de la Première République de 1792.


D’autres grands principes sont devenus d’immenses lois de la République, telle la liberté de la presse de 1881 ou celle sur la laïcité de 1905 pour peu qu’elle soit expliquée et respectée. Chacun est libre de croire ou de ne pas croire et d’exercer son culte librement dans notre pays. Les lois que nous votons sont les mêmes pour tous et la transcendance n’a pas sa place à l’assemblée nationale, même s'il peut nous arriver d'entendre les représentants des cultes.
Premier message, la réflexion et le sens critique, le second, la défense de nos libertés car elles sont constitutives de ce que nous sommes.
J’ai également constamment à l’esprit que nos concitoyens ont de moins en moins de considération pour le personnel politique et qu’ils se détournent jusqu’à renoncer de plus en plus massivement à exercer un droit essentiel, leur droit de vote, quand ils ne se tournent pas vers l’extrême droite. Et ce n’est pas en les traitant de de racistes ou de fachos, ou en reprenant une de leurs idées que nous les combattrons efficacement.


Quand je vous aurai dit qu’en 3 ans et demi, plus de 300 lois ou conventions ont été adoptées à l'assemblée nationale, que l’activité a été et reste très soutenue, que les conditions de travail sont discutables, que l’urgence est la norme, vous aurez compris qu’un député ne peut évidemment pas tout suivre. Je salue à cet instant le travail de mes collaborateurs tous présents ce soir, Maxime Lonlas de Saint-Gratien, Antoine Raisseguier de Franconville et Nicolas Tcheng d'Ermont, sans oublier le passage apprécié parmi nous de Steven Dutartre ou de Romain Eskenazy.
Pendant ces 3 ans et demi, j’ai pu exprimer mon plein soutien sur de nombreux textes, mais aussi des doutes et des désaccords avec certaines décisions de l’exécutif, et cela ne m’a pas valu que des louanges ! J’en viens à un survol nécessairement rapide de mon activité parlementaire.


En 2012, après l’euphorie de la victoire et la promesse d’une action vigoureuse du président dans une Europe en crise et menacée de déflation, nous avons pu mesurer les difficultés face à l’Allemagne et à ses alliés d’Europe centrale et du Nord. En raison de l’absence de toute renégociation réelle, et par conviction et fidélité à notre engagement de campagne, j’ai refusé de ratifier le traité européen.
Cela n’était pas une posture anti-européenne et encore moins souverainiste, mais je persiste à penser que l’union européenne ne survivra pas à la montée des populismes avec de l’austérité, du dumping social ou des jobs à un euro de l’heure.
Si nous persistons avec nos règles budgétaires absurdes dont on a pu mesurer grandeur nature en Grèce et ailleurs les conséquences néfastes sur nos économies et la vie des gens, si nous ne régulons pas la concurrence fiscale et sociale entre états membres, alors le rêve européen aura vécu.
Un exemple pour illustrer mon propos, celui que nous rappelle souvent ma collègue députée de Bretagne Chantal Guittet, les licenciements aux abattoirs GAD, parce qu’en Allemagne la main d'œuvre venue des pays de l'Est est payée deux fois moins cher que les salariés allemands.
S’agissant de la politique économique et sociale menée en France depuis mai 2012, j’ai approuvé les premières mesures du quinquennat tels les emplois d’avenir qui marchent bien contrairement à ce qui s’écrit parfois, et les contrats de génération qui eux n’ont guère rencontré de succès. Je cite encore la retraite à 60 ans pour les carrières longues ou la suppression de la défiscalisation des heures supplémentaires et pas la suppression des heures supplémentaires comme je l’ai trop souvent entendu. Nous n’avons pas assez expliqué combien ce système était injuste alors même que le chômage continuait à croître et qu'il était donc contre-productif à l’embauche. Cette mesure coûtait à l’État et donc au contribuable, et à la Sécurité sociale la bagatelle de 4,5 milliards d'euros en année pleine ! Mais dans le même temps, il est vrai qu’elle abondait le pouvoir d’achat de ceux qui en bénéficier. Cet avantage était injuste et intenable budgétairement mais avons mal mesuré l’impact de son arrêt brutal.


J’ai voté favorablement, parfois avec réticence c'est vrai, des lois qui ont fait débat notamment à Gauche.
Il en va ainsi de la loi retraites parce qu’elle contenait une avancée décisive sur la reconnaissance de la pénibilité. Responsable pour mon groupe de cette question j’étais convaincu qu’il fallait traiter enfin l’inégalité flagrante d’espérance de vie en bonne santé des salariés exposés en leur accordant des droits spécifiques. J’y ai beaucoup travaillé pendant et après, pour éviter que sa mise en œuvre ne soit définitivement abandonnée sous les coups de boutoir du patronat. Les décrets sont enfin publiés mais il nous faut toujours rester très vigilants.
J’ai voté celle sur la sécurisation des parcours professionnels parce que je croyais à l’intérêt de la complémentaire santé obligatoire pour tous les salariés, chapitre sur lequel je me suis investi, sans en méconnaître ni les difficultés, ni les manques.
J’ai voté la loi sur la formation professionnelle et la loi Rebsamen sur le dialogue social pour la représentativité des salariés dans les TPE de moins de 11 salariés, après avoir beaucoup bataillé sur la question du Burn-out et la santé au travail. J’ai obtenu partiellement gain de cause jusqu’à la prochaine fois...
J’aurais voté contre la loi Macron mais l’usage par le Gouvernement du 49-3, c’est-à-dire la possibilité de faire adopter une loi sans vote en l’absence du dépôt d’une motion de censure.
Face aux aides massives aux entreprises, tels le CICE non ciblé d’abord (crédit impôt compétitivité emploi), et surtout après l’annonce du pacte de responsabilité sans contreparties, j’ai fait partie dès le début des députés critiques.
D’ailleurs les premières études montrent un impact assez faible du CICE en termes de création d’emplois. Selon une étude de l’OFCE, 120 000 emplois dans la meilleure des hypothèses, auraient été créés ou sauvegardés grâce au CICE. L’économie d’impôts offerte aux entreprises grâce au CICE était estimée à 11 milliards pour 2014 (au titre des impôts sur 2013), 18 milliards pour 2015 (au titre des impôts de 2014 et 20 milliards en 2018. Rappelons que le financement du CICE a été financé pour partie par une augmentation de la TVA et qu'un effet d’aubaine n'est pas à exclure pour des entreprises qui auraient de toute façon recruté ou gardé leurs salariés sans aide.
Pour mieux se rendre compte de l'importance du coût annuel du CICE, il faut le rapprocher du coût du passage au-dessus du seuil de pauvreté des huit millions et demi de personnes qui, en France, se trouvent en dessous pour un seuil à 60 % du revenu médian soit 977 € pour une personne seule. Rappelons nous également que le RSA est à 492 euros pour une personne seule, qu’on ne vit pas pour le même prix en région parisienne et qu'il existe aussi des travailleurs pauvres.
La question de l’utilisation d’une telle manne financière doit donc être posée au moment où l’on reparle du revenu d’existence.
En vous disant cela, ne croyez pas que je sois ignorant de la vie des entreprises, les grandes comme les TPE ou les PMI/PME. Je sais qu’elles ont besoin de stabilité sociale, fiscale et normative et que beaucoup étaient exsangues en 2012 car elles n’avaient plus de marges. Il fallait les aider à respirer en reconstituant leurs marges afin qu’elles puissent sortir du rouge, se développer et embaucher. Les dizaines de milliards versés leur ont permis de reconstituer leurs marges mais l’emploi privé n’est pas au rendez-vous. Le badge de Pierre Gattaz sur la promesse de créer 1 million d’emplois est devenu une véritable imposture, comme une injure faite aux demandeurs d’emplois de notre pays.
Dès lors, il faudrait en tirer les conséquences et une partie de cet argent devrait être réorienté. Avec d’autres, des économistes de renom et des députés, nous avons plaidé pour une réorientation d’une partie de ce pactole, mais le Gouvernement ne nous a pas entendus. Il poursuit sur une ligne économique que je ne partage pas.
Dans le même temps, les baisses de cotisations sociales sur les salaires proches du SMIC se sont multipliées, et qu'il faut entendre ceux qui alertent sur l’organisation d’une trappe à bas salaires.


