Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
31 août 2009 1 31 /08 /août /2009 11:08
Partager cet article
Repost0
22 août 2009 6 22 /08 /août /2009 10:19
Hamon (PS) : «Je ne conçois aucune alliance avec le MoDem»

Le porte-parole du PS, qui s’est rapproché de Martine Aubry, rejette tout pacte électoral avec le MoDem de François Bayrou tant qu’il ne s’affichera pas à gauche.

 Propos recueillis par Eric Hacquemand pour Le Parisien | 22.08.2009, 07h00

Le porte-parole du PS, qui a perdu en juin son mandat de député européen, s’exprime pour la première fois après un été houleux pour les socialistes.

Quelle doit être la priorité du PS pour sa rentrée ?
Benoît Hamon : retrouver la crédibilité qu’il a perdue. Les Français savent que les choix du gouvernement ne régleront pas leurs problèmes, mais, hélas, ils ne pensent pas que nous ferions mieux. Notre défi, c’est d’installer de nouveau l’idée qu’une autre politique est possible en matière d’emploi, d’éducation ou de fiscalité. Car la crise n’explique pas tout. Des milliers de licenciements sont aussi le fait d’entreprises qui gagnent de l’argent. Or, le gouvernement n’a rien fait pour empêcher ces abus.

Croyez vous à un apaisement des esprits chez les socialistes ?
Une chose est claire : on ne pourra pas continuer longtemps sur le registre des six derniers mois. Quand on a une idée, mieux vaut la mettre au service du collectif que de chercher à en faire une publicité personnelle.

Certains réclament des primaires ouvertes à toute la gauche pour désigner le candidat à la présidentielle de 2012. Faut-il aller rapidement dans cette voie ?
Ce n’est pas une affaire de rythme. La question est : quelles sont les conditions que la gauche doit réunir pour battre Sarkozy en 2012 ? D’abord disposer d’un projet politique extrêmement clair rompant avec les choix de Sarkozy mais aussi avec les dérives libérales de la social-démocratie européenne. La deuxième condition, c’est l’unité de la gauche.
L’organisation de primaires peut permettre d’atteindre cet objectif. Ceci étant, le PS n’est pas sommé de résoudre la question du mode de sélection du prochain candidat dans les trois mois sous peine de disparaître.

Arnaud Montebourg menace de claquer la porte si ce projet devait être étouffé…
Ce n’est pas la bonne manière de procéder. Grâce à lui, l’idée des primaires a déjà fait un bon bout de chemin. Pour imposer l’idée définitivement, il faut maintenant démontrer que ce mode de désignation s’appuie sur une orientation qui enracine le PS à gauche et met fin à l’aventurisme électoral.

Vincent Peillon et d’autres remettent sur le tapis l’alliance avec le MoDem. Y êtes-vous toujours hostile ?
La question a été tranchée au congrès de Reims. La majorité autour de Martine Aubry s’est construite autour de la priorité au rassemblement de la gauche et du refus de toute alliance avec le MoDem. Si le MoDem fait des choix de fond qui l’amènent à se reconnaître dans notre famille politique, la gauche, il n’y aura pas de difficulté.
Mais tant qu’il garde son orientation libérale actuelle, je ne conçois aucune alliance nationale avec lui. Pas par sectarisme mais par cohérence politique.

Même au niveau régional ?
Pas d’alliance au niveau national mais dans les régions ? Les électeurs n’y comprendraient rien ! Arrêtons l’hypocrisie au PS ! Si certains sont en accord avec les orientations libérales, qu’ils le disent au lieu de prétexter vouloir garder des régions en s’alliant avec le MoDem. A chaque fois que le PS a été confus, il a perdu des électeurs.

Europe Ecologie et les Verts présenteront leur liste au premier tour…
Je respecte ce choix mais je le regrette. Tous ceux qui, d’Olivier Besancenot à Dany Cohn-Bendit, parlent du rassemblement de la gauche mais qui commencent par accentuer son morcellement en faisant bande à part nous éloignent de la victoire en 2012. L’électorat de gauche réclame l’unité à cor et à cri. A Nicolas Sarkozy qui réussit l’unité à droite et la complète même avec le ralliement de Philippe de Villiers et des chasseurs, la gauche oppose encore ses logiques partisanes. C’est d’autant plus désolant que les conseils régionaux sont depuis 2004 cogérés souvent de manière harmonieuse avec nos partenaires.

Martine Aubry a-t-elle raison de garder le silence malgré cette polyphonie ?
Oui. La rentrée de la première secrétaire, c’est La Rochelle. Martine Aubry n’a pas à s’aligner sur l’expression des courants plus ou moins minoritaires du PS.
Partager cet article
Repost0
4 mars 2009 3 04 /03 /mars /2009 15:53
Utile à ton camp ? Posté par Pascal Cherki, secrétaire général de "un monde d'avance"

Je n’aime pas polémiquer avec les responsables des autres formations de la gauche et ce quelle que soit la taille de ces formations. Toute formation politique, même la plus petite, même si elle ne compte qu’une poignée de parlementaires, mérite le respect. J’aime en revanche la discussion politique fondée sur des raisonnements, eux-mêmes étayés par des arguments et exempte de toute attaque personnelle. C’est pourquoi j’ai été profondément déçu à la lecture de l’éditorial de ce jour publié par Jean-Luc Mélenchon sur son blog. Le titre, et cela n’aura échappé à personne, est une attaque directe contre le porte parole de notre parti, Benoît Hamon. Je pense qu’elle ne rehausse pas celui qui la formule.

