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28 mai 2009 4 28 /05 /mai /2009 11:10

Dans une interview donnée à Sud-Ouest, Henri Emmanuelli revient sur le déroulement de la campagne des Européennes.

Henri Emmanuelli. J’essaye d’en parler. Mais force est de constater que le débat public ne porte pas sur les vrais problèmes européens comme la crise, le dumping fiscal, le dumping social, l’emploi, le salaire minimum européen, sinon pendant les réunions socialistes. Mais il n’y a pas beaucoup de monde dans ces réunions, ce sont surtout des militants qui viennent. Dans le débat public, on parle surtout des sondages et de savoir si Martine Aubry va faire un meeting commun avec Ségolène Royal ou non.

Dans l’Ouest, les électeurs ne l’auraient pas compris ?

Que je sache, je n’ai jamais entendu Ségolène Royal dire qu’elle n’irait pas voter ou qu’elle ne voterait pas socialiste. Je n’ai pas vu surgir le débat sur l’engagement de l’Union dans la réalisation d’infrastructures transeuropéennes. Il ne faut pas s’étonner, après, que les gens ne se sentent pas concernés.

À Toulouse, Martine Aubry a appelé au vote sanction contre Nicolas Sarkozy...

Ce n’est pas tout à fait exact. Elle a surtout parlé du programme commun que tous les Partis socialistes européens ont adopté ensemble, dans lequel figure le salaire minimum européen. Ça ne s’est pas fait sans mal face aux Allemands et aux Espagnols. La directive « services » - qu’on appelait auparavant directive Bolkestein - vient d’être adoptée, avec beaucoup d’amendements. Les socialistes français ont voté contre parce qu’il reste encore des problèmes, tant qu’on y inclut encore les services de santé et certains services publics. Est-ce un détail ? Je dis non ! Qui en parle ? Pas l’UMP, pas le Modem ! Quant au vote sanction contre M. Sarkozy, vu la situation, ça ne me paraît être ni incongru ni surprenant.

Le PS ne souffre-t-il pas aujourd’hui d’avoir été divisé sur la Constitution européenne ?

Parce que l’UMP n’a pas été divisée au sujet de Maastricht quand MM. Séguin et Pasqua étaient contre le traité de Maastricht ? Cela n’a pas empêché M. Chirac d’être élu en 1995.

Jean-Luc Mélenchon a tout de même quitté le PS pour créer le Parti de gauche...

Oui. Mais les critiques de M. de Villepin contre le président de la République ne me paraissent pas moindres que celles de Jean-Luc Mélenchon contre le PS. Et on n’en fait pas tout un plat. Les salariés de Bordeaux, de Pardies ou d’Hagetmau ont d’autres inquiétudes : le salaire minimum européen devrait les intéresser davantage s’il permet de combattre les délocalisations internes à l’Europe.

Ne vont-ils pas voter Mélenchon ?

Je ne pense pas que les salariés imaginent que Mélenchon va devenir majoritaire en Europe. Si on veut bouger les choses, il faut qu’il y ait une majorité de gauche au Parlement européen.

Alors, qui est responsable ? Est-ce la presse ou bien le Parti socialiste lui-même ?

Je ne suis pas le procureur de l’époque. Je peux seulement constater que cette campagne n’intéresse pas parce que les vrais sujets sont évités. Qui parle de la directive fixant la durée maximale de travail à 65 heures par semaine qui vient d’être adoptée avec l’accord du gouvernement français, le mois dernier ? Le PS essaye d’en parler mais je ne pense pas que l’UMP va s’en vanter au moment où le chômage bat des records. Même chose pour la dérégulation des prix de l’énergie, concernant pourtant tout le monde. C’est le moment de s’en préoccuper.

Les sondages ne donnent pas le PS en situation très favorable...

Parce qu’elles ne sont pas perçues, à tort, comme un enjeu majeur, les élections européennes donnent traditionnellement une prime aux petites listes. De Villiers, Pasqua et Tapie en ont tous profité. Cela dit, on verra bien le 7 juin ce qui se passe. Et ce que représentent le total gauche et le total droite.

Gère-t-il au mieux le cas de François Bayrou ?

Bayrou est une fantasmagorie que l’on agite toutes les veilles d’élections. Mais quelqu’un va-t-il se demander sérieusement un jour pourquoi ce pseudo-grand rassembleur se retrouve tout seul à l’Assemblée avec Lassalle ? Cela témoigne-t-il d’une capacité de rassemblement ? Or, il ne rassemblera jamais toutes les voix de gauche. Croyez-vous que Mélenchon, Marie-George Buffet, Besancenot ou votre serviteur vont voter Bayrou ?

Le PS, où en est-il ?

Dans la réalité, ce sont 200 députés, 120 sénateurs, 55 présidents de Conseil général, 20 présidents de Région. Par rapport à 1993 où nous étions 50 députés, il va très bien. C’est un commentaire objectif. Mais je ne dirai pas pour autant qu’il est en pleine forme. Cela dit, il me semble que c’est la droite qui est à l’envers : obligée de dire aujourd’hui le contraire que ce qu’elle disait hier. Sur l’emploi, le pouvoir d’achat, sans parler de « l’assistanat » qui s’est transformé en « stabilisateur social »... Et j’en passe. Mais si je comprends bien, elle n’est pour rien dans tout ça. Si on pense qu’elle y est pour beaucoup, alors il faut aller voter le 7 juin.

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