Soyons très attentifs à ceux qui rêvent à droite mais pas seulement, au Medef et ailleurs, de faire exploser le SMIC et d’introduire des mini jobs à l’allemande, des « One euro job » à l’allemande ou les "Zero hour contract" au Royaume-Uni qui permet d'embaucher un salarié sans durée de travail fixée dans son contrat, en ne rémunérant que les heures travaillées et exigeant une totale disponibilité. Aujourd'hui, près de 1,5 million de Britanniques travaillent sous ce statut, soit quatre fois plus qu'en 2010. Ce contrat scandaleux a permis d'inverser la courbe du chômage et de la ramener sous la barre des 6 %, mais à quel prix pour les salariés ! A Londres Les jeunes s’en accommodent pas par choix mais par obligation de survie.
S’agissant des économies qui financent le pacte de responsabilité, je veux pointer la baisse des dotations aux collectivités locales qui impacte défavorablement l’investissement public, même si je n'en exonère aucune de la nécessité d’une gestion rigoureuse. J’ai le souvenir d’avoir dénoncé au conseil général les transferts non compensés de l’État aux collectivités depuis 2004 face à une droite qui nous accusait de mauvaise gestion. Redevenue majoritaire dans la plupart des collectivités, c'est le cas dans le Val d'Oise, la droite hurle aujourd’hui contre les baisses de dotations. Moi, je n’ai pas changé d’avis avec la couleur du pouvoir local.
J’ajoute enfin que les décisions de non revalorisation du SMIC, de gel du point d’indice des fonctionnaires, du décalage de 6 mois de la revalorisation des pensions sont des éléments défavorables au pouvoir d’achat des Français.


Un mot sur la fiscalité : chacun comprend que les prélèvements d’impôts et de taxes sont nécessaires au bon fonctionnement de nos services publics notamment régaliens, à nos collectivités ou à nos hôpitaux, et que les recettes fiscales reposent sur les ménages et les entreprises. Les Français sont à la peine et semblent définitivement fâchés avec l’impôt car ils ont le sentiment de payer payer toujours plus sans que le service rendu ne s’améliore. Attention ce sentiment mérite d'être nuancé au regard des comparaisons internationales et notamment de notre niveau de protection sociale.
Notre système fiscal reste opaque et illisible. Je regrette que la réforme sur laquelle s’était engagé le Président de la République n’ait pas eu lieu. Le prélèvement à la source est certes dans les tuyaux malgré les fortes réticences de Bercy mais la création d’un grand impôt citoyen réellement progressif, prélevé à la source et lisible par tous, lui est resté dans les cartons. Nous avons réussi l'exploit de mécontenter ceux qui payent l’impôt et ceux qui ne le payent pas. Un comble !


A l'assemblée, je fais partie, si j'en crois le site nosdeputes.fr. , des parlementaires assidus, mais attention à ce type de classement, assidu ne veut pas dire actif !
Membre permanent de la commission des affaires sociales et depuis peu du comité d’évaluation et de contrôle de l’assemblée, grâce à l'appui du Président de mon groupe Bruno Le Roux, je participe régulièrement à leurs travaux. J'ai eu la chance également d'être membre de différentes missions, sur les 35 h qui a conclu je le rappelle à leur effet favorable sur l'emploi, à une importante mission sur la santé mentale, et actuellement à celle sur le paritarisme qui planche notamment sur les nouvelles formes de travail, pour faire court sur ce que l'on appelle l'ubérisation.
Pour être complet, je préside un groupe d’études sur les conditions de travail que j’essaie de faire vivre. Nous avons ainsi pu auditionné des experts et des universitaires sur la pénibilité et le suicide en milieu professionnel. Je suis également membre du groupe d'études sur les prisons et de celui sur les nuisances aériennes.
Et enfin, je suis vice-président du groupe d’amitié France-Algérie, mais je constate avec regret que le groupe fonctionne au ralenti.
J’ai souhaité centré mon action sur les textes portant sur le travail et sur la santé, c’est déjà un champ très large, tout en étant attentif aux autres textes dont ma commission peut être saisie, sur le handicap, le vieillissement, la famille ou l’enfance.


Comme je m’y étais engagé lors de la campagne, je suis intervenu sur les questions de nuisances aériennes et j’ai tenté de débloquer le dossier du classement de la Forêt de Montmorency en forêt de protection pour éviter qu’elle soit demain grignotée par la poussée de l’urbanisation.
Sur les nuisances aériennes, et je salue la présence parmi nous des représentants de l’ADVOCNAR, je vous dois la vérité. Avec Jean-Pierre Blazy, député- Maire de Gonesse, et fin connaisseur de ces sujets, aux côtés des associations, nous n’avons pas, à ce stade, obtenu d’avancées majeures qui modifieraient la donne. Nous nous heurtons à des poids lourds tels que la direction de l’aviation civile qui est le bras armé du Gouvernement, à Air France, à Aéroports de Paris qui chacun pour de bonnes raisons de leur point de vue, bloquent toute évolution significative. J’ai pu cependant faire passer quelques amendements utiles à la cause dans les difficiles débats parlementaire dans la loi sur la transition énergétique ou dans la loi santé.
Sur la forêt, c’est une déception car je croyais le dossier en bonne voie dès le début de la législature après avoir rencontré tous les acteurs, le Préfet, les carriers qui exploitent les réserves de gypse à 80 mètres sous la forêt comme ils exploitent la carrière de Cormeilles, et les experts du Ministère.
C’était un leurre cars les carriers bloquent le dossier par crainte de difficultés juridiques avec l’accord tacite du Ministère qui temporise alors que la solution réglementaire ou législative existe.
Voici 2 exemples de combats qu’il faut poursuivre face à l'inertie et à des intérêts pesants. Nous ne sommes pas découragés mais le temps désormais joue contre nous.


Je veux finir en vous disant un mot des réformes qui à mon sens honorent le Gouvernement et la majorité.
Je vous ai parlé de l’adoption du compte pénibilité, je n’y reviens pas.
Je veux évoquer le texte sur la fin de vie qui nous concerne tous dans notre intimité et sur lequel je me suis beaucoup investi dans les débats. Partisan de l’aide active à mourir, j’ai défendu cette position en première lecture et fait passer plusieurs amendements. Le texte final adopté mardi dernier en commission mixte paritaire au Sénat à laquelle je participais est une avancée qu’il faut savoir reconnaître même si j'entends les critiques et notamment de l'ADMD (Association pour le droit à mourir dans la dignité).  On pourra désormais anticiper sa volonté avec les directives anticipées qui s'imposeront au corps médical, et ce afin de ne pas souffrir et de ne pas prolonger sa vie devenue insupportable, dans le cas d'une maladie incurable un avec pronostic vital engagé à court terme.
Enfin, j'ai eu la chance d’être l’un des rapporteurs sur la loi santé qui a été votée en novembre peu de temps après les attentats. Là encore la bataille contre les opposants de tout poil aura été rude, je pense particulièrement à une partie des professionnels de santé et aux lobbies des cigarettiers et les alcooliers. Je rappelle pour bien comprendre les enjeux, que nous sommes selon l'OCDE lanternes rouges sur le tabac et l'alcool ! Le paquet neutre pour les cigarettes et le tabac à rouler sera bien chez les buralistes le 20 mai 2016 et le tiers payant généralisé se mettra progressivement en place dès l'été 2016 pour être pleinement opérationnel fin 2017. Je n’ai pas le temps de détailler les autres avancées de cette loi, mais elles sont nombreuses. Nous attendons l'avis du conseil constitutionnel sous 24h.


Un mot pour vous dire l'admiration que je porte à Christiane Taubira qui a été attaquée avec une violence inouïe au moment de la loi sur le mariage pour tous. Il est étrange qu'une loi qui n’enlève aucun droit à quiconque, une loi d’égalité qui ouvre aux homosexuels le droit au mariage et à l'adoption, un texte qui chez nos voisins a été voté rapidement et paisiblement, ait pu soulever autant de passions irrationnelles. Quoiqu'on pense au fond de la loi, on peut vraiment s'interroger sur les ressorts profonds de cette violence. Bis repetita avec avec la loi sur la contrainte pénale qui rompt avec le tout carcéral et qui ambitionne d'améliorer la réinsertion des condamnés, solution sans conteste la plus efficace.
Mais nous nous heurtons là à une contradiction car le budget de la Justice en France est misérable. 50%, c'est énorme, est consacré à la pénitentiaire qui pourtant manque de moyens, et quand un Français verse 61 € par an pour la justice, elle coûte 114 € à un Allemand et 198 € à un Suisse. On compte 11 juges en France pour 100 000 habitants, contre 25 en Allemagne et une moyenne de 21 pour l’ensemble de l'Europe. C'est parce que j'ai soutenu sans faille la Garde des sceaux que je m'interroge aujourd'hui sur son attitude face aux débats sur le texte constitutionnel.


