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26 avril 2012 4 26 /04 /avril /2012 12:51

Par Philippe Peter  - France Soir publié le 24 avril 2012

Benoît Hamon a estimé mardi qu'une «grande partie de l'électorat de Marine Le Pen» était «xénophobe». Il est le premier au PS à porter publiquement un tel jugement.

sipa_00590596_000036.jpgBenoît Hamon est allé à contre-courant du discours charmeur que tient François Hollande à l'électorat frontiste. SIPA/Facelly

Ça y est, le mot est lâché. Benoît Hamon a jugé mardi sur RFI «qu'une grande partie de l'électorat de Marine Le Pen est un électorat xénophobe, qui exprime à travers son vote une pensée, une conviction, une humeur xénophobe et islamophobe». Et le porte-parole du Parti socialiste d'argumenter son propos : «Nous nous battrons et continuerons de nous battre en disant : vous vous trompez de combat, vous vous trompez de colère. Votre situation, si elle s'est dégradée, c'est parce que certains se sont gavés, se sont nourris sur votre dos et ce sont ceux, aujourd'hui, qui dirigent la France».

Les qualificatifs sont forts. Benoît Hamon, proche de Martine Aubry et membre de l'aile gauche du PS, est d'ailleurs le premier au parti de la rose à porter publiquement un tel jugement sur l'électorat du Front national depuis le premier tour de l'élection présidentielle qui avait vu Marine Le Pen prendre la troisième place non-qualificative du scrutin avec 17,9% des suffrages exprimés. Les ténors de la rue de Solférino s'étaient jusqu'alors bien gardés d'effectuer de telles sorties bille en tête contre les électeurs du FN que François Hollande convoite au moins tout autant que Nicolas Sarkozy.
Des électeurs "paumés"

Pour Michel Sapin, député de l'Indre et chargé du projet dans l'équipe Hollande, «la désespérance sociale» et «la disparition des services publics» constituent l'essentiel «des motivations profondes d'une partie de l'électorat du Front national». Bertrand Delanoë, maire de Paris, a quant à lui estimé mardi sur RTL que seuls «quelques électeurs» du FN «partagent (…) l'idéologie de discrimination, de rejet de l'autre» de Marine Le Pen, les autres étant simplement «paumés».

Quant à François Hollande, ramener à lui l'électorat de Marine Le Pen, «dont une part vient de la gauche», fait partie de ses trois priorités de l'entre-deux tours. «C'est ma responsabilité de m'adresser tout de suite à ces électeurs qui n'adhèrent pas forcément aux idées du FN, l'obsession de l'immigration en particulier, mais qui expriment, avant tout, une colère sociale», a expliqué mardi le candidat socialiste dans une interview au quotidien Libération.

Existence d'une "fraction idéologique"

Roland Ries, membre de l'équipe de campagne de François Hollande, s'est de son côté dit «tout à fait d'accord avec Eva Joly lorsqu'elle dit à propos du Front National que ceux qui ont voté en ce sens se trompent de colère. Ils appellent au changement, ils sont souvent désespérés, ils souhaitent une autre politique». Le sénateur-maire de Strasbourg a toutefois concédé l'existence d'une «fraction idéologique», sans toutefois donner plus de précisions quant à son importance.

Joint mardi par téléphone, Louis Aliot, vice-président du Front national, a jugé que les déclarations de Benoît Hamon étaient celles «d'un extrémiste de gauche camouflé au PS qui ne trouve aucun problème à s'aligner avec les trotskistes». «Il est là pour calmer Mélenchon». Bruno Gollnisch a pour sa part estimé que les électeurs de Marine Le Pen «sont surtout crétinophobes». «Ils ne sont pas xénophobes, ils sont francophiles !», a déclaré l'eurodéputé en réaction aux propos du porte-parole du PS qu'il juge «indigne d'être un homme politique». «C'est le degré zéro du raisonnement politique», a-t-il conclu.

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