La première partie de son éditorial est uniquement consacrée à la composition des listes aux élections européennes. J’avoue que ce n’est pas la partie qui m’a le plus intéressé. Peut-être est-ce un tropisme de ma part mais je préfère aborder les questions politiques d’abord sous l’angle des idées avant de la faire sous l’angle des personnes. Bien évidemment je conviens que l’on ne peut complètement détacher les idées des personnes susceptibles de les incarner, mais je n’inverse pas l’ordre des facteurs, question de culture politique sans doute. Néanmoins, et au risque de déplaire à Jean-Luc en le contredisant, je suis satisfait des listes de candidats que mon parti présentera aux élections européennes. Comme de coutume, des camarades de valeur, sortants ou non, ne seront pas à nos côtés dans ce combat. C’est le lot douloureux de cet exercice qui ne nous a pas épargnés quelque soit les courants qui composent notre formation.

Cependant nous avons réussi à assurer un bon renouvellement des candidates et des candidats socialistes et à promouvoir la diversité. Que Jean-Luc se rassure la gauche du PS est bien représentée, elle l’est à sa juste place puisque les listes ont été établies à la proportionnelle des courants. Pour ma part, je me réjouis que ce principe démocratique que nous avons tant revendiqué ces dernières années puisse enfin être mis en œuvre.

J’en viens au plus intéressant, le fond du débat celui qui cristallise à ce jour notre divergence. A la différence de Jean-Luc, j’affirme que nous avons élaboré un bon texte d’orientation politique. Jean-Luc y voit une ode au social libéralisme, c’est son droit. Il se trompe et se trompe lourdement. C’est même tout le contraire qui est affirmé dans ce texte. Ce texte affirme la nécessité de mettre un terme au compromis historique entre la social démocratie et la démocratie chrétienne qui a présidé jusqu’alors à la construction européenne. Ce texte appelle à la nécessite de réaliser l’harmonisation sociale et fiscale comme condition indispensable de la poursuite du projet européen et comme condition indispensable à l’arrêt des délocalisations intra européennes. Ce texte insiste sur la nécessaire remise à plat de la Stratégie de Lisbonne et sur la non moins nécessaire défense et promotion de nos industries traditionnelles. Ce texte insiste sur la vacuité des mécanismes libéraux tels que le pacte de stabilité ou l’interdiction des aides d’Etat. Ce texte affirme la nécessité de présenter un candidat socialiste à la présidence de la Commission et à la Présidence du Parlement européen. En fin de compte, ce texte est un bon texte politique en ce qu’il arrête de considérer l’Europe comme une abstraction totémique mais cherche au contraire à ancrer la construction européenne dans un combat gauche-droite clairement affirmé et assumé.

Jean-Luc se trompe quand il pense que le PS dérive à droite. C’est même le processus inverse qui a commencé depuis le dernier congrès. C’est pourquoi, comme Benoît, j’ai regretté son départ de notre parti effectué sur des bases erronées. Jean-Luc, il est temps que tu reviennes au PS, tu y as toute ta place et tu seras plus utile à ton camp politique qu’en maugréant de l’extérieur.

Partager cet article
Repost0
3 mars 2009 2 03 /03 /mars /2009 14:48
Lors de l'assemblée générale de la motion "un monde d'avance" pour le Val d'Oise, nous avons eu un long et riche débat sur la situation aux Antilles, ses causes et ses conséquences, et ce qu'il convient de faire selon nous pour ces parties de la République.
Voici la proposition de voeux à soumettre aux conseils municipaux auxquels vous participez, au plus tôt.

MOBILISATION & LUTTE DES TRAVAILLEURS ANTILLAIS-GUYANAIS

PROPOSITION POUR VŒUX DES CONSEILS MUNICIPAUX


Les DROMs de Guadeloupe, Guyane et Martinique connaissent depuis le début de l’année 2009 une situation de crise sociale quasi insurrectionnelle générée par la vacance de l’État dans la gouvernance de ces parties intégrantes du territoire français en les laissant sous la coupe d’intérêts privés. Nous n’oublions pas par ailleurs la situation similaire de l’île de la Réunion.

Ces mouvements de grève générale, lancés depuis le 20 janvier par le collectif guadeloupéen LKP, et rejoins en Martinique depuis le 5 février 2009 par le collectif du même nom, viennent sanctionner un système économique clientéliste et oligopolistique, contraire au développement de ces Régions françaises.

Ce système économique gravement inégalitaire est fondé sur la perpétuation des positions dominantes acquises par quelques familles et quelques entreprises dans ces territoires tout au long de la période coloniale. La perpétuation de ce système est en soi comme une prolongation d’une forme de colonisation, laquelle bat en brèche les principes de liberté, de justice, d’égalité et de fraternité du pacte républicain qui nous uni, perpétuation sournoise d’un système auquel aurait dû mettre fin la Départementalisation de 1946.