Je finis en vous disant mes inquiétudes avoir entendu le discours du Président de la République sur la loi de Myriam El KHOMRY qui vise à réformer le code du travail. Je considère que cette réforme ne créera aucun emploi, mais bien sûr qu'on peut le modifier, on le fait d'ailleurs souvent. Ce n'est pas un totem mais attention, la simplification ne doit en aucun cas rimer avec un recul des droits des salariés. Si c'était le cas, j'amenderai autant que nécessaire et je m'y opposerai s'il le faut. J'attends de lire le projet de loi et la Ministre que nous avons rencontrée ne nous a pas donné beaucoup de billes. Pour tout dire, je ne suis pas optimiste.
Mesdames et messieurs, chers amis, la lutte que nous devons mener contre toutes les inégalités ne s’oppose pas à la liberté. Le combat pour l'éducation de tous et contre toutes les discriminations que je n'ai pas eu le temps d'évoquer ce soir est à l'égal de l'amélioration des conditions économiques et sociales, vital pour la liberté.


Permettez moi pour terminer de citer 2 députés infiniment plus célèbres que moi, le député Alphonse de Lamartine qui proclama la République en 1848 et en fut même l'éphémère chef du Gouvernement provisoire, avant d'être balayé par Louis Napoléon Bonaparte à l'élection présidentielle, Napoléon alors soutenu par le député Victor Hugo.
Lamatine nous a dit « Si vous voulez rendre l'homme capable de liberté, qu'il soit instruit » et Victor Hugo « La liberté commence où finit l'ignorance. »
Je vous remercie encore de votre présence et de votre patience.

Gérard Sebaoun lors de son intervention à Franconville le 21 janvier 2016

Gérard Sebaoun lors de son intervention à Franconville le 21 janvier 2016

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19 janvier 2016 2 19 /01 /janvier /2016 16:36
Emmanuel Maurel, eurodéputé S&D, à la sortie du bureau national du PS, dans la nuit du 18 au 19 janvier 2016

Emmanuel Maurel, eurodéputé S&D, à la sortie du bureau national du PS, dans la nuit du 18 au 19 janvier 2016

 Le Parisien - Philippe Martinat | | MAJ :
 
VIDEO. Emmanuel Maurel : «Il faut sauver le soldat François Hollande !» Le député européen S&D explique clairement à quel point la logique de la Vème République emmène le Parti Socialiste dans une logique ridicule où il faudrait tenter de sauver le Président de la République de l'impasse dans laquelle il a conduit toute la gauche en cherchant une solution de compromis qui n'existe pas. Retarder l'échéance ne permettra pas de faire une synthèse sur des options et des principes inconciliables.


Emmanuel Maurel : « Il faut sauver le soldat... par leparisien

Le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis. 
Le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis.  (AFP/FRANCOIS GUILLOT)

Comme prévu, le bureau national du PS qui s’est tenu lundi soir n’a permis aucune avancée sur la déchéance de nationalité. Avant même la réunion, l’Elysée a confirmé que François Hollande allait reprendre la main en recevant demain les présidents de l’Assemblée et du Sénat, Claude Bartolone et Gérard Larcher, et vendredi les groupes parlementaires.

Il s’agit, selon l’Elysée, de «recueillir leurs visions et propositions » afin que la révision constitutionnelle soit adoptée « le plus largement possible par les deux chambres ».

L’exécutif cherche à s’assurer la majorité des trois cinquièmes nécessaire pour modifier la Constitution afin de donner un «fondement incontestable» à l’état d’urgence et «déchoir de la nationalité française les individus condamnés définitivement pour crime terroriste». Hollande tente aussi de repasser la patate chaude aux députés et sénateurs de la majorité, comme de l’opposition.

Le casse-tête

Les débats qui ont eu lieu lundi soir rue de Solférino illustrent le casse-tête juridique et politique pour trouver une solution acceptable par le plus grand nombre. La direction du PS s’est bien gardée de proposer un texte clé en main. «On nous a proposé un exercice assez virtuel», commente un membre du BN. A défaut, l’aile gauche emmenée par le député Christian Paul tente d’obtenir un vote contre la déchéance. En vain. Hostile lui aussi au projet, Jean-Marc Ayrault appelle à ne pas faire de concession sur le fond, pour ne pas fracturer la cohésion nationale, mais penche pour la déchéance de… citoyenneté.

Martine Aubry embraye : «On veut opposer nationaux et binationaux, c’est une erreur. On s’est enferré, il faut en sortir, trouver une formule. Notre responsabilité est de faire évoluer le débat.» Benoît Hamon remet sur le tapis la proposition de substituer l’indignité nationale à la déchéance de nationalité. Le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, écoute : pour l’instant, il n’a rien à proposer. Pour ne pas repartir bredouilles après trois heures de débat, les socialistes décident… de lui donner mandat pour rencontrer Hollande vendredi à l’Elysée. En clair, il est urgent d’attendre.
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5 janvier 2016 2 05 /01 /janvier /2016 11:50
Nous refusons la déchéance de nationalité aux binationaux nés Français

L'exécutif a confirmé mercredi 23 décembre 2015 sa volonté d’inscrire la déchéance de la nationalité pour les binationaux nés Français ayant commis des actes de terrorisme dans la Constitution. Nous refusons l'extension du principe de déchéance et sa constitutionnalisation.


1- Cette mesure n'a strictement aucune efficacité, et c'est admis par ses propres promoteurs
On ne voit pas comment la déchéance de nationalité pourrait faire peur à des terroristes qui ne craignent pas de se faire exploser ou mourir. Certains des candidats au djihadisme brûlent d'ailleurs leurs passeports en arrivant en Syrie, en Irak ou au Yémen. En matière de lutte contre le terrorisme, ça n’a aucun sens et c’est même contre-productif au niveau international, car on va renvoyer des gens vers d’autres pays où ils pourront tout autant poursuivre leurs activités dangereuses.


2- cette mesure n'est en pratique pas ou peu applicable
Le Premier Ministre a précisé que les personnes frappées par cette déchéance seraient jugées et condamnées en France et purgeraient leur peine de prison en France ; ce ne serait donc qu'à l'issue de leur peine qu'ayant été déchues de la nationalité française, elles seraient expulsées. Un tel dispositif n'est pas pertinent et même contre-productif, car il implique de perdre la maîtrise et la surveillance sur des individus qui resteraient potentiellement dangereux. Dans certains cas, notamment pour l'Algérie, les personnes concernées par une telle procédure ne pourraient pas être expulsées car menacées de la peine de mort. C’est le cas d’Algériens condamnés pour faits de terrorismes et toujours en France ; la déchéance de nationalité perd alors tout sens si elle en avait un.
Enfin le projet de loi ne prend pas en compte l’idée de nationalité effective. Certains Etats donnent leur nationalité sans qu’on le demande, comme le Maroc pour les descendants de Marocains ou, d’une autre manière, Israël avec la Loi du retour pour les Juifs. Il faudrait donc introduire la notion de lien effectif, par exemple la demande d’un passeport. Or le projet de loi ne comporte pas cette distinction et l’on peut se demander quel serait le sens de la déchéance d’un individu né français et possédant une autre nationalité d’un pays dont il ne connaît absolument rien. Par ailleurs si l’autre pays décide aussi sa déchéance de nationalité, il deviendra apatride sauf a chercher quel est le pays qui a prononcé sa déchéance le premier. On imagine les imbroglios juridiques…


3- sans efficacité, inapplicable, le gouvernement veut donc agir sur les symboles. C’est à mauvais escient. Les symboles à défendre sont ceux de notre tradition républicaine.
La première préoccupation des autorités devrait être la cohésion nationale, la cohésion entre tous les Français quelles que soient leur origines. Or, Si cette réforme constitutionnelle était adoptée, elle inscrirait la marque dans notre loi fondamentale d’une différence entre deux catégories de Français, la marque de divisions parfaitement artificielles. Cela aura des effets très négatifs sur la cohésion que nous devons rechercher et probablement aucun effet réel contre le terrorisme. Un binational est un Français à part entière aux droits strictement identiques aux autres. Commencer fusse pour des exceptions à rompre avec cette notion laisse entrevoir la possibilité de le faire pour d’autres si l’intérêt national était en jeu. C’est à haut risque 
L’idée que des enfants nés Français ne rentreraient pas tous strictement dans le même cadre constitutionnel est une entorse aux principes du droit du sol, principe datant de la Révolution française et que l’extrême droite a toujours contesté. Si c’est une affaire de symbole, alors tenons bon sur nos principes et ne cédons ni à la poussée du FN, ni à l’idéologie islamiste qui conteste nos valeurs républicaines.
Certes la mesure ne doit viser que les terroristes mais une fois constitutionnalisée, la mesure peut «évoluer» au cours du temps et la notion de terrorisme, de crime contre le pays aussi. Evidemment en temps normal, quand la démocratie fonctionne bien, les risques sont plus que limités. Mais la constitution est aussi là pour nous garantir quand le pays, ses gouvernants sont tentés de dériver, de s’écarter de nos fondamentaux.

