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8 juillet 2013 1 08 /07 /juillet /2013 09:23

LE MONDE - 06/07/2013 - Par Bastien Bonnefous

Une pierre politique de plus dans le jardin de François Hollande et de Jean-Marc Ayrault. Lundi 8 juillet, l’aile gauche du PS va envoyer une lettre à l’ensemble des parlementaires socialistes et des membres du bureau national de la rue de Solférino pour demander le report de la réforme des retraites.

Lienemann Maurel GuedjDans ce courrier, que Le Monde s’est procuré, le courant Maintenant la gauche, porté par le vice-président de la région Ile-de-France Emmanuel Maurel, la sénatrice Marie-Noëlle Lienemann et le député Jérôme Guedj, estime que cette réforme n’est “ni urgente ni opportune”. “Rien ne justifie socialement, économiquement et financièrement d’en demander plus aujourd’hui”, écrivent-ils.

Ils considèrent, notamment, que l’allongement de la durée de cotisation – piste envisagée par le gouvernement pour combler le déficit du régime de retraite – aurait “un caractère profondément anxiogène” pour les Français et risquerait d’”aggraver les difficultés économiques au plus mauvais moment”, alors que la reprise n’est pas là.

Bien que minoritaire, l’aile gauche veut que le débat soit “porté par le parti” et demande que la direction du PS, qui a mis en place un groupe de travail sur les retraites, organise “une consultation des militants dans les fédérations”.

OPPOSITION À TOUTE BAISSE DU MONTANT DES PENSIONS

Dans les sections socialistes, l’inquiétude semble en effet monter. Jeudi 4 juillet, les militants de la fédération des Pyrénées-Atlantiques ont demandé que “le bureau national du PS prenne position contre les recommandations du rapport Moreau, à propos du financement des retraites”. “Il doit exprimer clairement et sans ambiguïté son opposition à toute baisse du montant des pensions, que ce soit par une augmentation du nombre d’annuités, par un recul de l’âge légal ouvrant le droit à la retraite ou par une modification de la base de calcul”, ajoute la “fédé”.

Déjà, le 27 juin, celle de la Haute-Loire avait adopté à l’unanimité une motion rejetant toute “précipitation” ou “ultimatum” pour réformer, invitant le PS à “ne pas choisir la voie de la régression”.

L’initiative de l’aile gauche ne devrait pas manquer de faire réagir au sein de l’exécutif, qui tente par tous les moyens d’empêcher la montée d’un débat interne sur sa ligne économique. D’autant qu’elle intervient après l’appel de quatre “sensibilités” du PS, dont Maintenant la gauche, lundi 1er juillet, à une “grande réforme fiscale”, et après le limogeage de la ministre de l’écologie, Delphine Batho, le lendemain, pour avoir critiqué son budget pour 2014.

Une série d’événements qui traduit les tensions croissantes au sein de la majorité. “Le débat sur la fiscalité est le signe d’un ébranlement à la base de la majorité. L’affaire Batho montre que le président de la République et le premier ministre ont du mal à conjurer les dissensions qui persistent sur la ligne”, analyse Mme Lienemann, qui souhaite désormais que les critiques privées s’expriment sur la place publique. “On peut faire taire un ministre en le virant, mais pas un parlementaire ou un militant”, lance la sénatrice.

MONTÉE EN PUISSANCE DE LA CONTESTATION

L’aile gauche est persuadée qu’elle peut rallier à sa cause, durant l’été, “une large majorité de la majorité socialiste”, affirme M. Maurel. Pour obtenir, au mieux, le report de la loi sur les retraites – qui doit être présentée en conseil des ministres à la mi-septembre avant son examen parlementaire à l’automne –, au pire, son adoption a minima, sans l’allongement de la durée de cotisation.

Pour l’instant, ses pointages, qui s’appuient sur les votes des précédents textes emblématiques de la première année du quinquennat, semblent plus que très optimistes. En octobre 2012, 29 députés socialistes s’étaient abstenus ou avaient voté contre le traité européen de stabilité ; ils étaient 41 en avril 2013 à s’opposer à l’accord sur la sécurisation de l’emploi et, un mois plus tard, en mai 2013, une centaine étaient prêts à voter en faveur de l’amnistie sociale, finalement repoussée par le gouvernement.

Cette montée en puissance de la contestation pourrait, selon Maintenant la gauche, fédérer “près de 150 députés” inquiets des effets de la réforme des retraites. Un ordre de grandeur “totalement fantaisiste”, selon les élus proches de M. Hollande, qui peinent néanmoins à cacher leurs craintes. “Il n’est pas question de reculer. Il faut voter la loi à la rentrée, serrer les rangs et passer à autre chose”, confie un “hollandais” historique.

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