Étant entendues que ces revendications et ces luttes s’inscrivent dans un contexte :

  • D’emploi local caractérisé par un chômage endémique qui touche plus de 25% de la population ;

  • D’un PIB faible comparativement à la métropole, d’un salaire minimum interprofessionnel dont la croissance est identique à celui du continent et avec un surcoût d’environ 40% de la vie quotidienne qui grève ainsi le pouvoir d’achat de tous les habitants de ces territoires.

Nous considérons que les revendications de nos concitoyens d’outre-mer qui se sont levés pour faire acte de résistance, dire non aux grandes orientations de la politique gouvernementale sont légitimes, mais aussi ont mené un mouvement fraternel assis sur des propositions fortes rassemblant l’essentiel de la société civile insulaire.

Nous adressons une mise en garde solennelle au gouvernement qui ne veut pas s’attaquer réellement aux problèmes structurels de ces régions pour de mauvaises raisons idéologiques et compte avec l’appui du patronat local sur un pourrissement de la situation espérant en dernier recours utiliser la force pour étouffer ces luttes revendicatives avant qu’elles ne fassent « tâche d’huile ».

Nous appelons en conséquence le patronat local à répondre positivement aux revendications légitimes des travailleurs des DROMs ; nous adjurons le gouvernement de la République d’entamer la lourde tâche qui doit aboutir à la transformation radicale du système d’exploitation économique archaïque et injustes des DROMs.

Les DROMs , Guyane, Guadeloupe et Martinique , connaissent depu
Partager cet article
Repost0
21 février 2009 6 21 /02 /février /2009 09:16
Cher-e-s Camarades,

Depuis plus d'un mois, les Guadeloupéens luttent contre la vie chère, les bas salaires et le chômage. Alors que le mouvement s'étend à toutes les Antilles et à la Réunion, le gouvernement et le patronnat continuent de jouer le pourrissement de la situation, l'aggravant même par une répression de plus en plus forte.

Un monde d'avance se joindra à la manifestation de soutien aux grévistes Samedi 21 février à 14h place de la République (devant le magasin "Habitat" à l'angle de la rue du Faubourg du Temple), aux côtés de Benoît Hamon et du Parti Socialiste.

En comptant sur ta mobilisation,

La coordination Un monde d'avance
Partager cet article
Repost0
5 février 2009 4 05 /02 /février /2009 17:02
Les partis et organisations de gauche réunies mardi 3 février à Paris se félicitent de l'ampleur du succès de la mobilisation sociale du 29 janvier. L'importance des grèves et des manifestations qui ont marqué cette journée témoigne d'un rejet massif des choix politiques du gouvernement Sarkozy-Fillon, marque une colère légitime face aux vagues actuelles de licenciements et de suppressions d'emplois, dans le privé comme dans le public, confirme l'exigence d'un « bouclier social » à l'opposé du « bouclier fiscal » pour les plus riches, et de mesures en faveur de l'emploi et des salaires à l'opposé des choix du gouvernement qui distribue sans contrepartie des milliards aux banques et aux grandes groupes.


Le message de la journée du 29 janvier est clair. Ce n'est pas au monde du travail, à la population de payer la crise. Contrairement à ce que vient d'affirmer le Premier ministre, la journée du 29 janvier porte clairement la demande d'un changement de cap, notamment sur les questions des salaires, de l'emploi, des services publics. Nicolas Sarkozy et le gouvernement ne peuvent se dérober à ces exigences et ignorer les grands axes avancés dans la plate-forme syndicale unitaire.

Plus largement, un très grand débat public est nécessaire dans le pays sur les mesures alternatives aux choix politiques actuels qui permettront de s'attaquer réellement et efficacement aux racines de cette crise et d’imposer une autre répartition des richesses et un autre type de développement.

Les organisations réunies apportent leur soutien aux mobilisations qui se développent ces jours ci dans l'éducation, dans l'enseignement supérieur et la recherche où le gouvernement doit revenir sur la loi Pécresse et ses décrets d'application, dans les hôpitaux et la santé, où l'inscription à l'ordre du jour du Parlement le 10 février prochain du projet de loi Bachelot doit être annulée. Parce que ces textes représentent des attaques inacceptables contre les services publics, elles appellent à prendre et à soutenir dans les jours qui viennent les initiatives nécessaires pour les combattre.

Elles s'alarment dans ce contexte des atteintes répétées aux libertés publiques et syndicales, qui en cherchant à intimider les mouvements de contestation, conduisent à une inquiétante dérive autoritaire du pouvoir qu'elles ne peuvent accepter.

Enfin, elles tiennent à apporter leur soutien à l'imposant mouvement social qui mobilise depuis plusieurs semaines la Guadeloupe, et demandent au gouvernement d'engager au plus vite de réelles négociations sur les revendications exprimées, notamment sur la question du pouvoir d'achat.

Les organisations réunies ont convenu de se revoir après l'intervention télévisée présidentielle du 5 février et la réunion des organisations syndicales prévue le 9 février pour décider de la suite de leur démarche commune en appui du mouvement social.