Enfin, il nous parait utile de préciser - puisque ceux qui à gauche défendent soudainement une position que nous avons toujours combattue saluent le respect de l'avis du Conseil d'État par l'exécutif - que le Conseil d'État ne s'est absolument pas prononcé sur le fond du débat laissant à l'exécutif l'entière responsabilité de ses choix. Il n'est donc pas possible de se cacher derrière cet avis pour y trouver une quelconque onction juridique et républicaine.


4- L'adoption de cette mesure serait une victoire de l'extrême droite, divisant la gauche, mettant à mal l'unité nationale et ouvrant la porte à des nouvelles extensions. 
Pourquoi reprendre à notre compte une proposition de toujours de Jean-Marie Le Pen et du FN que toute la gauche et le PS ont toujours combattu. Pourquoi reprendre une proposition de Nicolas Sarkozy dans son fameux discours de Grenoble que nous avons fustigé ? 
Pourquoi infliger une défaite culturelle supplémentaire à la gauche, qui plus est en la divisant ? Ce n’est pas pour lutter efficacement contre le terrorisme, c’est donc purement pour faire un coup politique, faire un pas de plus dans la triangulation, c’est-à-dire prendre les propositions du camp adverse pour espérer convaincre une partie de son électorat. Faire croire qu’on fait vivre l’union nationale. Que signifie l’union nationale avec des propositions qui rassemble la droite, le FN et divise une large partie de la gauche. Tout cela parce que le président s’était aventuré sur cette pente glissante au Congrès de Versailles et pour asseoir – parait il – son autorité, il faudrait persister dans l’erreur. On risque de voir refleurir le leitmotiv de ce quinquennat : on ne peut pas se diviser, surtout dans des temps aussi difficiles, donc abjurons-nous. Depuis toujours la gauche et bien des républicains ont été contre cette mesure, rien ne justifie qu’on cède. Ni les difficultés de François Hollande à affirmer son autorité, à convaincre les Français, ni l’urgence de la situation. D’ailleurs l’urgence n’est pas seulement sur le terrain de la sécurité, elle est aussi sociale.

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3 décembre 2015 4 03 /12 /décembre /2015 20:31
Emmanuel Maurel, lors de la minute de silence au Parlement européen, le lundi 16 novembre 2015

Emmanuel Maurel, lors de la minute de silence au Parlement européen, le lundi 16 novembre 2015

Le 13 novembre, la France était terriblement éprouvée. Longtemps encore nous subirons l’onde de choc de ce jour funeste qui a vu 130 innocents mourir sous les balles des terroristes, et qui fait écho, dans l’esprit de nos concitoyens, aux attentats de janvier dernier.

Sur le plan intérieur comme extérieur, la République doit se protéger. Sans se laisser dominer par l’émotion qui, bien que légitime, est rarement bonne conseillère. Sans recourir à une rhétorique martiale aussi spectaculaire que vaine.

Agir juste et rapidement sans tomber dans la précipitation, la communication brouillonne ou la surenchère : pour une démocratie en deuil, c’est la principale difficulté. Il faut être capable de concilier fermeté et sang-froid, d’améliorer la sécurité de nos concitoyens tout en protégeant les libertés fondamentales et nos principes intangibles.

On n’éradique pas le terrorisme en quelques semaines. Il s’agit là, chacun le sait, d’un combat de longue haleine et, qui plus est, d’un combat mondial. Car si notre pays a payé un très lourd tribut en janvier et en novembre, nous ne pouvons oublier que, chaque jour, le terrorisme frappe un pays, une population – Tunisie, Liban, Mali, Russie, Kenya, Nigéria, Cameroun ont été également victimes de redoutables attaques ces dernières semaines.

Dès lors, rien de plus absurde que de voir dans les exactions des djihadistes l’expression d’un supposé “choc de civilisations”. Les terroristes frappent indistinctement toutes les sociétés, et l’on serait bien en peine de définir la “civilisation” au nom de laquelle ils agiraient. Répétons-le : face à ces injures à des valeurs universelles mûries par l’histoire, nous devons agir au nom de ce même universel.

L’emprise territoriale de Daech, sa force de frappe financière et ses diverses méthodes de recrutement rendront sa destruction longue et fastidieuse : il est indispensable de le combattre sur tous les fronts de manière simultanée.

Le recours à l’action militaire peut se justifier : Daech contrôle un territoire identifié, englobant une partie de la Syrie et de l’Irak. Il faut bien entendu que la France continue de frapper militairement ses bases et ses camps d’entraînement à Rakka et à Mossoul. Pour être efficaces, ces frappes doivent cependant être extrêmement ciblées et épargner les civils piégés dans les villes, d’autant plus que Daech prospère, au Moyen-Orient et même en Europe, sur cette spirale vengeresse.

Mais, si elle s’avère parfois nécessaire, la réponse militaire (surtout lorsqu’il s’agit de frappes aériennes) est rarement la plus efficace. Elle peut même, souvent, se révéler contre-productive. Nous avons tous en tête les dramatiques erreurs précédentes (l’intervention américaine en Irak en est une) qui ont conduit au chaos et au ressentiment d’une partie de la population, et ont nourri le fanatisme et la violence.

Dès lors, il fait redoubler d’efforts en matière diplomatique. Le président de la République a raison de tenter de rassembler la coalition la plus large possible, soutenue par l’ONU. Inclure la Russie et l’Iran est une initiative de bon sens. Cela va de soi, toute naïveté est à proscrire : chacun a en tête la position ambigüe de la Turquie, chacun connaît les liaisons coupables qu’entretiennent, directement ou indirectement, certains pays arabes avec le fondamentalisme islamiste.

La France serait bien inspirée de remettre en cause des choix diplomatiques hésitants, trop souvent guidés par de seules considérations économiques. Les liaisons dangereuses avec les pétromonarchies du Golfe en sont une navrante illustration. Car c’est aussi en combattant Daech au ventre, c’est-à-dire en le privant de ses financements étrangers et de toute possibilité de vendre pétrole et œuvres d’art, que l’on atténuera son potentiel destructeur.

L’Union Européenne, elle, doit prendre la mesure du phénomène et imaginer une réplique à la hauteur de l’enjeu.

Nos partenaires doivent ainsi comprendre que la France ne peut pas être la seule à assurer la sécurité de toute l’Union européenne dans la région et à être prise pour cible à ce titre. Dans cette optique, l’activation de la clause de solidarité européenne ainsi que les déclarations de David Cameron à Paris sont encourageantes.

Les 28 États membres doivent honorer enfin leurs engagements en matière d’aide au développement, car la stagnation économique engendre l’instabilité politique. Ils ne doivent pas non plus transiger sur l’accueil de réfugiés, qui, dans leur immense majorité, fuient l’ennemi que l’on combat.

Gardons-nous, enfin, quand nous en appelons à une “réponse européenne”, de toute affirmation péremptoire : non, l’instauration d’un PNR n’est en rien la panacée en matière de lutte contre le terrorisme. Une meilleure coordination des services de renseignement et l’amélioration de la coopération judiciaire participent davantage de la solution. Quant au contrôle extérieur des frontières de l’Europe, il passe par un déploiement considérable de moyens humains et financiers qui sont pour l’instant impossibles à mobiliser compte tenu du carcan absurde du pacte de stabilité et du budget ridicule dont dispose l’Union.

Reste que tous nos efforts diplomatico-militaires sont condamnés à l’échec si nous ne faisons pas preuve de volontarisme, de lucidité, de constance, pour attaquer le terrorisme à la racine.

C’est peut-être là la tâche la plus difficile : il faut résister à la facilité des analyses univoques (l’extrême droite, bien sûr, mais aussi une partie de la droite, n’ont pas leur pareil pour offrir grilles de lecture simplistes et préconisations aussi virulentes qu’inefficaces) et appréhender le phénomène terroriste dans toute sa complexité. Le profil et l’itinéraire des djihadistes prouvent que les explications exclusivement sociales, religieuses, psychologiques, idéologiques ne rendent pas compte de la réalité.

