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2 avril 2014 3 02 /04 /avril /2014 14:52

Regards.fr - Nathanaël Uhl - 1er avril 2014

Réunies lundi, les gauches du Parti socialiste commencent à évoquer des conditions à un soutien au gouvernement à venir. Pacte de responsabilité, Europe et fiscalité figurent au menu des inflexions politiques attendues. Ce qui n’empêche pas Benoît Hamon et Arnaud Montebourg de soutenir Manuel Valls.

5 debats divisent PS«À titre personnel, je trouve le pari de Hollande complètement dingue.» Ce collaborateur d’un parlementaire Maintenant la Gauche ne mâche pas ses mots après l’annonce du remplacement de Jean-Marc Ayrault par Manuel Valls à la tête du gouvernement. Lundi, dans la journée, les différentes composantes des gauches du PS – proches de Martine Aubry, membres d’Un monde d’avance (Henri Emmanuelli et Benoît Hamon), proches d’Arnaud Montebourg et membres de Maintenant la gauche – se sont retrouvées à l’Assemblée nationale. Elles ont évoqué les conditions de soutien au gouvernement dont Manuel Valls aura la charge. «Après les municipales, on ne fera pas de chèque en blanc, martèle Razzy Hammadi, député de la Seine-Saint-Denis et proche de Benoît Hamon. En l’état, le soutien au gouvernement n’est pas acquis.»

Motion de défiance

Déjà, les gauches du Parti socialiste s’étaient rassemblées – une première – le 10 février sous l’appel "Il n’y a pas qu’une seule politique possible". Ce texte bâti par Un monde d’avance et Maintenant la gauche avait reçu le soutien des amis d’Arnaud Montebourg, mais aussi de ceux de Stéphane Hessel (lire "Au PS, la fronde gagne les proches de Montebourg"). Leur grogne a gagné des rangs à l’occasion de la campagne municipale. Razzy Hammadi explique : «Ceux qui, comme moi, on fait beaucoup de terrain ont vécu en temps réel les soubresauts provoqués par les mesures du gouvernement». Du coup, selon Marie-Noëlle Lienneman, animatrice de Maintenant la gauche, «les actes politiques de Manuel Valls ne permettent pas de penser qu’il constitue la réponse adéquate au signal envoyé par les Français».

À l’offensive depuis plusieurs semaines, le trio Jérôme Guedj, Marie-Noëlle Lienneman et Emmanuel Maurel a déjà publié un appel au «sursaut» à l’intention du président de la République. Il a été rejoint, et ce n’est pas rien, par Julien Dray – dont la proximité avec le président de la République est de notoriété publique.

Au cœur de la «conditionnalité de (leur) soutien», la cinquantaine de parlementaires socialistes réunis lundi font figurer une «action offensive sur les questions européennes», notamment une remise en cause de la politique de l’euro fort. La question fiscale, aussi, ferait partie des conditions mises au soutien apporté, éventuellement, au nouveau gouvernement. Enfin, le Pacte de responsabilité cristallise encore les positions. «On ne veut pas revivre le fiasco du crédit d’impôt compétitivité emploi, sans aucune contrepartie», explique Razzy Hammadi. Un texte officiel sera rendu public ce mercredi, si tout ce petit monde parvient à se mettre d’accord.

Sous conditions

Nos interlocuteurs refusent, pour l’heure, de préciser quelle forme pourrait prendre leur opposition si les «conditions» n’étaient pas remplies : vote contre ou abstention. Comme d’habitude, beaucoup dépendra des rapports de force internes. «Je ne vais pas donner le résultat avant que le match ne soit joué», précise encore ce collaborateur parlementaire. Sur son site, Pouria Amirshahi, remuant député des Français de l’étranger, est plus clair : si des changements substantiels ne sont pas constatés, il «appelle les parlementaires de la majorité, mais aussi les socialistes dans leur ensemble, à assumer leurs responsabilités» et annonce son «refus de voter une confiance que les Français eux-mêmes n’ont pas voulu accorder».

Reste que si les gauches, au sens large, du PS conditionnent leur soutien au gouvernement à venir, il ne faut pas y voir un rejet unanime de la personne Manuel Valls au motif de ce qu’elle incarnerait politiquement. Sauf du côté de Maintenant la gauche. Ainsi, l’ancien ministre de l’Intérieur a-t-il reçu le soutien d’Arnaud Montebourg, ce mardi matin sur France Inter. Mettant en avant une convergence basée «sur une vision eurocritique», le ministre du redressement productif a estimé que «le choix de Manuel Valls est celui d’un gouvernement de combat». Les deux hommes semblent s’être rapprochés depuis leurs vifs affrontements lors de la primaire des socialistes. Une «complicité» assumée côté Montebourg, mais qui ne serait pas dénuée d’arrière-pensées. «Arnaud considère que Valls n’est pas vertébré politiquement et qu’il pourra le manipuler plus facilement», explique un cadre de Maintenant la gauche, sous couvert d’anonymat.

Benoît Hamon, lui aussi, soutient le futur Premier ministre. Il est d’ailleurs pressenti à l’Éducation nationale, à l’heure où ces lignes sont écrites. À croire que, au sein des gauches du PS aussi, il y aurait une «grille de lecture gouvernementale» et une «grille de lecture parlementaire».

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