Signataires:
Les Alternatifs, la Coordination nationale des collectifs unitaires (CNCU), Lutte Ouvrière, le MRC, le NPA, le PCF, le PCOF, le Parti de gauche, le PS, Alternative Démocratie Socialisme (ADS), Alter-Ekolo.
Partager cet article
Repost0
4 février 2009 3 04 /02 /février /2009 14:31
Le PS estime être à même de répondre à l'émergence d'une "certaine radicalité"
LE MONDE | 04.02.09 | 13h17

u Parti socialiste, les débats portent davantage sur la constitution des listes pour les élections européennes que sur les conséquences d'une recomposition des forces politiques situées à la gauche du PS. En clair, la transformation de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) en Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) ne semble guère agiter les esprits. En mai 2008, après le passage très remarqué d'Olivier Besancenot sur le divan de "Vivement Dimanche" sur France 2, un groupe de travail chargé "d'analyser l'impact que pourrait avoir la constitution d'un pôle de radicalité" avait été constitué au sein du secrétariat national du PS. Mais aucune réunion n'a été organisée, et le brainstorming annoncé n'a jamais eu lieu.
La nouvelle direction issue du congrès de Reims se défend de sous-estimer la portée de l'événement. "Même s'il n'est pas question de se définir par rapport au NPA, il faut prendre la juste mesure de cette redistribution des cartes à la gauche de la gauche", estime Benoît Hamon, porte-parole du PS. "La question qui se pose - et qui se pose pour tout le monde - est de comprendre la demande politique que la montée des inégalités fait naître parmi les classes moyennes et populaires, mais aussi de lui offrir un débouché politique", souligne le principal dirigeant de l'aile gauche du parti. Selon lui, la volonté de soutenir plus activement les conflits sociaux ainsi que la plus grande combativité affichée dans son mode d'opposition doivent permettre au PS de mieux répondre à l'émergence "d'une certaine radicalité". Malek Boutih, qui s'oppose à la direction du PS, accuse M. Hamon de "nourrir le NPA". Selon lui, "ce n'est pas avec du verbiage d'extrême gauche ou en adoptant des postures de radicalité que les socialistes parviendront à redevenir crédibles". [?!!???]

Face à un gouvernement qu'il cherche à mettre en difficulté, le PS veut jouer la carte de l'unité. Il s'apprête à publier, en compagnie de 11 organisations de gauche (dont le futur NPA) un texte destiné à soutenir "les exigences exprimées par la mobilisation sociale du 29 janvier".


FACTEUR DE DIVISION

Les socialistes comptent faire apparaître Olivier Besancenot - qui, lors des élections, a toujours refusé de soutenir le candidat de gauche en lice au second tour, rompant avec la tradition qui était celle de la LCR jusqu'en 2002 - comme un facteur de division. Voire comme l'allié objectif de Nicolas Sarkozy qui rêve de voir le NPA contester la prééminence de la gauche de gouvernement. L'argument sera utilisé dès les prochaines élections européennes. Alors que l'Union est "gouvernée par la droite, il y en a assez de ces diviseurs à gauche", a lancé l'eurodéputé Vincent Peillon. Au PS, on évoque aussi une étude selon laquelle la grande majorité des électeurs d'Olivier Besancenot à la présidentielle de 2007 souhaitaient un désistement au second tour et une participation à un gouvernement d'union.

Les dirigeants socialistes sont également d'accord sur un autre constat. "Le problème, c'est moins l'existence du NPA qu'Olivier Besancenot lui-même. Et, plus précisément, son score au soir du premier tour de l'élection présidentielle de 2012", assure l'un d'entre eux.


Jean-Michel Normand
Article paru dans l'édition du 05.02.09
Partager cet article
Repost0
28 novembre 2008 5 28 /11 /novembre /2008 17:09
Point de vue
Improbable Die Linke à la française, par Jérôme Fourquet
LE MONDE | 28.11.08 | 13h59  •  Mis à jour le 28.11.08 | 13h59

près avoir quitté le Parti socialiste, Jean-Luc Mélenchon et Marc Dolez ont annoncé la création du Parti de gauche, qui se veut une réplique française de Die Linke. Quand on observe la scène politique allemande, on comprend bien pourquoi ce modèle est attractif et peut constituer une source d'inspiration pour nos socialistes en rupture de ban.
Die Linke, formation créée par l'union de dissidents du SPD et le PDS (les communistes est-allemands), s'est bien enracinée dans la vie politique outre-Rhin. Ce nouveau parti est présent dans les Parlements des six Länder de l'Est et parfois même dans leur gouvernement en coalition avec le SPD.

Il a également réussi une percée à l'ouest où il a franchi la barre des 5% (commandant l'accès aux Parlements régionaux) dans plusieurs Länder (Hesse, Hambourg, Basse-Saxe), ratant de peu récemment ces 5% dans la très conservatrice Bavière. Au plan national, les sondages créditent cette formation de bons scores (entre 10% et 12%).

Mais le contexte politique et les forces en présence à gauche diffèrent sensiblement de part et d'autre du Rhin, et la configuration apparaît moins favorable en France. Die Linke est aujourd'hui dirigée par Oskar Lafontaine, personnalité politique très connue en Allemagne : il a été pendant de longues années ministre-président de la Sarre, et a joué un rôle de premier plan en animant l'aile gauche du SPD national. En dépit de leur mandat, le poids politique de Marc Dolez et Jean-Luc Mélenchon n'est donc pas comparable avec celui de Lafontaine, qui sert de locomotive médiatique à ce parti.