Depuis le 13 novembre, les tribunes et autres analyses se succèdent, se contredisent plus souvent qu’elles ne se complètent, témoignant de la sidération qui nous frappe devant une telle pulsion de destruction, illustrant la difficulté à comprendre que de tels actes, commis par des barbares qui sont parfois français ou européens, puissent avoir lieu sur notre sol. Cette floraison de textes aussi partiels que partiaux est normale et saine dans une démocratie. L’indispensable prise de recul n’empêche pas l’action, elle l’accompagne et, parfois, l’inspire.

Pour le gouvernement, il s’agissait évidemment de prendre les mesures qui s’imposent pour rassurer nos compatriotes et assurer leur sécurité sans rogner sur leurs libertés fondamentales. La prolongation de l’état d’urgence a choqué nombre de camarades, dont les arguments ne manquent pas de pertinence. En ce qui me concerne, je suis prêt à me résoudre à certaines dispositions exceptionnelles pourvu qu’elles soient encadrées et temporaires. C’est le cas. Je ne comprends pas, en revanche, qu’on envisage aujourd’hui des modifications constitutionnelles dont j’ai du mal à voir en quoi elles seraient susceptibles de répondre au défi auquel la France est confrontée.
Il me paraît plus utile de déployer d’importants moyens pour améliorer l’efficacité des services de renseignement – qui ont beaucoup perdu de temps depuis les attentat commis par Mohamed Merah – et pour renforcer nos services publics, dont on prend conscience, à chaque situation de crise grave, à quel point ils sont essentiels à la cohésion de la nation. Dans ces circonstances, l’abandon de la logique comptable va de soi. Car partout où la République se retire, c’est potentiellement l’obscurantisme qui progresse et la violence qui prospère.

Pour aller plus loin :

L’explication de vote de Marie-Noëlle Lienemann sur l’état d’urgence

Parmi les très nombreuses analyses parues, forcément partielles ou partiales, je me permets de vous conseiller les trois suivantes, afin d’alimenter votre réflexion :

Gilles Kepel : « Le 13 novembre ? Le résultat d’une faillite des élites politiques françaises »

Olivier Roy : « Le djihadisme est une révolte générationnelle et nihiliste »

Marcel Gauchet : « Le fondamentalisme islamique est le signe paradoxal de la sortie du religieux »

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30 novembre 2015 1 30 /11 /novembre /2015 11:14
Christian Paul, député socialiste, premier signataire de la motion B "à gauche pour gagner !"

Christian Paul, député socialiste, premier signataire de la motion B "à gauche pour gagner !"

The Huffington PostPublication: Mis à jour: 

POLITIQUE - L'urgence de la réaction aux attentats de Paris est de protéger les Français. Mais parce que l'offensive terroriste ne s'arrêtera pas là, il devient prioritaire de rechercher des réponses durables.

Sans céder à l'immédiateté, la réponse de la France, celle d'une démocratie adulte, doit se construire simultanément sur deux piliers indissociables : la sécurité et la défense d'une société ouverte. Si nous les séparons, si l'un va sans l'autre, nous échouerons et nous nous perdrons. Or, nous devons réussir. Pour les victimes, pour les rescapés et pour nous tous.

Le premier pilier organise la sécurité dans toutes ses dimensions.

Nous devons construire efficacement notre sécurité sans céder sur les libertés essentielles et les principes de l'Etat de droit. Ce n'est jamais gagné d'avance.

L'état d'urgence n'a pas de vertu miracle. Si l'on y prend garde, il peut même accoutumer le pays non pas à la résistance et à la résilience, mais au fatalisme et à la résignation. Ces mesures d'exception doivent s'accompagner d'un contrôle parlementaire accru. L'Histoire de la France nous y invite préventivement. C'est également la condition de l'unité indispensable.

La sécurité est chose trop sérieuse pour ne pas être l'affaire de tous. Cessons d'opposer citoyenneté active et institutions publiques. Pour mobiliser la société, il ne faut pas la tétaniser. Les Français sont lucides et courageux. Disons leur la vérité, sur les risques et leurs causes, sans céder aux discours anxiogènes. Déjà, la peur de l'Islam s'installe, conformément aux vœux de Daech. Cruelle défaite de la pensée ! Olivier Roy a raison de souligner que le terrorisme n'est en rien "l'expression d'une radicalisation de la population musulmane", mais "la révolte nihiliste" d'une infime minorité.

Le second pilier rassemble autour des idéaux fondateurs d'une société démocratique ouverte. Désertés depuis des années, ils retrouveront leur fermeté et leur force inspirante, si nous savons les formuler et les traduire en actes.

N'en doutons pas, notre sécurité ne se gagnera pas essentiellement sur le sol européen. Elle est désormais "mondialisée". Les intérêts économiques, le pétrole en tête, ont trop longtemps orienté les choix stratégiques qui ont eux-mêmes percuté les principes affichés. Bien avant Daech, nous l'avions oublié, les erreurs géopolitiques nous insécurisaient là-bas, à distance, de Gaza au Liban, d'Alep à Raqqa, et jusqu'à Bagdad. On ne dira jamais assez ce que les fautes des faucons bushistes de 2003 produisent comme métastases permanentes dans la vaste région qui a laissé naître Daech. L'action militaire ne se limitera pas à des frappes aériennes, elle ne peut être efficace sans un engagement coordonné de troupes que rien aujourd'hui ne rassemble spontanément. Les contradictions de nos alliances ne nous y préparent pas. Dans le monde, la France n'est forte que quand elle est en accord avec ses valeurs. Avec la Russie, la Turquie ou l'Arabie saoudite, le chemin est escarpé.

La peur nous affaiblit, et les désordres poussent au repli plus qu'au sursaut. Ce repli conduit d'abord à un immense paradoxe: réinventer des frontières hexagonales quand la coopération européenne et mondiale est plus que jamais insuffisante et qu'il faut sans délai la relancer, pour la sécurité mais aussi pour gérer ensemble les migrations ou lutter contre la crise climatique.

Nous ne vivons pas la guerre mondiale de nos parents, mais très certainement, avant comme après le 11 janvier et le 13 novembre, des secousses tectoniques continues, krach financiers, chômage de masse, angoisses pour la planète, et aujourd'hui, terrorisme aveugle, qui rendent trop étroite une réponse strictement sécuritaire.

Elle n'endiguera pas les apôtres sauvages d'une entreprise destructrice. Elle ne rassurera pas ceux qui recherchent dans un âge d'or improbable des protections illusoires. Tout au plus, elle imposera l'idée que notre monde est vide de sens et que rien ne pourra lui en redonner.

Alors comment faire d'un moment d'immense tragédie nationale le début de ce nouveau récit commun, vainement recherché dans les années récentes et que le 11 janvier 2015 avait esquissé sans lendemain?

Plus encore qu'après Charlie, nous devons dépasser les événements, qui assassinent tous nos principes, pour puiser dans les forces inépuisables d'une grande nation ouverte au monde, pour retrouver les idéaux mobilisateurs et les utopies concrètes. Pour endiguer les offensives meurtrières, et pour éviter le repli identitaire, il faudra donner des perspectives crédibles à une génération qui, pour une grande part, n'est plus mobilisable par la politique. Changeons d'époque, invitons la jeunesse de France à monter sur la scène et à donner le meilleur d'elle-même. Au quotidien, saluons déjà le travail de fourmi, dans les écoles, les entreprises, les associations, de tous ceux qui continuent, qui sont restés debout, quand tout concourt à l'enfermement ou à la haine. "L'homme est plus grand que la guerre", écrit Svetlana Alexievitch.

Face aux fractures territoriales, qui ont disloqué le pays, au sentiment d'abandon qui s'incarne de mille façons, non seulement dans les banlieues, mais au coeur des villes et des villages, imaginons un plan République, pour la périphérie des grandes agglomérations, gangrenée par les inégalités, mais aussi au-delà. Le pacte d'égalité de la France ne peut s'effacer devant les politiques d'austérité. Comment désigner des apartheids français sans s'engager pour les réduire massivement ? Ce programme pour l'égalité exige une modernisation du pays, une exigence et des valeurs inébranlables, un engagement authentique. Les avons-nous dilapidés?

Il est vital de reformuler le projet républicain, de donner à la laïcité un contenu réellement partagé, plutôt que de réviser à la hâte la Constitution. À chaque grand moment de l'Histoire de la France, à chaque temps de ruptures, en 1789, aux débuts de la IIIème République comme en 1945, le débat national a permis de surmonter les épreuves et d'accoucher un nouvel âge démocratique. Saurons-nous organiser ce dialogue, le traduire dans un projet de société qui convainc et qui entraîne? Après le 13 novembre, nous pouvons assister à un nouvel épuisement de notre démocratie, ou à l'inverse, en réanimer les principes. La France est très précisément à ce carrefour.