Par ailleurs, le PDS - importante puissance électorale à l'est de l'Allemagne - a fourni les gros bataillons militants et électoraux de Die Linke. A cette force électorale, il faut ajouter des militants en rupture du SPD à l'ouest ainsi que de nombreux syndicalistes. Les forces sur lesquelles peuvent s'appuyer aujourd'hui Dolez et Mélenchon sont beaucoup plus limitées. Certes, la motion Hamon qu'ils soutenaient a recueilli près de 19% des voix lors du vote interne au PS, mais tous ces militants ne suivront pas les démissionnaires.

ESPACE PLUS RESTREINT

Lorsqu'il présenta une motion ("Forces militantes") au congrès du Mans en 2005, Dolez, bien que premier fédéral de la puissante fédération du Nord, n'obtint que 4,5%. Et si PRS, l'organisation de Mélenchon, fut très active et visible lors du référendum sur la Constitution européenne, elle ne compterait qu'assez peu d'adhérents.

Pour pallier ces difficultés, Mélenchon et Dolez ont annoncé une alliance avec le PC en vue des européennes. On rappellera que ce parti a connu de nombreux revers électoraux, qu'il est aujourd'hui profondément divisé et qu'il perd des adhérents. Son influence électorale ne peut être comparée à celle de son parti frère allemand.

En transposant en France l'influence du PDS dans les régions déshéritées et industrieuses de l'ancienne RDA, cela équivaudrait à un PCF obtenant entre 25% et 30% dans un ensemble regroupant Nord - Pas-de-Calais, Picardie, Haute-Normandie et Champagne-Ardennes... En dépit de cet affaiblissement, étant donné le poids comparé du PC et du Parti de gauche en termes de militants et d'élus, il y a fort à parier que les dissidents socialistes ne joueront pas les premiers rôles dans ce "front commun".

Enfin, si Die Linke connaît aujourd'hui des succès en Allemagne, cela ne tient pas uniquement à la personnalité de ses leaders ou à la puissance militante des organisations qui l'ont cofondée. Le contexte politique y est différent du nôtre : l'extrême gauche y est inexistante électoralement, contrairement à la France où Olivier Besancenot exerce une forte concurrence. En outre, en Allemagne, la critique dénonçant un recentrage des socialistes porte davantage, notamment parce que le SPD est engagé dans une grande coalition avec la CDU et mène une politique de réformes.

Ce virage social-libéral fut pris il y a un certain nombre d'années maintenant. Durant l'ère Schröder, le SPD, à la tête d'une coalition avec les Verts, réforma profondément le modèle social et les bases de l'Etat-providence, notamment avec les réformes Hartz aujourd'hui fortement décriées à gauche et par les syndicats. Si le libéral-socialisme est aussi dénoncé en France, il n'en demeure pas moins que le PS reste aujourd'hui - et notamment avec le gauchissement des discours à la suite de la crise financière - idéologiquement plus à gauche que le SPD.

Concurrencée par une extrême gauche conquérante et un PS à la direction "gauchisée", la déclinaison française de Die Linke jouira donc d'un espace politique plus restreint que sa consoeur germanique. Même si son discours peut rencontrer un certain écho auprès d'électeurs de gauche démoralisés par la crise du PS et radicalisés par la poursuite des réformes sarkozystes.


Jérôme Fourquet est directeur adjoint du département opinion et stratégies d'entreprise de l'IFOP.

Article paru dans l'édition du 29.11.08
Partager cet article
Repost0
26 mars 2008 3 26 /03 /mars /2008 09:58
Municipales : les électeurs veulent une gauche de gauche
par Henri Emmanuelli et Benoît Hamon

Tirer les leçons d’une consultation électorale est un devoir primordial pour une formation politique, a fortiori pour le Parti socialiste qui a été l’acteur majeur de la victoire de la gauche dimanche 16 mars.

La première leçon est simple. Elle se lit dans la sécheresse des résultats : la droite a subi une déroute lors de ces élections municipales. Les 58 villes de plus de 20 000 habitants conquises par la gauche traduisent l’ampleur de cette défaite. Il peut sembler banal de l’affirmer mais cela est nécessaire tant l’impudence, voire l’autisme des ministres et des dirigeants de l’UMP sur les plateaux de télévision confinait au déni de réalité. Le nombre de villes conquises donne une dimension incontestablement nationale à cette défaite.

La seconde leçon concerne le "rôle central" que prétendait exercer le MoDem au centre de notre échiquier politique. A force de vouloir être partout à la fois, le MoDem n’a fini nulle part. La plupart du temps il est resté dans le giron de ses alliés traditionnels de droite, sans lesquels il n’aurait pas conservé le peu de municipalités dont les électrices et les électeurs lui concèdent encore la gestion. En entendant François Bayrou, au soir du premier tour, appeler en vain les électeurs palois à faire barrage aux "socialo-communistes", il nous revenait en mémoire cette définition que François Mitterrand donnait du centre dont il affirmait, non sans humour, qu’il n’était "ni de gauche ni de gauche".