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25 novembre 2015 3 25 /11 /novembre /2015 11:40
Fanélie Carrey-Comte, députée socialiste

Fanélie Carrey-Comte, députée socialiste

Ce matin à l’Assemblée Nationale avait lieu un vote particulièrement important et difficile, celui de la prolongation de l’état d’urgence, et de la modification de la Loi de 1955 définissant cet état d’urgence. J’ai voté en faveur du prolongement pour 3 mois de l’état d’urgence, au vu du contexte particulièrement dramatique que nous traversons, pour que des moyens spécifiques puissent être mobilisés pour la protection de tous. Je comprends la demande faite par le Président de la République et le Gouvernement de prolonger les mesures annoncées Vendredi dernier, et pour permettre cela, j’ai donc voté pour l’Article 1er du texte. Mais la suite du débat parlementaire m’a posé de nombreuses difficultés. Car ont ensuite été soumises au vote plusieurs modifications de la Loi de 1955 ne me semblant pas apporter de plus-value par rapport au droit existant, et pouvant conduire à restreindre de manière très problématique les libertés publiques (sur l’extension des motifs et conditions d’assignation à résidence, sur les possibilités de dissolution d’associations…). Je ne crois pas que de telles mesures devaient être débattues et adoptées dans de telles conditions d’urgence et d’émotion, dans ces moments où l’on sait que les questions d’équilibre entre protection des citoyens et respect des libertés doivent être traitées avec beaucoup de prudence et de vigilance. C’est pourquoi je n’ai pas souhaité accepter le texte global, et je me suis finalement abstenue. Je crois qu’une partie des mesures adoptées aujourd’hui, que la tonalité du débat qui s’est tenu, où l’on a à plusieurs reprises fait passer l’urgence devant la raison, le droit et l’évaluation de la réelle efficacité des mesures, ne sont pas la bonne manière de réagir collectivement et efficacement aux drames qui nous touchent. Raison, protection de tous dans le respect des solidarités et des libertés doivent impérativement rester notre boussole. J’aurai l’occasion de revenir plus longuement dans un prochain billet sur mon site sur l’ensemble de ces éléments.

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25 novembre 2015 3 25 /11 /novembre /2015 11:36
Marie-Noëlle Lienemann, sénatrice socialiste de Paris, membre du BN du Parti Socialiste

Marie-Noëlle Lienemann, sénatrice socialiste de Paris, membre du BN du Parti Socialiste

J’ai voté la prolongation de l’état d’urgence pendant trois mois. Face à la situation dramatique de ces attentats perpétrés en plein Paris par des terroristes, en lien direct avec des mouvements islamistes étrangers, il faut agir dans l’urgence et avec efficacité. C’est un impératif absolu pour la sécurité de nos concitoyens.

Pour autant, ce qui s’impose à nous est d’affronter avec lucidité la situation dans laquelle nous nous trouvons, pour en sortir et ne pas reproduire demain des erreurs qui nous coûtent cher aujourd’hui.

Nous devons aux victimes et à leurs familles une analyse, un examen attentif, un vrai débat sur les origines des maux qui nous touchent aujourd’hui. Et bien évidemment sur ce qu’il faut entreprendre pour conjurer la menace.

Nous devons réfléchir sans tarder à la politique étrangère de la France depuis des années et en particulier depuis 2005, où après avoir résisté aux folles visées de George W. Bush et des néo-conservateurs, nous nous sommes trop laissé entraîner dans leur sillage. Je crains parfois que les néo-conservateurs n’aient trouvé quelques émules au sein même du quai d’Orsay.

Nous ne pourrons pas durablement refuser pour des motifs économiques de nous interroger sur nos relations avec les pétromonarchies du Golfe, et feindre d’ignorer plus longtemps leur collusion avec les mouvements terroristes comme leur lourde responsabilité dans les dérives que le wahhabisme a provoquées au sein de l’islam. Nous devons nous attaquer avec plus de force aux circuits de financements. Les plus de deux milliards de dollars de recettes qu’empoche l’EI ne tombent pas du ciel. Il faut tarir ces sources, agir contre ceux qui font transiter et achètent ce pétrole.

Nous ne pouvons pas continuer avec cette conception étrange de la Vème République qui prétendrait placer les affaires étrangères et la défense dans le domaine réservé du Président de la République. Car c’est le pays tout entier qui doit participer à l’indispensable débat sur la façon dont la France défend, avec lucidité et détermination, ses intérêts, ses valeurs, sa position dans le concert des nations.

De ce point de vue, l’affirmation, à mon avis trop tardive mais néanmoins bienvenue, d’un changement d’attitude avec la Russie et l’appel à une coalition internationale soutenue par l’ONU était indispensable. Il reste à la construire.

Chacun voit bien que désormais les choix internationaux de la France ont un impact évident sur les Français. C’est vrai pour l’économie, l’écologie et le terrain politique de la paix et de la sécurité.

Nous ne pouvons plus ne pas analyser plus en détail l’intérêt de l’engagement de nos forces armées sur différents terrains extérieurs. Pour ma part, j’ai approuvé sans réserve l’intervention au Mali, opérée à la demande d’un Etat souverain avec lequel nous avions des accords de défense. Je reste plus dubitative sur d’autres théâtres engagements surtout quand ils s’opèrent sans mandat de l’ONU. Cette exigence n’est pas du formalisme excessif. J’ai voté contre notre entrée dans la première guerre du Golfe ; nous n’étions pas nombreux alors. Je ne crois pas que l’histoire nous ait donné tort : il suffit de regarder les conséquences et la façon dont tout cela a engendré une déstabilisation redoutable et durable de la région.

Il est grand temps de réévaluer sérieusement nos interventions et si elles devaient se poursuivre, les moyens à consacrer à nos armées pour ce faire, sans éluder la question de la force de frappe nucléaire.

Sur ces sujets cruciaux nos concitoyens, les forces vives du pays, le parlement, n’ont pas depuis longtemps participé à des choix stratégiques, portant une vision de notre avenir et de la place de la France dans le monde. C’est une part de l’identité nationale, conçue comme projet collectif et non comme conformisme comportemental, qui s’y joue.

Il faudra aussi affronter, sans s’arrêter aux éléments de communication, aux émotions bien légitimes de l’instant, la question décisive de l’efficacité de l’État et des pouvoirs publics pour assurer notre sécurité. Sur ce sujet majeur, car il n’est pas de liberté sans sécurité – et réciproquement –, ni de démocratie avec la peur brandie en permanence, il faut d’abord chercher l’efficience de l’action.

La fuite en avant législative cache mal l’insuffisance des moyens, les dysfonctionnements dans l’organisation des services, le choix de priorités discutables. A chaque événement, à chaque drame, et même il y peu encore à chaque fait divers, les gouvernements proposaient de nouvelles lois, censées en durcissant les peines dissuader les délinquants voir « terroriser les terroristes ». Nul besoin de constater ce qu’il en est. Je n’ai jamais été laxiste car pour moi ce qui importe est que les objectifs que nous nous fixons soient atteints et donc qu’on agisse en conséquence dans le réel et non qu’on se gargarise de textes qui sont très souvent inutiles et qui – un jour ou l’autre – pourraient s’avérer dangereux. Qui plus est lorsqu’une nouvelle loi survient alors les décrets d’application de la précédente n’ont pas toujours été pris.

Or sur le réel, nous ne pouvons-nous taire.

Il faut faire un bilan précis de la fusion des RG et de la DST lors de la création de la DGSI. Est-ce que le pays y a vraiment gagné ? C’est toute une connaissance du terrain, des réseaux divers et variés qui s’organisent qui s’est affaiblie. La communication entre les services déconcentrés et le service central du renseignement intérieur d’une part, celle entre ce dernier et les services extérieurs d’autre part est-elle optimale ? Est-il souhaitable de balayer d’un revers de main ces questionnements ? A parier de plus en plus sur le développement des outils technologiques, ne négligeons nous pas la présence humaine qui est à la base du renseignement et la judiciarisation de ces informations ?

Je ne suis pas certaine que même avec la loi « renseignement », notre pays soit doté de bons outils d’analyse et de traitement opérationnels d’une collecte renforcée des informations.

Ces questions, nous les devons aux français. Posons-les nous rapidement, répondons-y sereinement avant d’engager ce qui pourrait s’avérer une nouvelle fuite en avant législative voire constitutionnelle. Là est l’urgence. Si certaines évolutions constitutionnelles sont aujourd’hui imaginées, vérifions d’abord qu’elles sont indispensables, que le droit actuel ne peut permettre d’agir comme il faut et surtout se rappeler – l’histoire nous l’a montré – qu’il n’est jamais sain de modifier nos textes fondamentaux, notre constitution, dans des états d’urgence. Ces textes nous ont permis de surmonter de graves crises, de faire face à de terribles menaces et même quand ceux qui menaçaient la République étaient Français, étaient en France. Alors, regardons-y de près.

Mais surtout agissons ici et maintenant. De ce point de vue, l’annonce des créations de postes dans la police, la justice, les douanes est très positive. Je suis en colère quand je me remémore les demandes réitérées à chaque débat budgétaire de création de postes de fonctionnaires en particulier dans ces domaines clefs qui n’avaient pour toutes réponses qu’un refus au motif de la rigueur budgétaire. S’agissant des douanes, on me renvoyait l’archaïsme et la désuétude de ma demande dans le contexte européen. Pourtant, au-delà du contrôle de la circulation des personnes, il fallait aussi contrôler la circulation des biens tout aussi indispensable.

Nous avons pris du retard, le nombre de places dans les écoles de police est insuffisant, et les créations de postes mettront du temps à se concrétiser. Cette remise à niveau de notre système demande du temps, au moins celui de la formation. Alors utilisons les forces existantes là où elles sont le plus utiles.

Nous n’avons aucune leçon à recevoir de la droite qui a fait des choix de politique étrangère désastreux et laissé l’État dans un état déplorable.

Nous ne devons pas céder aux sirènes de l’extrême droite qui ne cessera pas de faire monter la pression. A peine aurait-on cédé à ces injonctions qu’apparaîtra leur inefficacité, le FN dira que nous n’avons pas été assez loin.

Viendra le temps de la remise en cause du droit du sol, des conditions d’accès à la nationalité ; viendra le temps de « l’exigence » de milices populaires pour surveiller les comportements suspects, etc. Je sais, disant cela, que d’aucuns penseront que je suis excessive. Je préfère faire un excès de zèle dans la prévention que de devoir faire face après. Car hélas ceux qui résistent peu aujourd’hui ne résisteront pas plus demain.

Les mots ne convainquent pas si les actes ne sont pas capables de démontrer qu’une issue est possible et que la paix peut être gagnée.

Donc, c’est avec sérieux que je fais ce choix de voter aujourd’hui la prolongation de l’état d’urgence. Mais c’est avec vigilance que j’exigerai que ne soient pas éludés les enjeux qui doivent nous permettre de trouver des solutions effectives, en conformité absolue avec nos valeurs.

Je crois qu’une très large partie de la population française, de nos compatriotes de confession musulmane comme de tous les autres, sont prêts à s’engager contre ce qui nous menace tous, contre la barbarie. Je sais aussi que les valeurs doivent s’incarner dans le quotidien de chacun et que si le pacte républicain s’affirme contre les ennemis de la République, il se construit quand nous agissons pour une société plus juste, plus émancipatrice. Tout se tient.

Alors tenons bon.

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25 novembre 2015 3 25 /11 /novembre /2015 11:34
Gérard Sebaoun, député socialiste

Gérard Sebaoun, député socialiste

Le contexte

Personne ne contestera la gravité de la situation après les attentats ignobles et meurtriers du vendredi 13 novembre au cœur de paris et à Saint-Denis. Les assassins étaient déterminés à tuer et à mourir. Leur fanatisme glaçant terrifie toutes les personnes qui veulent vivre en paix sur notre sol.

Le Gouvernement aurait-il sous-estimé la menace comme le susurre la droite ? Je n’en crois rien, il était alerté par les services et le Premier Ministre avait évoqué peu avant le drame le risque maximum de nouveaux attentats.

Étaient-ils évitables ? Non à l’évidence, le risque zéro n’existant pas.

Le Président de la République et son Gouvernement ont réagi avec le sang-froid indispensable, à la hauteur de la tragédie qui a sidéré notre pays. Les forces de police et de Gendarmerie, les personnels soignants, les services publics, les habitants des quartiers concernés et la population dans son ensemble ont su faire face et répondre à l’urgence.

L’inscription de l’état d’urgence dans notre droit date de la loi du 03 avril 1955 dans le contexte de la guerre d’Algérie. Il a été décrété en 1955 à la suite d’une série d’attentats et prorogé de 6 mois, puis à nouveau en 1958 après le putsch d’Alger pour 3 mois et enfin pendant 2 ans après le putsch des généraux et les attentats meurtriers de l’OAS.

Dans notre histoire récente, il fut instauré en Nouvelle-Calédonie pour 6 mois en 1985 et plus près de nous il y a 10 ans juste en novembre 2005 lorsque le Gouvernement de Dominique de Villepin entendait répondre aux émeutes de nos banlieues. Le Président Chirac y mettra fin en janvier 2006. En cliquant sur le lien ci-après, mon commentaire à l’époque : http://gerardsebaoun.fr/2005/11/commentaires-sur-etat-durgence-la-grande-escroquerie

10 ans plus tard, la situation n’est absolument pas comparable, le danger est permanent et infiniment plus important. Je ne souhaite pas à ce stade entrer sur le débat de notre politique étrangère.

Le débat

Je reviens au projet de loi tel qu’il nous a été présenté, en urgence, avec un débat par nécessité inexistant en amont et réduit au strict minimum en hémicycle.

Un mot sur la décision de mon groupe qui n’a pas souhaité valider les inscriptions dans le débat sur les articles (expression habituelle des députés qui n’interviennent pas en discussion générale faute de place ou de ciblage de leur discours sur un article précis) avant le débat sur les amendements, d’où une expression monolithique.

Le débat s’est circonscrit entre le Gouvernement, le rapporteur Jean-Jacques Urvoas, Président respecté de la commission des lois et essentiellement les députés républicains, les députés radicaux, écolos, MRC, ou Front National utilisant le temps restant. Le groupe GDR n’a pas déposé d’amendement. Donc une unité organisée et silencieuse du groupe majoritaire en dehors des rares amendements de mon collègue et ami Denys Robiliard qui n’ont pas connu le succès. Cependant, l’ambiance dans les travées était calme et j’ai pu échanger mes arguments avec nombre de députés socialistes et écologistes.

Le projet de loi

J’en viens au texte lui-même et aux 2 articles majeurs qui ont nourri le débat :

  • L’article 1 proposait de proroger de 3 mois l’état d’urgence. J’ai voté POUR à main levée.

  • L’article 4 qui modifie la loi de 1955 et qui a déterminé mon vote CONTRE.

Que dit cet article ? Il confère des pouvoirs exceptionnels aux pouvoir administratif (le pouvoir civil c’est-à-dire le Ministère de l’Intérieur et ses services) sans l’intervention du pouvoir judiciaire, en élargissant ses prérogatives bien au-delà du texte de 1955.

Si l’on s’en remet à l’étude d’impact, on pourrait innocemment penser que le projet de loi introduit, je cite, “quelques corrections de nature à adapter sa rédaction aux évolutions de droit et de fait intervenues depuis la loi de 1955”.

Il n’en est rien : voici les points avec lesquels je suis en désaccord :

  • Le texte modifie les personnes susceptibles d’être assignées à résidence. On passe ainsi de « toute personne dont l’activité s’avère dangereuse pour la sécurité et l’ordre public » à « toute personne à l’égard de laquelle il existe des raisons sérieuses de penser que son comportement constitue une menace pour l’ordre public et l’ordre publics »

  • Le débat a hélas durcit les conditions de résidence avec une obligation de 10h au domicile désigné et un bracelet électronique et jusqu’à 3 contrôles par jour.

  • L’interdiction quasi automatique de communiquer,

  • Le risque pour toute personne de sa connaissance ou association d’être également suspectée avec le risque de la dissolution,

  • L’extension des lieux de perquisition (en présence d’un OPJ),

  • Le retrait des papiers d’identité remplacés par un récépissé,

  • La poursuite, après la fin de l’assignation, d’une interdiction à entrer en contact avec des personnes suspectées

De plus,

  1. Le rapporteur a repoussé un amendement Estrosi déclarant pénalement non responsables les forces de sécurité intérieure (Police nationale, Gendarmerie, Polices municipales, douaniers) c’est-à-dire la permanence de la légitime défense.

  2. Le port d’armes permanent pour les policiers est une question de temps. C’est une demande de certains syndicats de police.