A CONTRESENS DE L’HISTOIRE

Nous serions donc bien avisés de stopper rapidement une inutile et grotesque "danse du centre" et de laisser François Bayrou à sa stratégie électorale narcissique. Le scrutin municipal a eu cette vertu de démontrer l’absence d’efficacité électorale de l’alliance avec le MoDem, ce qui ne signifie pas qu’il faille renoncer à parler à ses électeurs. Si le MoDem décide de rejoindre le camp de la gauche et ses valeurs progressistes, il sera le bienvenu. Cette décision lui appartient, mais n’appartient qu’à lui. En attendant, nous avons mieux à faire.

Ce que nous avons à faire, et cela sera notre troisième et dernière leçon provisoire, est de constater le glissement à gauche de notre électorat. Partout où la gauche était rassemblée, elle réalise de très bons scores. Quand elle était divisée de notre fait, alors communistes, écologistes ou extrême gauche réalisaient des scores qu’il serait absurde d’ignorer. Finalement nous sommes dans une figure classique de notre vie politique accompagnée d’une donnée nouvelle.

La figure classique est celle de la bipolarisation entre la gauche et la droite. Une bipolarisation dont nous n’hésitons pas à affirmer qu’elle est saine pour notre démocratie, qui a besoin d’options différenciées et de confrontations d’idées et de projets.

La nouveauté est celle d’une radicalisation d’une partie de notre électorat qui s’explique aisément par l’inquiétude croissante devant la dégradation des conditions de vie des classes populaires et, phénomène nouveau, des classes moyennes. Les socialistes risqueraient de passer à côté de l’essentiel s’ils ne tiraient pas rapidement les conséquences qui s’imposent de ce message adressé par les Françaises et les Français. Un message qui risque de s’amplifier tant les perspectives économiques mondiales sont inquiétantes. La crise de très grande ampleur que traverse le système financier international, et qui menace désormais d’entraîner l’économie mondiale dans la spirale de la récession, marque assurément la fin des illusions de la globalisation financière et de la libéralisation effrénée du commerce international.

Alors qu’aux Etats-Unis, en Angleterre et, demain, en France et en Europe les dirigeants seront soumis à la nécessité de prendre des mesures radicales de sauvetage du système bancaire et de se tourner vers des formes nouvelles de régulation publique de l’économie, il serait paradoxal que la gauche française, en quête d’une illusoire modernité, "mue" à contresens de l’histoire.

Nous assistons à la fin de la domination culturelle du libéralisme et du capitalisme financier. Cela constitue une opportunité sans précédent de faire avancer nos idées progressistes. C’est ce à quoi nous invitons le Parti socialiste et ce à quoi nous consacrerons notre énergie dans les semaines et les mois à venir, avec toutes celles et tous ceux qui le souhaitent.


Partager cet article
Repost0
18 mars 2008 2 18 /03 /mars /2008 10:12
16 mars 2008 : La droite sarkoziste sanctionnée, la gauche face à elle-même 

1- un désaveu franc et massif de la droite :

Personne ne pourra nier cette fois-ci que les partisans du chef de l'Etat viennent de remporter une défaite profonde, qui au-delà des questions locales signifie un désaveu de la politique et du comportement du président de la République.

9 mois après l'élection présidentielle, le retour de balancier est assez violent, on dépasse largement le simple rééquilibrage que les ténors de la droite ont tenté de décrire hier soir tant les victoires du Parti socialiste, soutenus la plupart du temps par le reste de la gauche, emportent des municipalités depuis si longtemps ancrées à droite comme Reims, Metz ou Saint-Etienne…

Une fois encore on perçoit le scrutin cantonal comme la réelle mesure politique du vote de dimanche : les municipales tempèrent le vote par la grille personnalisée du scrutin et l'écart reste faible avec 47 % à la gauche contre 45 % à la droite, mais traduit dans les faits par un basculement de 6 à 9 départements la gauche remporte aux cantonales 51,28 % des voix contre 44,52 % à la droite et 3 % au Modém.

Il est incontournable que les Français malgré tous les sondages qui expliquent que les choix se sont portés très majoritairement sur des réalités locale ont exprimé un désaveu politique à l'équipe gouvernante. Nicolas Sarkozy échoue là où il avait porté le débat durant la campagne présidentielle, doublant la gauche sur un terrain qu'elle n'avait pas jugé bon de mettre en avant au printemps dernier : l'économie et le social. La question du pouvoir d'achat explique largement ce désamour rapide et radical ; on pourra toujours expliquer avec Opinion Way que les Français désirent la poursuite des réformes, il n'est pas sûr que les Français conscients que des réformes profondes soient nécessaires dans notre pays souhaitent la perpétuation des orientations défendues par Sarkozy et Fillon. Mais ceux-ci ont été élus en mai et juin 2007, leurs mandats restent valables et il ne faut pas s'attendre à une inflexion majeure de la politique qui sera menée par le gouvernement Fillon, remanié ou non, certains analystes percevant même chez le Président de la République la volonté de refermer la séquence de l'ouverture et de s'ancrer plus fermement à droite encore.

Enfin, ne tombons pas non plus dans un excès de triomphalisme, si les résultats globaux de la droite sont désastreux au niveau national, elle conserve des sujets locaux de réjouissance et parfois non des moindres : Mont-de-Marsan, Agen, Montauban, Morlaix, Châtellerault, Tarbes et Calais virent à droite. C'est un sujet d''inquiétude qu'il faudra observer à gauche tout comme le taux d'abstention qui avec 34,5 % ne doit pas être interprété comme la seule mauvaise humeur des électeurs conservateurs déroutés par les manières bling-bling du Président. L'électorat populaire s'est une nouvelle fois peu mobilisé.

 

2- l'équation introuvable du Modém :

François Bayrou et ses amis ont passé une mauvaise soirée, que le président du Modém a traduit en chargeant sur la gouvernement la responsabilité d'une « énorme vague de gauche » - ce qui devrait au demeurant rappeler à certains socialistes tout le bien que le Béarnais pense de la gauche.

Son échec personnel, même d'un cheveu, va peser largement sur l'avenir du mouvement centriste. Mais au-delà de l'incohérence de la stratégie politique dénoncée toute la semaine, le Modém fait face à une dichotomie pourtant pré-existante entre une large partie de son électorat d'un côté, et la plupart de ses représentants de l'autre.

On voit bien que laisser à eux-même une majorité des électeurs du Modém se reporte sur la gauche, quand les seuls maires centristes de France ne doivent leur réélection qu'au soutien de la droite contre la gauche. Les fusions Modém-Gauche sont rarement porteuses dans ce second tour, hors quelques cas d'union sacrée nécessaire pour renverser des pouvoirs locaux réactionnaires ou clientélistes. À Marseille, la dichotomie entre électeurs et leaders du Modém s'est d'ailleurs traduit dans le sens inverse du reste du pays : un leader penchant vers la gauche, mais un électorat centriste fortement habitué à un long compagnonnage avec la droite locale, et la fusion Gauche-Modém n'a pas permis de suffisamment bousculer Jean-Claude Gaudin. Ce dernier cependant a eu chaud puisque sa majorité rassemble 51 conseillers contre 49 à la gauche et 1 au Front National ; il faudra observer pendant les 6 prochaines années le comportement véritable des élus Modém de Marseille, mais il y a fort à parier que beaucoup finissent par se fondre dans la gauche locale.

La stratégie à géométrie variable du Modém permet parfois la perpétuation de structures passéistes : le Modém parisien risque de payer longtemps dans la tête des Parisiens la réélection de Jean Tiberi de quelques centaines de voix, facilitée par le maintien de la liste de Philippe Meyer dans le Vème arrondissement, d'autant que partout ailleurs dans la capitale les centristes ne maintiennent pas leurs positions. Onpourra faire la même analyse sur Aix-en-Provence où le Modém en se maintenant s'est fait le complice objectif du succès d'une droite réactionnaire.

Enfin à plusieurs reprises, la Gauche a démontré comme à Toulouse ou à Cergy qu'elle n'avait pas besoin du Modém pour être élue et présenter aux électeurs une force crédible et solide face à la droite. Le choix de la clarté semble avoir été payant dans ses deux villes : à Toulouse le challenger de gauche avait refusé les avances du Modém qui s'est finalement allié à l'UMP, mais il a également refusé toute surenchère, ce qui semble avoir payé chez les électeurs.

À Cergy, le maire PS était arrivé en tête du premier tour avec une gauche éclatée et le Modém à l'affût ; en décidant de proposer un choix clair il a pu se maintenir face à la droite.

La démonstration de l'alliance obligatoire avec le Modém ne semble donc plus si évidente à gauche, et ceux qui en faisait un élément incontournable de leur discours révisionniste au PS devraient prendre désormais un peu de recul, surtout que 60% des sympathisants de gauche – sans doute échaudés par l'attitude des centristes – disent préférer le maintien des alliances à gauche.

 

3- une lente agonie du communisme municipal :

Le Parti communiste français peut bien regagner le conseil général de l'Allier – sous perfusion socialiste – et conserver le conseil général du Val-de-Marne, la soirée électorale du 16 mars a été beaucoup moins agréable pour le PCF que celle du 9 mars. Il n'y a pas eu de surprises comme celles de Dieppe au premier tour, et Le Havre reste comme prévu dans l'escarcelle d'Antoine Ruffenacht, le retour du communisme municipal y ayant été réprouvé tout comme à Corbeil-Essonne pourtant face à un maire – Serge Dassault – vieillissant et réprouvé.

En Arles, le maire communiste est réélu dans une alliance avec le Modém quand le PCF attaquait verbalement partout les alliances entre la gauche et le centre.

C'est Calais qui frappe au coeur le Parti communiste en basculant à droite et sanctionnant une logique malthusienne de cette municipalité détenue depuis de nombreuses années par le PCF.

En Seine-Saint-Denis, la réélection attendue des municipalités communistes de La Courneuve, Saint-Denis et Bagnolet ne défraiera pas la chronique, mais d'une part le basculement du conseil général vers le Parti socialiste, quasiment acquis depuis la semaine dernière, et d'autre part, la perte d'Aubervilliers et de Montreuil au profit des socialistes et des écologistes marquent un coup dur pour le PCF, indiquant définitivement le changement d'époque à gauche et l'impossibilité pour ce parti d'enrayer son déclin, la nécessité de sa remise en cause et de son dépassement au sein de la gauche.