  3. J’ajoute l’armement à venir de l’ensemble des polices municipales.

Sur ces 3 points, j’ai un désaccord ancien qui persiste.

Une vraie avancée du texte qu’il faut saluer, la possibilité pour une personne mise en cause de saisir le juge administratif par référé-liberté ou référé-suspension afin que celui-ci statue en 48h en remplacement de la commission administrative de la loi de 1955 qui rendait sa décision au-delà d’un mois.

Quelle suite dans 3 mois ?

Je ne la connais pas mais je crains que l’état d’urgence ne soit prolongé après avis du parlement bien sûr.

Restent les modifications constitutionnelles qu’on nous promet avec notamment la déchéance de nationalité de citoyens Français binationaux. J’y suis comme beaucoup de députés socialistes, à ce stade farouchement opposé.

Ma conclusion 

Voilà rapidement brossés mes arguments et mes réticences, non pas sur l’état d’urgence pour 3 mois mais sur les modifications législatives accolées dans le projet de loi.

Je sais qu’une lecture rapide de ma position CONTRE sans prendre le temps de lire cet article entrainera des réactions négatives, virulentes voire insultantes.

J’entendrai tout commentaire construit sur la raison et pas l’émotion. J’ai lu le projet de loi texte avec attention et assisté à tous les débats.

Je veux dire toute ma compassion et ma tristesse à l’ensemble des familles endeuillées et à leurs proches, aux personnes durement traumatisées présentes sur les lieux. Un jeune de 32 ans habitant une commune de ma circonscription qui se trouvait au bataclan a été tué et une jeune fille, connaissance de mes filles figure aussi parmi les victimes du carnage.

Je termine en disant à celles et ceux qui seraient tentés de m’asséner un discours formaté que j’aurai 65 ans dans quelques jours, que je suis né à Alger, que j’ai connu les nuits de bombes, le bruit des tirs, l’omniprésence de l’armée à tous les carrefours avec des véhicules militaires, des assassinats dans les rues de Bab El Oued et l’un devant la porte de notre maison.

J’ai dans la mémoire des souvenirs d’enfant, ceux des bombes posées au casino de la corniche à quelques encablures de mon domicile, de l’attentat du Milk bar à Alger, du coup d’état militaire etc. Mais aussi plus près de nous du carnage de la Gare de Milan, celui d’Atocha ou de Londres.

Un dernier mot pour dénoncer ceux qui pointent du doigt les musulmans de notre pays, voire qui les molestent ou qui ont tagué des croix gammées sur les murs de la mosquée de ma circonscription à Ermont. J’assure ces derniers de toute ma solidarité.

Nous devons continuer à vivre, à vivre ensemble, la peur après l’horreur est légitime mais elle ne doit ni nous séparer, ni nous empêcher.

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25 novembre 2015 3 25 /11 /novembre /2015 11:29
Jean-Pierre Blazy, député socialiste, maire de Gonesse

Jean-Pierre Blazy, député socialiste, maire de Gonesse

J’ai voté la prolongation de l’état d’urgence. Si l’aspiration des Français à être protégés dans ces moments de grande tension justifie la prolongation de l’état d’urgence pour trois mois, il est évident qu’il ne faut pas transformer l’exception en ordinaire qui donnerait raison aux terroristes qui souhaitent que nous renoncions à nos libertés publiques. Durant ces trois mois et au-delà, il faut maintenant mettre en œuvre en plus du pacte de sécurité un pacte de reconquête républicaine fondé en particulier sur la valorisation de l’engagement citoyen ainsi que sur la prévention de la radicalisation, j’ai fait des propositions.

(communiqué de presse du 19 juillet 2015)

Le pacte de sécurité de François Hollande doit être complété par un pacte de reconquête républicaine Lors de son discours devant le Congrès le 16 novembre dernier, le Président de la République a déclaré : « le pacte de sécurité prime sur le pacte de responsabilité ». On comprend la nécessité de justifier pour Bruxelles les dépenses publiques supplémentaires non prévues au budget 2016 que va occasionner le financement des mesures nouvelles du pacte de sécurité. Celles-ci sont nécessaires. Si la France est en guerre, les armes de la République sont aussi celles des valeurs qu’elle défend contre le totalitarisme djihadiste. C’est la raison pour laquelle le pacte de sécurité du Président de la République doit être complété par un pacte de reconquête républicaine. En 2012, François Hollande alors candidat prenait l’engagement solennel devant les Français de faire de la jeunesse une priorité : « je veux remettre l’éducation et la jeunesse au cœur de l’action publique ». Bien évidemment beaucoup a déjà été fait. Après les attentats du 7 janvier dernier, le comité interministériel du 6 mars avait arrêté un certain nombre de dispositions et de mesures déjà engagées comme l’extension du service civique national pour mobiliser la jeunesse. Mais dans la situation aggravée dans laquelle se trouve le pays, il convient d’agir plus fortement. Nous devons mener la bataille des idées sur notre propre territoire pour prévenir les risques de radicalisation et pour promouvoir les valeurs républicaines du vivre ensemble.

Je formule quatre propositions :

  1. il ne faut plus aujourd’hui hésiter à créer un véritable service civique national obligatoire court de trois à six mois. Si les modalités restent à définir, cette idée doit cependant être appliquée pour permettre un brassage des jeunes garçons et filles, Français, de catégories sociales différentes car il y a dans notre pays un « apartheid territorial, social, ethnique » à l’œuvre dans les quartiers populaires comme l’a dénoncé Manuel Valls, mardi 20 janvier, lors de ses vœux à la presse. Les valeurs de la République ne sont pas abstraites, il y a une solidarité concrète pour l’exercice de ces valeurs. Le philosophe spécialiste de la culture musulmane Abdennour Bidar dans ses 10 propositions avait fait sienne celle du service obligatoire : « l'objet de ce service citoyen non militaire serait de continuer à cultiver le sens de la fraternité dans le prolongement de l'école » avait-il dit.

  2. dans son rapport : « Libérer l’engagement des Français et refonder le lien civique » rendu le 15 avril, Claude Bartolone fait des propositions qui doivent être soutenues pour développer l’engagement des jeunes dans la vie associative et valoriser le bénévolat. Il faut réfléchir avec le ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche comment intégrer des périodes de stages citoyens au cursus scolaire.

  3. il faut aussi offrir un complément de formation aux décrocheurs car la plupart des jeunes séduits par Daech passent de la désinsertion sociale à la délinquance et enfin à l’adhésion aux thèses des terroristes. Le plan contre le décrochage du 21 novembre 2014 fondé autour de trois axes : « la mobilisation de tous, le choix de la prévention, une nouvelle chance pour se qualifier » doit être poursuivi.

  4. il faut enfin au minimum doubler l’aide que l’État apporte aux collectivités locales à travers le fonds interministériel de prévention de la délinquance (FIPD) pour que celles-ci puissent amplifier leur action pour prévenir la délinquance.   

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13 janvier 2015 2 13 /01 /janvier /2015 17:33

paul quiles1Dans ma vie militante, j'ai participé à des centaines de manifestations, j'ai organisé de nombreux rassemblements et notamment celui, mémorable, du 10 mai 1981 à la Bastille, mais jamais je ne me suis retrouvé dans une foule d'une telle ampleur.

J'étais cet après midi dans le carré des personnalités françaises et étrangères qui ont défilé à Paris, depuis la Place de la République et je dois dire que j'ai été ému aux larmes devant ce spectacle étonnant et merveilleux d'unité nationale,de cette foule immense, diverse, multiforme, qui applaudissait, qui chantait, qui espérait.

Nous ne pouvons pas décevoir une telle attente, celle d'une plus grande fraternité, d'un monde plus solidaire, d'un monde plus pacifique, qui refuse la haine et l'obscurantisme.

Il va falloir maintenant donner une traduction concrète à cette grande espérance et s'attaquer par exemple à toutes les causes de la gangrène terroriste. Pour cela, il faut, au delà de la formidable émotion que nous venons de partager, réfléchir aux moyens à mettre en oeuvre à cet effet. 

C'est ce que j'ai expliqué au cours du débat auquel je viens de participer sur France Culture.

Ecouter le débat

Des années 60 à aujourd’hui, comment nos institutions ont-elles répondu aux actes et à la menace terroriste ? 

Avec Paul Quilès, ancien ministre de l'intérieur et ancien ministre de la défense, 

Olivier Chopin, chercheur spécialiste des services secrets et auteur d'une thèse sur une comparaison France-US-GB sur la réaction des démocraties face à terrorisme.

et Gilles Ferragu, historien, spécialiste des guerres et des religions.

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