 

4- Le Parti socialiste face à ses responsabilités à gauche et dans le pays :

C'est sur le Parti socialiste que pèse désormais la responsabilité de ne pas oublier les causes et les résultats des scrutins des 9 et 16 mars 2008. Autant on pouvait encore douter d'un véritable élan vers les candidats et les listes présentés par le PS la semaine dernière, autant le scrutin du 16 mars prend toutes les apparences d'une vague rose.

La liste des villes ayant basculé au second tour de droite à gauche est impressionnante : Toulouse, Strasbourg, Caen, Blois, Saint-Brieuc, Laval, Argenteuil, Saint-Etienne, Angoulême, Périgueux, Metz, Colombes, Aulnay-sous-Bois, Reims, Saint-Denis-de-la-Réunion, Valence, Asnières-sur-Seine, Cahors, Mende, Quimper, Amiens. La gauche socialiste conserve des villes où la gauche était en difficulté : Angers, Toul, Pau, Romans, Nevers, Aurillac. Elle perd quelques communes symboliques comme Mont-de-Marsan, Montauban, Morlaix, Agen, Tarbes, Montélimar Le PS prend Aubervilliers au PCF et la victoire de Dominique Voynet à Montreuil ne s'est pas faite sans une forte participation socialiste, malgré les choix de Solférino.

Du côté des départements la liste est plus éloquente encore : le PS conserve la Seine-et-Marne et l'Oise que la droite espérait ravir, il emporte bien plus de départements qu'il ne l'espérait : le Val d'Oise, la Seine-Saint-Denis, les Deux-Sèvres, le Lot, le Lot, la Somme, l'Ain, l'Indre-et-Loire.

Mais ne tirons pas de ce scrutin des conclusions hâtives. D'abord parce que ce n'est pas avec les collectivités locales que la gauche et les socialistes empêcheront la droite de mener à bien ses projets gouvernementaux. La gauche territoriale – bien qu'elle ait reçu des soutiens forts aussi pour la qualité des projets locaux qu'elle présentait – n'a ni les outils ni la culture politique pour fabriquer des collectivités de résistance ou des contre-sociétés, quand bien même cela serait-il souhaitable. Le PS n'a jamais conçu une place claire aux collectivités locales dans son projet de transformation sociale (contrairement au PCF des années 1950 et 1960) au moment même où ce projet de transformation de la société mériterait d'être précisé.

Il faut donc lancer deux avertissements :

  • le premier c'est à tous ceux qui ont parcouru les départements et les communes en expliquant que l'élection de maires socialistes atténueraient les malheurs et les réformes promises par Sarkozy ont menti aux Français et le cas échéant ils porteront la lourde responsabilité d'une déception de l'électorat ;

  • Le second est qu'il ne faut pas répéter l'erreur de 2004. Les victoires de 2004 et 2008 se ressemblent car elles sont portées autant si ce n'est plus par le rejet du gouvernement central que par les projets locaux défendus par la gauche. En 2004, nous avons cru que les conquêtes des régionales, des cantonales et des européennes, nous exonéreraient d'un travail sur notre projet de transformation sociale : nous fumes battus en 2007 après avoir été confus en 2005. Aujourd’hui certains voudraient faire croire que « l'intelligence des territoires » (sur le même mythe de « la terre qui elle ne ment pas ») nous promet avec tous ces nouveaux maire de gauche un futur et bon projet pragmatique du PS, et c'est une aggravation de l'erreur de 2004.

Non seulement, nous devons remettre sur le métier la question de l'identité et de la nature du PS, donc de sa capacité ensuite à reconstruire la gauche, mais nous devons aussi aborder sans tabou les questions que nous fuyions depuis plus de 10 ans : les possibilités d'inventer une politique économique progressiste offensive qui sorte des sentiers battus du néo-libéralisme.

Certains voudraient limiter notre débat au leadership, à des réformes de statuts avec le centralisme démocratique à la clé et à la question de l'alliance avec le Modém. Si l'on ajoute à ce qu'il y a d'étrangement écœurement dans les discours des amis de Ségolène Royal sur l'ordre, « le fantasme d'une société transformée en une sorte de pensionnat généralisé » (cf. BHL dans Ce grand cadavre à la renverse), la nation et les territoires, le scrutin des 9 et 16 mars 2008 vient d'invalider largement les présupposés des sociaux-libéraux autoritaires qui entourent l'ancienne candidate socialiste à l'élection présidentielle.

Elle a fait l'aveu publiquement et en pleine campagne, que sa tournée des villes et des départements était plus une tournée des fédérations et des sections dans l'objectif d'être majoritaire lors du prochain congrès du Parti socialiste. Nous serons donc vigilant à ce que certaines conquêtes nouvelles de la gauche ne soient pas détournées pour empêcher un débat de fond qui affaiblirait inévitablement les tenants d'un recentrage du Parti socialiste et finalement d'une implosion de la gauche.

Frédéric FARAVEL

 

Partager cet article
Repost0